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“Architecte” Portraits et clichés
à la Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris

du 21 avril au 4 septembre 2017



www.citechaillot.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 20 avril 2017.

2137_architecte2137_architecte2137_architecteLégendes de gauche à droite :
1/  Bible moralisée de Vienne : Dieu, Grand architecte de l’Univers, enluminure sur parchemin, vers 1215-1230. © Osterreichische Nationalbibliothek, Wien.
2/  Portrait d’un groupe d’élèves à l’école des beaux-arts de Paris, photographie anonyme. © Fonds Lods. Académie d’architecture/Cité de l’architecture & du patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle.
3/  Portrait de Claude Parent dit « à l’équerre », photographie de C.-. Masson, non datée. © Fonds Parent/Cité de l’architecture & du patrimoine/Archives d’architecture du XXe siècle.

 


2137_architecte audio
Interview de Emmanuel Bréon, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 avril 2017, durée 13'27". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Emmanuel Bréon, conservateur en chef du patrimoine, chef du département des peintures murales et des vitraux, Cité de l’architecture & du patrimoine
Philippe Rivoirard, architecte, historien et enseignant à l’énsa Paris-Val de Seine
Bénédicte Mayer, attachée de conservation, département des peintures murales et des vitraux, Cité de l’architecture & du patrimoine




L’architecte. Portraits et clichés
par Emmanuel Bréon et Philippe Rivoirard, commissaires de l’exposition

Aujourd’hui, l’architecte est suivi par les médias et parfois « starisé ». Connaît-on pourtant vraiment son histoire, son métier, la façon dont il est ou a été perçu ? Qui est ce Grand Architecte de l’Univers ? Et d’ailleurs, qui a été le premier architecte ? Imhotep, ou ce néandertalien d’un bon point scolaire imaginé sous la IIIe République ? Sa figure a-t-elle évolué au cours des siècles ? De la perruque poudrée au tee-shirt noir, il semble en tout cas que cet homme de l’art fasse attention à sa personne et soigne son « look ». L’architecte est un homme outillé. Mais le compas, le grand té et l’équerre lui sont-ils toujours utiles ? Au moment du rendu des plans, des réponses au concours, est-il toujours « charrette » ? Qui est ce docteur Tronchin qui s’intéressa à son dos ? L’exposition s’attache à répondre à ces questions, faisant émerger sa figure, sa formation, sa méthode de travail, en solitaire ou en agence, ses outils et son vocabulaire.

Si le « bâtisseur », de l’Antiquité au Moyen Âge, a pu être malmené, l’architecte sera, à partir du XVIe siècle, presque toujours respecté. L’architecture « clé de voûte de tous les arts » est un leitmotiv qui force le respect et le place au sommet de la hiérarchie du processus créatif. C’est à ce titre qu’il a fait l’objet de toute l’attention des peintres, des graveurs, des sculpteurs, des caricaturistes et des photographes pour des portraits dont certains sont considérés comme des chefs-d’oeuvre. L’architecte est observé et représenté à l’École des beaux-arts, à la Villa Medici, dans son agence ou face aux puissants.

Si, sur certaines images, il est exagérément courbé devant les premiers rois, l’équilibre évolue vite. François Mansart tiendra tête au ministre Colbert, refusant « de se lier les mains par un devis ».

Voilà les mots qui fâchent : devis, argent, délais, oublis récurrents. Depuis le XVIIe siècle, les clichés perdurent : « Qui bastit ment. Il n’a pas bien pris ses mesures », dit-on alors. « Architectes : tous imbéciles. Oublient toujours l’escalier des maisons », s’amuse Flaubert au XIXe siècle. Au siècle dernier, le cinéma enfonce le clou : Fernandel oublie les cabinets de Monsieur le Maire tandis que Jamel Debbouze, alias Numérobis dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, pose la mosaïque d’un atrium avant de s’être occupé des évacuations.On le voit, l’architecte, ou son incarnation, ne laisse pas indifférent. Le public se presse toujours sur les nouveautés, s’interroge sur leurs qualités ou leurs éventuels défauts, crie souvent au scandale. L’architecte est un personnage qui fascine notre époque contemporaine et se retrouve désormais au sein de la littérature, du roman policier, du cinéma, de la bande dessinée et des jeux pour enfant. À la une des journaux et des magazines, en timbres, médailles ou billets de banque, il est devenu l’un des héros de nos temps modernes.



