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“Autophoto” de 1900 à nos jours
à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris

du 20 avril au 24 septembre 2017



www.fondation.cartier.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 18 avril 2017.

2132_Autophoto2132_Autophoto2132_AutophotoLégendes de gauche à droite :
1/  William Eggleston, série Los Alamos, 1965-1968. Tirage Dye Transfer, 40,5 × 50,5 cm. Eggleston Artistic Trust, courtesy David Zwirner, New York / Londres. © Eggleston Artistic Trust, courtesy David Zwirner, New York / Londres.
2/  Portraits réalisés en studio, Chine, c. 1950, collectés par Thomas Sauvin. Tirage gélatino-argentique rehaussé, 7,5 x 11,5 cm. Collection Beijing Silvermine / Thomas Sauvin, Paris. Photo droits réservés.
3/  Lee Friedlander, Série America by Car, Montana, 2008. Tirage gélatino-argentique, 37,5 × 37,5 cm. Courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco. © Lee Friedlander, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco.

 


2132_Autophoto audio
Interview de Marie Perennes, commissaire adjointe de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 avril 2017, durée 19'25". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires : Xavier Barral et Philippe Séclier
Commissaire associée : Leanne Sacramone
Commissaire adjointe : Marie Perennes




La Fondation Cartier pour l’art contemporain met de nouveau à l’honneur l’automobile en présentant Autophoto, une exposition consacrée aux relations entre la photographie et l’automobile. Dès son invention, la voiture a façonné le paysage et bouleversé notre conception du temps et de l’espace. Elle influence ainsi les pratiques et les recherches artistiques des photographes, leur offrant à la fois un nouveau sujet, une nouvelle manière de découvrir le monde et un nouveau moyen d’expression.

Sur une idée de Xavier Barral et Philippe Séclier, Autophoto invite à découvrir les multiples facettes de l’univers automobile – esthétiques, sociales, industrielles, environnementales – à travers plus de 450 oeuvres du début du xxe siècle à nos jours. L’exposition réunit près de 100 photographes historiques et contemporains du monde entier, parmi lesquels des grands noms de la photographie comme Jacques Henri Lartigue, William Eggleston, Lee Friedlander ou Andreas Gursky, ainsi que de très nombreux artistes peu connus du grand public comme Justine Kurland et Jacqueline Hassink. Tous partagent une fascination pour l’automobile et ses formes ou l’utilisent comme outil pour capter le monde qui les entoure.


L’automobile, un nouveau sujet pour la photographie

Depuis le début du xxe siècle, l’automobile et son impact sur le paysage constituent un sujet de prédilection pour de nombreux photographes, influençant à la fois la forme et le contenu de leur travail.

Jacques Henri Lartigue, Germaine Krull, Robert Doisneau ou encore Brassaï comptent parmi les premiers photographes à capter le frisson nouveau de la vitesse automobile, le chaos du trafic parisien ou encore le spectacle des phares dans la nuit, témoignant d’une société en pleine mutation, à l’aube de la modernité. D’autres photographes de cette époque s’emparent de la promesse de liberté et de mobilité qu’offre l’automobile et s’élancent sur les routes pour parcourir le monde, à l’image des écrivains et photographes suisses Ella Maillart et Nicolas Bouvier (respectivement dans les années 1930 et 1950) qui traversent l’Asie à bord d’une automobile, un appareil photo à la main, documentant ces premiers road trips.


Auto portraits

L’exposition Autophoto présente également un ensemble d’« auto portraits » réalisés entre le milieu du XXe siècle et aujourd’hui. Les photographies de Yasuhiro Ishimoto et de Langdon Clay, profils de voitures garées dans des rues désertes, plongent le visiteur dans des époques et des atmosphères différentes. Dans la série en noir et blanc de Yasuhiro Ishimoto réalisée à Chicago dans les années 1950, les formes galbées des voitures se détachent sur la neige qui a recouvert les rues, tandis que dans les photographies en couleur de Langdon Clay, prises à New York dans les années 1970, des châssis cabossés et défraîchis reposent sous un éclairage nocturne d’une inquiétante étrangeté.

D’autres oeuvres comme la série de photographies vernaculaires de Sylvie Meunier et Patrick Tourneboeuf ou les portraits réalisés par les photographes africains Seydou Keïta et Sory Sanlé montrent de fiers propriétaires posant près de leur voiture, soulignant ainsi le rôle de l’automobile comme emblème de la réussite sociale.


Nouvelles perspectives sur le paysage

Nombreux sont les photographes à avoir exploré les possibilités techniques et esthétiques offertes par l’automobile, l’utilisant comme un outil ou comme un prolongement de leur appareil photo pour saisir le paysage environnant à travers les vitres ou son reflet dans les rétroviseurs.

