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“Tintamarre !” Instruments de musique dans l’art, 1860-1910
au musée des impressionnismes, Giverny

du 24 mars au 2 juillet 2017



www.mdig.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 23 mars 2017.

2116_Tintamarre2116_Tintamarre2116_TintamarreLégendes de gauche à droite :
1/  John Singer Sargent (1856-1925), Catherine Vlasto, 1897. Huile sur toile, 148,6 x 85,4 cm. Washington, D.C., Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Gift of Joseph H.Hirshhorn, 1972, 72.256. © Washington, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution / Photo : Cathy Carver.
2/  James McNeill Whistler (1834-1903), Au piano, 1858-1859. Huile sur toile, 67 x 91,6 cm. Cincinnati, Taft Museum of Art, Bequest of Louise Taft Semple, 1962.7. © Cincinnati, Taft Museum of Art / Photo : Tony Walsh, Cincinnati, Ohio.
3/  Berthe Morisot (1841-1895), La Mandoline, 1889. Huile sur toile, 55 x 57 cm. Collection particulière. © Tous droits réservés / Photo : André Morin.

 


2116_Tintamarre audio
Interview de Belinda Thomson, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Giverny, le 23 mars 2017, durée 6'34". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Frédéric Frank, directeur général du musée
Belinda Thomson, historienne de l’art indépendante spécialiste du postimpressionnisme.




Le musée des impressionnismes Giverny propose de se pencher sur la question de la représentation des instruments de musique dans l’art de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Le commissariat de l’exposition est assuré par Frédéric Frank, directeur général du musée, et Belinda Thomson, historienne de l’art indépendante spécialiste du postimpressionnisme.

La peinture et la musique sont considérées depuis Léonard de Vinci comme les « arts soeurs ». Pourtant, l’une est l’art de l’espace ou de la surface, l’autre celui du temps. L’affirmation du sujet musical comme un motif majeur de la peinture de la fin du XIXe siècle coïncide avec un renouveau de ce désir de synthèse entre les arts. Une centaine d’oeuvres, non seulement peintures mais également dessins, estampes, illustrations, affiches, partitions, ouvrages viendront illustrer cette tendance. Édouard Manet, Edgar Degas, Berthe Morisot, Auguste Renoir, Alfred Stevens, Théo van Rysselberghe ou Pierre Bonnard sont ainsi les artistes les plus représentés dans notre parcours. Ils ont pour trait commun d’avoir tous assidûment fréquenté concerts et musiciens et d’avoir ainsi contribué à ce regard sur des formes d’expression musicale très diverses.

L’exposition propose ainsi une exploration en quatre sections thématiques qui illustrent elles mêmes la diversité sans précédent des motifs musicaux embrassés par les artistes : « Divertissements musicaux » montre l’importance de la musique dans le développement des moments de loisirs auquel les artistes participent et dont ils témoignent en même temps

« Au salon » montre la présence croissante de la musique dans la sphère intime à travers les scènes d’éducation musicale, les instruments dans le foyer bourgeois mais également les concerts privés « Ailleurs musical » montre l’intérêt pour une vie musicale plus bucolique, en communion avec la nature, ou plus exotique, notamment autour du phénomène de l’hispanisme « Convergences » montre la proximité étroite entre artistes et musiciens, avec des portraits d’artistes ayant joué dans les expositions ou les salons des peintres, des portraits des proches musiciens, épouses, enfants et des portraits des artistes eux mêmes également musiciens.





Parcours de l’exposition

1. Divertissements musicaux

La première section évoque le foisonnement des divertissements musicaux à l’ère de l’avènement de la civilisation des loisirs. La musique est omniprésente dans l’espace public, notamment dans les parcs et dans les rues des grandes métropoles européennes. Inspirée par Le Fifre (1866, Paris, musée d'Orsay) d’Édouard Manet, Eva Gonzalès, avec son Enfant de troupe (1870, Villeneuve-sur-Lot, collection musée de Gajac), révèle l’initiation à la musique des plus jeunes par le biais des fanfares, telle celle représentée par Gabriel Boutet au Jardin du Luxembourg. Les artistes nous donnent encore à voir le spectacle des musiciens des cours d’immeuble, comme Albert Bartholomé avec ses Musiciens dans une cour (1883, Paris, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris). Les saltimbanques, dont les spectacles peuvent parfois tourner à la tragédie, comme chez Gustave Doré, tout comme les cirques ambulants, chez Lucien Simon par exemple, fascinent les artistes qui se pressent dans les foires pour assister à ces spectacles. La fin du XIXe siècle voit également l’explosion du nombre de cafés-concerts ou de cabarets, notamment à Paris - Café des Ambassadeurs, Divan Japonais, Alcazar, Folies-Bergère, etc. – où l’on écoute des rengaines populaires ou des airs d’opéra, où l’on assiste à des sketches ou à des danses, comme le chahut de Valmy et Léa (vers 1885-1895, Cleveland, The Cleveland Museum of Art) de Jean Béraud. Dans les nouveaux théâtres du Paris haussmannien, la musique est très présente, par exemple au Théâtre des Variétés chez Béraud. Les prestigieux lieux dédiés à la grande musique qui voient le jour à cette époque (La Monnaie à Bruxelles, reconstruite en 1855, le Théâtre de la Ville et le Théâtre du Châtelet inaugurés à Paris en 1862, le Royal Albert Hall inauguré en 1871 à Londres, l’Opéra de Paris inauguré en 1875), accueillent aussi les grands ballets (Edgar Degas) ou les opéras (Georges Lemmen). Les orchestres indépendants connaissent également un développement inédit, à l’instar de l’Orchestre Lamoureux représenté par Pierre Bonnard. C’est encore l’Âge d’or, aux côtés des bals populaires, des bals mondains, comme dans Trop tôt de James Tissot (1873, Londres, Guildhall Art Gallery).