Le portrait de l’architecte
Première grande section de l’exposition, elle est spectaculaire par la qualité des oeuvres présentées. Elle nous emmène dans un parcours iconographique et chronologique de la Préhistoire à nos jours.

La peinture et le dessin
Depuis le Moyen Âge à nos jours, les architectes ont fait l’objet de toute l’attention des peintres. Ces derniers ont parfois réalisé des chefs-d’œuvre tels Philippe de Champaigne, Hyacinthe Rigaud, Auguste Renoir, Bernard Boutet de Monvel ou Achillo Funi. Pour Jean-Auguste-Dominique Ingres, c’est presque une obsession, lui qui consacre vingt-huit portraits à ses amis architectes. Certains d’entre eux, tel Charles Garnier, ont « une gueule » qui fascine peintres, dessinateurs et caricaturistes.

La sculpture
Du Premier architecte de Paul Landowski, autrefois dans la cour du Louvre, d’Imhotep pour l’Égypte ancienne, Jean de Chelles par Henri Bouchard pour le Moyen Âge, jusqu’à Auguste Perret de Chana Orloff, les sculpteurs se sont passionnés pour la figure de l’architecte. Hommes des pierres et des matières rudes, le dialogue était évident. Le buste de l’architecte, comme celui de Jules Hardouin-Mansart, est parfois moulé afin d’en assurer une diffusion la plus large possible.

L’estampe
Elle est sans doute la technique qui permettra la première de populariser l’image de l’architecte dès le XVe siècle. Les architectes théoriciens ouvrent leurs traités par un frontispice qui les représente, manière de s’affranchir de la tutelle des pouvoirs et de signer leur travail. Dans l’exposition, un cabinet de gravures rassemble une trentaine de pièces représentant des architectes du Moyen-Âge au XIXe siècle.

Le look de l’architecte
Dans un métier aux talents multiples – créativité de l’artiste, précision de l’ingénieur et sens de la négociation de l’homme d’affaire – trouver le juste équilibre vestimentaire n’est pas chose facile. À la fois ingénieux et artiste, l’architecte est presque toujours à la mode, parfois à la limite du dandy : lavallière au XVIIe siècle, large cravate de rapin au XIXe siècle, nœud papillon au XXe siècle pour éviter de faire tremper sa cravate dans le pot d’encre de Chine. Dans les années 1980-2000, c’est la veste Hollington®, aux multiples poches pratiques qui domine le look des architectes, aujourd’hui remplacée par le tee-shirt aux fins de simuler la décontraction.

La photographie
Dès sa naissance, la photographie s’empare de l’architecture et tout naturellement de l’architecte. Utile à son travail, le photographe devient souvent le complice de son commanditaire et les amitiés se nouent, comme entre Le Corbusier et Lucien Hervé. Dans la deuxième partie du XXe siècle, la photographie aura supplanté tous les autres moyens d’expression.

La caricature
De l’éloge au scandale le chemin est court et les caricaturistes se sont régalés en croquant les architectes, surtout lorsqu’ils étaient très proches du pouvoir.

Le métier d’architecte
Cette seconde section propose des objets, tableaux, photographies et documents présentant l’architecte dans son univers professionnel : lors de sa formation - car, depuis le XIXe siècle, il faut un diplôme ; dans son agence, personnelle ou en collaboration ; dans ses relations avec les commanditaires publics ou privés ; sur le chantier de son oeuvre.

