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“Agora” article 2128
à la galerie r -2, Paris

du 8 avril au 8 mai 2017



r-2.fr/

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 10 avril 2017.

2128_Agora2128_Agora2128_Agora1/ 2/ 3/  Vue de l’exposition Agora à la galerie r -2. Photographie © Mathieu Zurcher.

 


2128_Agora audio
Interview de François-Noé Fabre, Kévin Rouillard et Mathieu Zurcher,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 avril 2017, durée 24'11". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat par 2A1 : François-Noé Fabre, Kévin Rouillard et Mathieu Zurcher.
[Avec la confiance et le soutient de François-Xavier Briollais directeur de la galerie R-2. Ce projet est soutenu par la Fondation de France à travers la Fondation François de Hatvany, ainsi que par l’association des amis des Beaux-arts de Paris.]




Avec Martin Bachelier / Victoire Barbot / Jean-Marie Blanchet / Bianca Bondi / Stéphanie Cherpin / Cesar Chevalier / Guillaume de Nadaï et Laura Zalewski / Christophe Doucet / François-noé Fabre / Raphaël Fabre / Sylvie Fanchon / Dominique Figarella / Arthur Fléchard / Jacques Fournel / Pierre Fournel / Michel François / Hadrien Gérenton / Jochen Gerner / Terencio González / Matthieu Haberard / Gabriel Toulhoat Haberland / Hippolyte Hentgen / Luigi Honorat / Valérie Jouve / Jacques Julien / Laurent Le Deunff / Rainier Lericolais / Ramuntcho Matta / Anita Molinero / Bernard Piffaretti / Hugues Reip / Clemence Roudil / Kevin Rouillard / Eric Tabuchi / Victoire Thierrée / Laure Tiberghien / Samuel Tombola Trenquier / Sarah Tritz / Caroline Trucco / Sophie Varin / Victor Vaysse / Sergio Verastegui / Romain Vicari / Manuel Vieillot / Frédéric Vincent / Alun Williams / Mathieu Zurcher

En constatant l’état de joyeux bordel dans lequel il avait mis ses affaires il décida qu’il était temps de les ranger. En fait il y avait une quantité assez conséquente de cartons et de caisses, dans le sous-sol de sa maison qui, malgré une hauteur sous plafond moyenne offrait en réalité une superficie plutôt étendue. De multiples possibilités de réaménagement émergeaient pour lui. Il abandonna l’idée de recommencer l’éternel jeu d’empilement qui promettait une nouvelle fois la situation face à laquelle il était.

Au même moment il pensa qu’une des deux doubles portes de son frigo était recouverte d’un ensemble hétérogène de bibelots, sûrement dû au même phénomène. En y réfléchissant il avait investi cet espace d’une manière très structurée. Bien que minoritaire, les cartes postales dessinaient une sorte de cartographie de souvenirs, témoignages d’attention. Certaines de celle-ci étaient vierge, qu’il avait posé au grès des plis reçus. Elles pouvaient remplir des cases vide dans cette composition. Parmi de multiples aimants, l’un d’eux pinçait un petit sachet en plastique contenant un pin’s Sixt. Sans vraiment les collectionner il en possédait beaucoup, dont certains devaient sûrement constituer un de ces maudit cartons qui occupaient le sous-sol. Suite à ce constat, il envisagea plusieurs solutions dont l’une consistait à déplacer une partie de sa composition sur la deuxième porte du frigo. En fait il pensait refondre complètement son modèle d’emménagement de l’espace, un nouveau corpus d’artefacts allait prendre place.

Il savait aussi que cette entreprise consisterait à négocier entre une approche esthétique fonctionnelle et une organisation dite sensible de son butin.

Cette volonté d’améliorer son réseau traduisait en fait la nécessité de mettre à plat un lacis saturé de collisions subjectives, dues à une problématique d’espace : il n’y en avait plus assez parce qu’il était mal utilisé. Il était convaincu que chacun de ces objets portaient en eux le résidu d’une situation à laquelle ils n’étaient pas préparés. Sa préoccupation était de remonter son fil d’Ariane, en tenaille entre une approche résolument rationnelle tout en en n’omettant pas certains caprice qui lui semblait indispensable à la réussite de son projet.

François-Noé Fabre




Du magnétisme contemporain


Agora s’inscrit dans la suite de plusieurs projets curatorials collectifs. En laissant carte blanche aux artistes quant aux oeuvres/ objets proposés, le dispositif de monstration et le dialogue qu’il engendre entre chacuns devient la matrice du projet. Aujourd’hui nous voulons proposer une oeuvre de plus grande envergure qui a mûri durant ces différentes expériences et réflexions communes.

L’installation que nous proposons et pour laquelle nous avons reçu le soutien de la Fondation François de Hatvany, s’inspire du mur d’André Breton conçu dans son studio rue Fontaine à Paris entre 1922 et 1966. Il cristallise autant de questions liées au format de l’exposition: dispositif de monstration muséal, hiérarchisation et valeur de l’oeuvre, construction manifeste mais surtout le dialogue et le « magnétisme » qui s’opèrent au moment de ces différents rapprochements. En effet en décidant de collecter et d’assembler sur un même plan des « oeuvres uniques » offertes par des amis artistes et des « babioles de touristes » ramenées lors de ses différents voyages, André Breton produit une exposition collective. Cette initiative s’oppose au dispositif de monstration muséal prédominant, qui pour lui est basé sur des comparaisons linéaires entre les oeuvres soulignant ainsi leurs différences plutôt que de les lier entres elles. Cet échantilllonage produit un « magnétisme » au sein du mur, redéfinissant le statut et la valeur de chacun de ces objets. Grâce à ce protocole d’accumulation, se définit un panel et une représentation du monde à sa manière et en son temps. Ce système de réappropriations et de frictions entre des objets hétéroclites compose à la fois un décor, un microcosme et une synthèse de l’aventure surréaliste.

Sans pour autant dénier une tendance à la sacralisation de l’oeuvre d’art et de l’artiste par sa valeur marchande, nous voyons dans le mur d’André Breton une façon de formuler des questions qui traversent de force notre génération de jeunes artistes. Notre rapport aux objets ainsi qu’aux images qui constituent notre environnement référentiel est à la fois unique mais aussi situé dans un même flux d’hybridation culturelle et de rapprochement de signes, symboles, formes plastiques.

Notre motivation est aussi de convoquer le maximum de recherches et d’hypothèses qui dessinent le paysage de l’art contemporain et qui peuvent parfois le rendre complexe à désigner. Il s’agirat d’une grande réunion en vacarme, un bordel organisé. En écho à l’oeuvre d’André Breton, Agora est un cadavre exquis sur une feuille de calque.



2A1 est une association loi 1901 fondée par François-Noé Fabre, Kévin Rouillard et Mathieu Zurcher, trois artistes ayant étudié à l’Ecole Nationale Supèrieure des Beaux-Arts de Paris. Elle répond à la dynamique et à l’énergie d’un groupe de jeunes artistes désirant provoquer des rencontres plastiques et humaines en proposant différents projets. 2A1 a pour but d’offrir à une nouvelle génération d’artistes des lieux et des moments pour diffuser leur travail sous diverses formes. Depuis 2013, un collectif s’est mis en place et a déja pu exposer dix-neuf artistes lors de trois expositions collectives à Paris et Marseille.