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“Afriques Capitales” article 2121
à la Villette, Grande halle, Paris

du 29 mars au 28 mai 2017



https://lavillette.com/

https://lavillette.com/evenement/festival-100-2017/

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 28 mars 2017.

2121_Afriques-Capitales2121_Afriques-Capitales2121_Afriques-CapitalesLégendes de gauche à droite :
1/  Aida Muluneh, The Departure, 2016. Photograph Printed on Sunset Hot Press Rag 310 GSM, 80 x 80 cm, 2016. Image courtesy of David Krut Projects. © Aida Muluneh.
2/  Godfried Donkor, La lutte traditionnelle, 2017. Œuvres mixed media (nouvelles créations) en 200 x 200 cm . © Godfried Donkor.
3/  Akinbode Akinbiyi, Victoria Island, Lagos, 2008. © Akinbode Akinbiyi.

 


2121_Afriques-Capitales audio
Interview de Simon Njami, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 28 mars 2017, durée 8'45". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire d'exposition Simon Njami, sur une proposition de Dominique Fiat



Dans le cadre de la deuxième édition de son festival pluridisciplinaire 100 % consacré cette année à l’Afrique, La Villette présente, sous l’architecture de fer et de verre de la Grande halle, l’exposition Afriques Capitales, dédiée aux grandes villes africaines.

Sous le commissariat de Simon Njami, Afriques Capitales est l’occasion de découvrir au cours d’une déambulation urbaine la scène artistique contemporaine africaine à travers tous les médias : peintures, photos, installations, vidéos, sculptures, créations sonores...

Afriques Capitales rassemblera plus de dix productions spécialement réalisées pour l’exposition, dont plusieurs oeuvres monumentales, et une soixantaine d’artistes, toutes générations confondues : Pascale Marthine Tayou, William Kentridge, Akinbode Akinbiyi, James Webb, Leïla Alaoui, Mimi Cherono Ng’ok, Bili Bidjocka, Benjamin Clementine, Lavar Munroe, Hassan Hajjaj, Abdoulaye Konate… De nombreux artistes seront exposés pour la première fois en France.

L’expérience d’Afriques Capitales se prolongera à l’extérieur, dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris, avec une trentaine d’oeuvres en accès libre dans les jardins du parc.

Avec Afriques Capitales, La Villette confirme sa politique de programmation de grandes expositions, commencée l’an dernier avec 100 % Expo, James Bond 007 : 50 ans de style Bond, La Grande Galerie du Foot et qui se poursuivra cet été avec Imagine Van Gogh.

Et du 6 avril au 3 septembre 2017, le deuxième chapitre d’Afriques Capitales s’écrira à Lille, à la Gare Saint-Sauveur, avec l’exposition Vers le Cap de Bonne Espérance, une invitation au voyage à travers les oeuvres d’une quarantaine d’artistes.

Plus qu'un simple panorama de la création africaine, le propos de ces deux expositions « est de travailler à partir des oeuvres et des artistes dont le travail parlera par lui-même pour dire l’histoire qui est la leur et qui, de fait, nous concerne tous. »

Simon Njami




Il semblerait que l’Afrique soit « à la mode ». L’expression n’est pas sans soulever un certain nombre de questions : de quelle mode s’agit-il ? Quels sont les signes qui permettraient de juger de la pertinence d’une telle affirmation ? Et, enfin, combien de temps une mode dure-t-elle ?

Depuis dix ans, il n’y a pas eu d’exposition de cette ampleur présentant la création africaine contemporaine dans toute sa diversité. J’entends par là, une exposition conçue non pas comme une opération publicitaire ou un panorama régional, mais comme une tentative de rendre visible la contemporanéité d’un continent victime dans toute sa complexité.

Il existe en effet plusieurs manières d’aborder l’Afrique. L’une d’elles, dont on peut facilement imaginer les limites et les ambitions, consiste à considérer le continent comme un ailleurs inaccessible et forcément exotique. Une Afrique qui, par la mise en scène de ses différences, fascine et alimente les fantasmes les plus rétrogrades. Il s’agit là d’un regard au mieux paternaliste dont le principe participe de l’élaboration des mythes. L’autre façon de faire, qui est la nôtre, est de travailler à partir des oeuvres et des artistes dont le travail parlera par lui-même pour dire l’histoire qui est la leur et qui, de fait, nous concerne tous.

Cette histoire-là est celle de la ville. Non pas une ville déterminée, localisée, mais vécue comme un espace d’échanges, de rencontres et de tensions. La ville conditionne sans doute la nature des oeuvres retenues. La neutralité d’une métropole permet d’éviter les pièges d’un essentialisme souvent rattaché à la ruralité. C’est de mouvement, de compression, de vitesse, d’inventivité et d’élasticité qu’il s’agit ici ; et d’avenir, car l’avenir ne se niche pas dans la revendication outrancière de nos particularismes, mais, au contraire, dans le dépassement du soi et la rencontre avec l’autre.

La ville représente, par excellence, l’espace au sein duquel nous pouvons nous renouveler par ce commerce quotidien avec les « distant relatives », pour employer une expression anglaise, avec lesquels nous partageons un territoire donné.

La Grande halle n’est pas un lieu d’exposition comme les autres. Située à la limite des quartiers nord de Paris, elle se trouve au coeur d’un brassage ethnique et culturel qui nous dit la diversité et la richesse de notre ville. C’est un lieu inclusif qui annule la fameuse frontière entre « centre » et « périphérie ». Dans les temps troubles que nous traversons, La Villette nous rappelle cette vérité essentielle : la ville, comme la terre, n’appartient à personne. Elle est d’abord le foyer de ceux qui l’habitent et la font être.

Simon Njami