La formation
Surpris dans la cour de l’École des beaux arts poussant la charrette du concours ou posant avec ses condisciples, réunis autour du « patron », pour des photographies officielles ou festives, l’architecte ne manque pas de représentations de ses études. À Rome, à la Villa Médicis, seul ou entouré par le musicien et le sculpteur, il est croqué par le peintre.

Les outils de l’architecte
Au coeur du métier, la présentation des outils permet de faire comprendre le travail de l’architecte. Le compas devient le plus symbolique d’entre eux et apparaît presque exclusivement comme l’enseigne de l’activité. On apprendra que le docteur Tronchin, médecin de Voltaire et l’un des tous premiers ergonomistes, mit au point une table à mécanisme susceptible de s’incliner à volonté pour tracer sans fatigue.

L’agence
Le jeune loup solitaire, lorsqu’il a réussi et obtenu ses premiers chantiers, est pratiquement toujours appelé à fonder une agence réunissant plusieurs collaborateurs. Certaines agences sont devenues célèbres. Il existe une iconographie importante de ces moments d’émulation comme ces photographies de Charles Garnier lors du concours pour l’Opéra de Paris.

La commande
De l’Égypte ancienne, en passant par la Rome antique, jusqu’à aujourd’hui, les architectes ont besoin des puissants, publics ou privés, pour construire et voir aboutir leurs idées. Dans le film Astérix et Obélix. Mission Cléopâtre, Jamel Debbouze incarne avec humour ce rapport de l’architecte au pouvoir.

L’architecte à la Une
Dans cette troisième partie de l’exposition, il sera question de l’architecte comme « personnage ». L’attention croissante dont il fait l’objet permet à la figure de l’architecte de devenir un personnage de la culture populaire. Le roman, le cinéma, la télévision, la publicité, la bande dessinée, sans oublier le timbre et le billet de banque, s’emparent de cette figure incontournable de notre vie contemporaine.

L’architecte dans la littérature
L’architecte, figure en vue, a été un personnage idéal pour les romanciers. Émile Zola fit de Frantz Jourdain son modèle pour L’oeuvre ou Au Bonheur des Dames. Une amitié forte lia les deux hommes. Dans une lettre de novembre 1883, Jourdain remerciant Zola qualifie l’écrivain d’architecte : « si je ne vous savais pas si bon, je croirais presque, par exemple, que vous avez voulu vous moquer de moi : M. Jourdain confrère de M. Zola ! Énorme !!! Ce n’est pas le romancier et le chef d’école, c’est l’architecte de Médan qui a écrit cela, et alors tout s’explique. Mon cher confrère, l’architecte du Bonheur des Dames vous remercie ». L’architecte Jourdain, chargé du projet de grand magasin, ira jusqu’à se nommer « architecte du Bonheur des Dames » dans sa correspondance avec l’auteur.

Bande dessinée et culture pop
L’architecte est aussi un personnage de bande dessinée. Il joue parfois son propre rôle comme Frank Gehry dans la série culte Les Simpson. René Goscinny et Albert Uderzo ont créé des architectes célèbres : Numérobis et Anglaigus, qui existent désormais en figures de résine.

Petites images et jeux pour enfants
Le jeu de cubes ou le jeu des sept familles sont des classiques qui peuvent susciter des vocations comme l’album ou le livre pour enfants parfois conçus par les architectes eux-mêmes tel Eugène Viollet-le-Duc. À l’école, les panneaux pédagogiques et les bons points présentant des architectes forment les élèves. Aujourd’hui, le métier se féminisant, Mattel® a créé sa Barbie architecte.

Cinéma
Séducteur, chevalier blanc, sauveteur, esthète, ami des puissants, le personnage de l’architecte a inspiré les cinéastes, de Sidney Lumet à Peter Greenaway. Les rôles ont été interprétés par Paul Newman, Henry Fonda, Gary Cooper, Michel Piccoli ou encore Jamel Debbouze.