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“Martial Cherrier” Body ergo sum
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 20 avril au 18 juin 2017



www.mep-fr.org

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Barbara Polla et Jean-Luc Monterosso, le 18 avril 2017.

2133_Martial-Cherrier2133_Martial-Cherrier2133_Martial-Cherrier1/ 2/ 3/  Martial Cherrier. © Martial Cherrier.

 


2133_Martial-Cherrier audio
Interview de Barbara Polla, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 avril 2017, durée 9'54". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires de l’exposition : Barbara Polla et Jean-Luc Monterosso



Ancien culturiste devenu artiste, Martial Cherrier s’interroge sur les images qui ont structuré son imaginaire et l’ont poussé à travailler son corps jusqu’aux limites qui sont celles du body-building. L’exposition propose, à travers sa propre histoire et sous forme d’auto-portrait, une plongée dans cet univers singulier.


Martial Cherrier, « Ecce homo »

« Pendant des années, le corps et l’image du corps de Martial Cherrier n’ont fait qu’un. Il a vécu et représenté son corps dans ses extrêmes et sa beauté, enveloppe malléable, machine extraordinairement complexe qui nous contient, nous définit, nous véhicule, qui nous fait jouir et souffrir – et à qui nous rendons souffrances et jouissances sans équité mais avec constance. Après avoir représenté le corps en gloire, le corps en devenir et celui vieillissant, le corps somptueux et le corps martyrisé, le corps adulé et le corps “viandé“, Martial Cherrier invente pour cette exposition à la MEP une nouvelle esthétique, en portant sur lui-même un regard à la fois amoureux et critique.-

Martial Cherrier fait partie de ces artistes, rares, qui savent se renouveler tout en restant fidèles à eux-mêmes. Fidèle à la question de l’esthétique du corps, nécessité absolue, mais à la recherche d’une autre beauté, celle de la maturité, avec une distance faite d’un mélange de sérénité – voici ce que j’ai été, voici ce que je suis – et de dérision douce. Il s’agit aujourd’hui pour Martial Cherrier de mettre en lien, dans une perspective quasi-historique, ce qui était, ce qui est, et le désir de ce qui sera. Pour ce faire, pour nous donner à voir, encore, son corps et son monde ensemble, il resitue, dans l’imagerie “vintage“ de sa grande jeunesse, son corps tel qu’il a été, sans fausse nostalgie.

La maturité est à portée de muscle et les images que nous offre Martial Cherrier aujourd’hui sont le résultat d’intenses négociations avec lui-même : “cette image que je travaille et sur laquelle je travaille constamment ; celle que j’accepte de perdre, ou non, au fur et à mesure des années que je prends“. D’un intense travail artistique aussi, d’étude et de collage. Car pour Martial Cherrier, comme pour Kai Greene1 “le body building est un art, le corps la toile, les poids des pinceaux et la nourriture les tubes de couleur. Nous avons tous la capacité de transformer notre autoportrait en chef d’oeuvre.“ Un autoportrait sans cesse remis sur le métier : celui de Martial Cherrier s’avère complexe, composite, contextuel et trafiqué. Le corps de l’artiste apparaît dans l’histoire – le corps de ses trente ans, dans une histoire plus ancienne encore – mais aussi son corps d’aujourd’hui, d’une puissance nouvelle, authentique, incarnée, sans détour, évoquant le buste d’Honoré de Balzac par Auguste Rodin.

Martial Cherrier poursuit ainsi la construction de soi, explorant sans relâche les liens entre la perfection du corps (ou son imperfection) et l’image, sans jamais oublier d’où il vient. L’artiste, enfant alors, a grandi dans une boulangerie. Les croissants, chaque matin, sortent du four. Dodus, appétissants, dorés, parfaits. Gonflés de pâte et d’air. Croquants et craquants, à fleur de peau. On pourrait parler, en référence au philosophe Ruwen Ogien, de l’influence des croissants chauds sur la beauté humaine. Si un croissant se trouvait défait, aplati, affaissé, flapi, fripé, on le jetait.
vMais l’artiste ne jette rien : il travaille à unifier la double vie du corps et de l’image. Il est un homme libre à la recherche de lui-même et se présentant au monde sans artifices. Le corps est, et reste notre unique lieu de vie, et Martial Cherrier offre au monde l’image qu’il conçoit de ce corps et de cette vie : une image évolutive. Ecce homo, certes, mais jamais le même. »

Barbara Polla

1. Kai Green est un culturiste américain né en 1975.