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“Le pouvoir des fleurs” Pierre-Joseph Redouté (1759-1840)
au Musée de la Vie Romantique, Paris

du 26 avril au 1er octobre 2017 (prolongée jusqu'au 29 octobre 2017)



www.vie-romantique.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 25 avril 2017.

2145_Pierre-Joseph-Redoute2145_Pierre-Joseph-Redoute2145_Pierre-Joseph-RedouteLégendes de gauche à droite :
1/ Pierre Joseph Redouté (1759-1840), Fritillaire impériale, dans Les Liliacées par Augustin Pyrame de Candolle, Pierre-Joseph Redouté, François de Laroche, Alire Raffeneau- Delile, Paris, 1802 – 1816, Paris, MNHN, direction des Collections, Bibliothèque centrale. © Muséum national d'Histoire naturelle / Dist. RMN.
2/ Jacquemard & Bénard Successeurs de Réveillon, Panneau décoratif, Paris Faubourg Saint-Antoine 1794-1797, Paris, musée des Arts Décoratifs. © Paris, les Arts Décoratifs.
3/ Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), Microlonchus salmanticus . Planche destinée à Sertum anglicum (…) [Plantes rares de jardins près de Londres et principalement dans les jardins royaux de Kew (…)] de Charles Louis L’Héritier de Brutelle publié de 1789 à 1792, 1787 – 1788, Belgique, Liège, Université de Liège. © Collections artistiques de l’Université de Liège, Belgique.

 


2145_Pierre-Joseph-Redoute audio
Interview de Catherine de Bourgoing, Sophie Eloy et Jérôme Farigoule, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 avril 2017, durée 11'17". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat de l’exposition :
Catherine de Bourgoing, commissaire invitée, historienne des jardins
Sophie Eloy, directrice adjointe du musée de la Vie romantique
Jérôme Farigoule, directeur du musée de la Vie romantique


Entre science et beaux-arts, Pierre-Joseph Redouté incarne l’apogée de la peinture florale ; surnommé le « Raphaël des Fleurs », il est devenu un modèle encore célébré aujourd’hui grâce à l’élégance et à la justesse de son interprétation d’une nouvelle flore venue orner les jardins entre la fin de l’Ancien Régime et la Monarchie de Juillet.

Grâce à la générosité du Muséum national d'Histoire naturelle, le musée de la Vie romantique organise pour la première fois en France, une exposition consacrée à Redouté et à son influence. Peintre botaniste, il a contribué à l’âge d’or des sciences naturelles en collaborant avec les plus grands naturalistes de son temps. Il a répondu à leur préoccupation de classement et d’identification de plantes rapportées des quatre continents en les reproduisant à l’aquarelle sur de précieux vélins avec une rigueur scientifique et un talent artistiques inégalés. Peintre des souveraines, de l’impératrice Joséphine à la reine Marie Amélie, il est aussi graveur, éditeur, et professeur.

À l’époque des progrès horticoles, alors que les dames s’initient au langage des fleurs, leurs portebouquets, éventails et bijoux sont le reflet de leur passion botanique. Des tentures, broderies pour des robes de cour, papiers peints et porcelaines… témoignent de cet engouement pour la fleur telle que Redouté l'a sublimée. Une « classe de la Fleur » destinée à l'industrie lyonnaise de la soie a éclos au tout début du XIXe siècle, tandis qu’un « Salon des Fleurs» met à l'honneur un véritable genre pictural.

Plus de 250 peintures, aquarelles, objets d’art, et vélins qui, en raison de leur fragilité, seront présentés suivant un accrochage en partie renouvelé en trois « saisons » proviennent de nombreuses collections publiques françaises (musée du Louvre, musée des Beaux-Arts de Lyon, musée de Grenoble, musée Fabre de Montpellier…) et des musées de Belgique.

En résonance, Ateliers d’Art de France propose un parcours de créations métiers d’art inédit, déployé au sein des collections permanentes et des espaces extérieurs du musée. 26 créateurs contemporains dialoguent avec l’oeuvre de Redouté et montrent la vitalité toujours actuelle du motif de la fleur.

Cette exposition est réalisée avec le partenariat exceptionnel du Muséum national d’Histoire naturelle. Le parcours contemporain est co-organisé avec Ateliers d’Art de France.