2. Au salon
La seconde section se focalise sur les instruments de musique dans la sphère intime. La bourgeoisie montante est férue de musique et introduit les instruments de musique dans le foyer, au premier rang desquels le piano. Tout commence avec la leçon de musique où nous pouvons observer l’usage d’une grande diversité d’instruments tels que le banjo (Mary Cassatt), le violon (Berthe Morisot) ou le piano (Gustave Caillebotte). Au côté des enfants qui suivent le plus souvent cette éducation, les femmes sont en première ligne dans cette vie musicale du foyer, représentées le plus souvent au piano ou à côté de leur piano. Le jeu musical fait ainsi partie d’une vision de la bonne maîtresse de maison qui doit savoir divertir ses invités, comme Madame Hartmann (Renoir), épouse d’un important éditeur de musique qui côtoie les milieux artistiques. On retrouve encore ces femmes au violon, comme avec La Violoniste (s.d., Bruxelles, Musées royaux des Beaux- Arts de Belgique) d’Alfred Stevens, tandis que le violoncelle semble réservé aux hommes (Louis Hayet), dans une vision souvent plus introspective.

3. Ailleurs musical
Dans cette section sont présentés des motifs de la vie musicale qui renvoient à la recherche d’un idéal pastoral, bucolique, voire primitif ou exotique. Cette époque est en effet celle des utopies arcadiennes où la musique a toute sa place, comme chez Berthe Morisot (Le Flageolet, 1890, Paris, musée Marmottan Monet). La musique, souvent incarnée par la flûte ou les instruments à vent, représente ainsi non seulement un élément folklorique, comme la bombarde bretonne de Paul Gauguin, mais également une forme de retour aux racines de la musique, et, à travers elle, de la peinture. Bien loin des contradictions avec l’esprit de modernité qui souffle sur les sections précédentes, ces œuvres illustrent in fine les sources et inspirations des mouvements artistiques de l’époque. Ainsi l’hispanisme atteint tout autant la musique (Chabrier, Bizet…) que la peinture dans des oeuvres à sujet musical peintes par Auguste Renoir, Théo van Rysselberghe ou Émile Bernard par exemple. Le motif du guitariste espagnol devient le poncif le plus répandu de cet hispanisme.

4. Convergences
Cette dernière section évoque les rapprochements entre peinture et musique tels que les instruments le suggèrent sur la toile. La représentation du piano dans l’atelier du peintre est ainsi un thème récurrent. Artistes, poètes, écrivains, musiciens se retrouvent autour de cet instrument, comme en témoigne Autour du Piano (1885, Paris, musée d'Orsay) chez Henri Fantin-Latour, dont l’étude est présente dans cette section. Les cercles et sociétés d’artistes invitent également régulièrement des musiciens, comme les soeurs Sèthe, peintes par Van Rysselberghe, qui animent les salons des XX puis de La Libre Esthétique à Bruxelles. Les liens familiaux et amicaux entre peintres et musiciens sont nombreux. Suzanne Leenhoff, l'épouse de Manet, Andrée Bonnard, la soeur de Pierre Bonnard, et son mari Claude Terrasse, entretiennent des liens étroits avec ceux qui brossent leurs portraits et qui illustrent nombre de partitions et de méthodes (Le Petit Solfège, 1893, illustré par Bonnard pour son beau-frère). Les amis musiciens de Degas comme le bassoniste Désiré Dihau, qui l’a introduit auprès du violoncelliste Pilet, et sa soeur pianiste, Marie, sont représentés plus tard également par Henri de Toulouse-Lautrec, indiquant l’existence d’un véritable cercle d’affinités durables entre peintres et musiciens. Enfin, les peintres eux-mêmes se font musiciens, à l’instar d’Eva Gonzalès au piano peinte par Alfred Stevens (1879, Sarasota, The John and Mable Ringling Museum of Art).