Dans les séries de photographies de Joel Meyerowitz, Daido Moriyama, John Divola ou encore David Bradford, réalisées à bord de voitures en mouvement, l’automobile bouscule les cadrages tout en offrant une multitude d’images surprenantes à saisir. Sur ces photographies, une enseigne insolite est aperçue à travers un pare-brise, une voiture blanche apparaît derrière un grillage, des chiens courent le long de chemins poussiéreux et la ligne blanche des routes s’étire vers l’infini.

D’autres photographes, comme Sue Barr, Robert Adams, Ed Ruscha et Alex MacLean, observent les transformations du paysage générées par l’automobile. Dans leurs images, celui-ci n’est plus composé de superbes montagnes, de merveilleuses cascades ou d’immenses canyons mais d’infrastructures routières, de lotissements de banlieue, de parkings.


La culture automobile : industrie, histoire et nouveaux modes de vie

La culture automobile, de son industrie et son influence sur l’environnement à son rôle dans l’histoire et la société, fascine également de nombreux photographes. Certains s’intéressent à la vie des usines automobiles, aux machines, aux chaînes de production et au travail des ouvriers, à l’image de Robert Doisneau avec sa série sur l’usine Renault de Boulogne-Billancourt des années 1930, et de Robert Frank qui a photographié l’usine Ford de Rouge River dans les années 1950. Portant un regard attentif sur les ouvriers des chaînes de montage, leurs photographies contrastent avec le travail de Stéphane Couturier, dont la série réalisée à l’usine Toyota de Valenciennes, distanciée et impersonnelle, reflète la nature de plus en plus déshumanisée de l’industrie contemporaine.

Loin de ces industries robotisées, l’artiste Melle Smets et le sociologue Joost van Onna tirent parti des déchets de l’industrie automobile pour créer de toutes pièces Turtle1, une voiture unique destinée au marché africain. Composée de photographies et de vidéos, leur installation documente l’ensemble du projet mené en collaboration avec des artisans de la région de Suame Magazine au Ghana, où l’on démonte des voitures pour en revendre les pièces.

Les photographes Philippe Chancel, Éric Aupol et Edward Burtynsky s’inquiètent quant à eux des dommages causés à l’environnement par l’industrie automobile. Alors que l’oeuvre de Philippe Chancel s’intéresse à l’impact de la délocalisation de l’usine General Motors sur la ville américaine de Flint, celles d’Éric Aupol et d’Edward Burtynsky révèlent la beauté sculpturale, bien que dramatique, des sites de déchets industriels.

D’autres photographes soulignent l’importance du rôle joué par la voiture dans l’histoire et dans notre quotidien. La série d’Arwed Messmer, tirée des archives de la Stasi, dévoile ainsi les utilisations singulières qui en étaient faites pour fuir l’ Allemagne de l’Est, tandis que celle de Fernando Gutiérrez est consacrée à la voiture symbolique de la dictature argentine dans les années 1970, la Ford Falcon. Suivant une approche sociologique, la projection immersive de Jacqueline Hassink s’intéresse pour sa part au statut et à l’utilisation des femmes dans les salons automobiles du monde entier. Dans sa série From A to B, Martin Parr, quant à lui, dresse un portrait des Britanniques au volant, révélant leurs rêves et leurs angoisses. Les oeuvres de Rosângela Rennó, Óscar Monzón, Kurt Caviezel ou encore Bruce Davidson montrent enfin l’intimité qui se crée dans l’habitacle de l’automobile, qui devient alors une « extension » de la maison, un espace dans lequel on vit, on dort, on se dispute, on s’aime, on se marie.

La Fondation Cartier a par ailleurs invité l’artiste Alain Bublex à réaliser pour l’exposition une série de onze modèles réduits de voitures portant ainsi un regard nouveau sur l’histoire du design automobile. Mêlant photographies, dessins et maquettes, cette installation explore les étapes décisives de l’évolution de l’automobile à travers les techniques, les formes et les usages.

Malgré les crises énergétiques, les mouvements écologiques et la mauvaise gestion industrielle, l’automobile demeure un objet essentiel du quotidien. Alors que l’on questionne aujourd’hui son rôle et son avenir au sein de notre société, l’exposition Autophoto porte un regard tantôt nostalgique, tantôt critique mais aussi tendre et plein d’humour sur ce symbole de rêve et de liberté du XXe siècle.

L’exposition est accompagnée d’un catalogue en coédition Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris / Éditions Xavier Barral, Paris.