L'exposition

En 1840, s’éteignait Pierre-Joseph Redouté, peintre de fleurs au Muséum d’Histoire naturelle depuis 1793. Surnommé le « Raphaël des fleurs » il eut l’ambition de participer à la description du monde et de sa flore en accompagnant, par l’exactitude de ses dessins, les découvertes des botanistes explorateurs qui parcouraient les océans et collectaient les espèces nouvelles du règne végétal. Il sut doter son oeuvre d’un charme indéniable qui plut à Joséphine de Beauharnais comme à la duchesse de Berry et qui exerce encore aujourd’hui auprès de l’amateur une réelle séduction. Ses créations sont célèbres, reproduites dans de nombreux ouvrages. Elles incarnent l’art délicat de l’horticulture et du jardinage, et ses Roses constituent les icônes inégalées de la peinture de fleurs.

Pourtant, il est rarement donné l’occasion au visiteur de découvrir des exemples de son art : il s’agit certes d’une oeuvre fragile, réalisée presque exclusivement à l’aquarelle sur vélin dont le temps d’exposition est compté, mais sans doute est-ce également le signe d’une forme de désintérêt qui, assez tôt, entoura le nom de Redouté. Cela tient au genre qu’il épousa et qui s’apparente peu ou prou à celui de la nature morte, au bas de l’échelle dans la hiérarchie des genres prônée depuis le XVIIe siècle par les instances artistiques son oeuvre n’était pas considérée par la critique, qui n’avait d’yeux que pour la peinture d’histoire, objet de tous les débats et de tous les combats esthétiques. Redouté produisit en outre un art au caractère hybride, entre description scientifique et tableau d’agrément, et contribua lui-même à cette confusion : il débuta comme simple peintre botaniste au Muséum en accumulant des planches descriptives des différentes espèces, puis il développa, le succès venant à partir des années 1810, une production plus ornementale et décorative faite de bouquets.

Innovateur sans être révolutionnaire, il perfectionna au sein de son atelier les techniques de reproduction et améliora le procédé de gravure au pointillé en couleur pour atteindre un niveau inégalé, mais il ne comprit que trop tard, dans les années 1830, que la gravure traditionnelle était obsolète, trop coûteuse, et que seule la lithographie était un médium viable pour prolonger l’édition de ses recueils ; il ouvrit largement ses portes à une génération de jeunes femmes qui y gagnèrent un métier et une reconnaissance mais qui ne reçurent que très rarement les faveurs de la critique au Salon.
Redouté contribua pourtant pleinement, voire initia l’engouement pour une flore devenue, au-delà du simple motif, un objet particulier empreint de l’esprit du temps. À travers ses recueils, ses fleurs constituèrent une source d’inspiration pour les grandes manufactures, qu’il s’agisse de la porcelaine à Sèvres ou de la soie à Lyon ; elles furent aussi un vecteur de connaissance et d’émancipation pour les amateurs — et surtout amatrices — botanistes, qui voyaient dans le jardin un nouvel espace d’apprentissage et de connaissance. L’oeuvre de Redouté irriguait les arts appliqués comme les arts majeurs, incarnant l’esprit d’une époque.

Le musée de la Vie romantique est heureux de proposer pour la première fois en France une exposition consacrée à ce peintre botaniste, à ses dessins et tableaux mais aussi à son influence, à ce goût de toute une génération pour un jardin de fleurs qui jamais ne se fanent. Un tel projet n’aurait pu voir le jour sans le partenariat exceptionnel du Muséum national d’histoire naturelle, qui conserve en France le fonds le plus riche concernant Redouté et qui nous permet, grâce à sa générosité, d’offrir trois accrochages successifs de ses précieux vélins.

Ce règne végétal n’est pas révolu, et un monde fleuri continue à peupler l’imaginaire des créateurs. En écho à la postérité de Redouté dans les arts appliqués, les espaces du jardin et de la maison de l’enclos Chaptal sont ouverts aux métiers d’art le temps de cette exposition.
Ils permettront de montrer la diversité des formes et des techniques d’artistes qui puisent leur pratique aux champs traditionnels de l’artisanat et jouent de la contrainte du matériau pour faire oeuvre, s’appropriant ici les motifs de la fleur et du végétal. Cette source d’inspiration toujours renouvelée est sans doute le témoignage du caractère vivant de l’héritage de Redouté.

Jérôme Farigoule, directeur du musée de la Vie romantique.