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“Christelle Téa” résidence d’artiste
au Musée national Jean-Jacques Henner, Paris

du 17 mai au 3 juillet 2017



www.musee-henner.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 16 mai 2017.

2157_Christelle-Tea2157_Christelle-Tea2157_Christelle-TeaLégendes de gauche à droite :
1/ Christelle Téa, Lecture théâtralisée « Ciels de feu et de glace par Marcel Schwob » par la Compagnie des Dramaticules, 8 décembre 2016. Encre de Chine sur papier, 24 × 30,5 cm. © Christelle Téa.
2/ Christelle Téa, Autoportrait au musée national Jean-Jacques Henner, 2016. Encre de Chine sur papier, 65 × 50 cm. © Christelle Téa.
3/ Christelle Téa, Portrait de Cristina Sanchez, personnel d’accueil du musée national Jean-Jacques Henner, 2016. Encre de Chine sur papier, 65 × 50 cm. © Christelle Téa.

 


2157_Christelle-Tea audio
Interview de Christelle Téa,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 mai 2017, durée 12'47". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Dès sa réouverture en mai 2016, le musée national Jean-Jacques Henner a affirmé son souhait de développer le dialogue avec l’art d’aujourd’hui et a ainsi créé, en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris, une résidence d’artiste.
Cette résidence s’adresse aux diplômés des Beaux-Arts de Paris depuis cinq ans au plus. Le lauréat est choisi pour l’originalité de son projet en adéquation avec le projet scientifique et culturel du musée par un jury composé des représentants du musée national Jean-Jacques Henner, des Beaux-Arts de Paris et du Service des Musées de France.
Associé à la vie du musée et à sa programmation culturelle de septembre à juin de l’année suivante, le lauréat bénéficie du bureau-atelier qui surplombe le jardin d’hiver. Une exposition au musée national Jean-Jacques Henner lui est consacrée.




Christelle Téa, l’esprit des lieux

Christelle Téa, première artiste en résidence au musée Jean-Jacques Henner, de septembre 2016 à juin 2017, a eu l’heureuse idée de nous tendre un miroir en cette année de réouverture. Dans ce miroir, que j’imagine volontiers être la psyché de l’atelier gris, vont se refléter le musée lui-même mais également les activités qui s’y déroulent et le personnel pour qui le musée est – privilège insigne – un lieu de travail. De ce miroir donc, digne d’Alice au pays des merveilles, sont sorties trois grandes séries : portraits de personnes, portrait d’activités, portrait de sites.

Je souhaiterais tout d’abord relater ce que j’ai pu appréhender du travail de Christelle Téa au sein du musée. Menue et mutine, au pur profil, Christelle s’est tout naturellement intégrée à la vie du musée pour mieux la croquer. De cet échange secret avec les lieux et de ce lien social très fort avec le personnel est née une vision intériorisée et très personnelle. L’usage du stylo à l’encre de Chine donne un caractère unitaire à ces trois séries mais surtout renvoie à ses origines chinoises. Comme les peintres chinois, le trait à l’encre ne peut s’effacer. Parce qu’il est immédiat, ce trait demande une sûreté de main incomparable. Pour faciliter le travail à l’encre de Chine, elle choisit un papier Canson au grain fin. L’encre glisse et elle doit donc travailler vite. Cela semble facile alors que l’exercice est difficile, périlleux même ! Aucun repentir n’est possible.

Elle renoue également avec la tradition du dessin chère au XIXe siècle et tout particulièrement à Jean-Jacques Henner, maître des lieux ou à Jean-Auguste-Dominique Ingres, qu’elle admire tout particulièrement. L’éternelle probité de l’art ! Ce qui l’intéresse dans ses propres dessins pris sur le vif, c’est de rendre compte de la réalité. Elle se réfère en cela au photographe Winogrand qu’elle cite volontiers : « Il n’y a rien de plus mystérieux qu’un fait clairement décrit ». Cette esthétique de la réalité pourrait bien renvoyer au réalisme cher au XIXe  siècle tel que l’a énoncé Proudhon : « Toute figure, belle ou laide, peut remplir le but de l’art ».

L’intérêt de ces dessins est qu’ils ne sont ni une reproduction, ni une imitation mais une interprétation. Parce qu’il y a dans sa démarche du respect et de la gratitude, je les verrai plutôt comme un hommage à l’esprit des lieux.

Marie-Cécile Forest, Directrice de l’établissement public du musée national Jean-Jacques Henner et du musée national Gustave Moreau.




Le musée, l’atelier, les artistes

Si Christelle Téa n’a pas fait le portrait posthume de Jean-Jacques Henner, il est présent par ses oeuvres dans presque tous ses dessins. (…) Ce ne sont pas seulement les années qui séparent ces deux anciens élèves des Beaux-Arts.

Quand pour Jean-Jacques Henner, le dessin était un moyen de préparer un tableau, de noter ses idées ou d’en faciliter la reproduction dans la presse, pour Christelle Téa, il est l’oeuvre elle-même, celle que l’on expose. Ses oeuvres illustrent bien le changement de statut du dessin que l’on a vu au XXe siècle, les artistes contemporains en faisant un moyen d’expression privilégié, là où il était avant tout un outil au service de la peinture au siècle précédent.

Quand Jean-Jacques Henner portraitiste éliminait tout élément de contexte de ses tableaux et se concentrait sur la physionomie du modèle, comme on le voit dans le portrait de la Comtesse Kessler, sans montrer ses objets personnels ou ses lieux familiers, Christelle Téa caractérise la personne autant par le contexte dans lequel elle a choisi d’être représentée que par les traits de son visage.

Quand Jean-Jacques Henner aimait le jeu des ombres et lumières qui simplifie les formes et le mystère du flou des contours, Christelle Téa privilégie la puissance d’un trait noir de contour tout en multipliant les détails. Il cherche un équilibre chromatique alors que, pour elle, la couleur est illustrative. On comprend toute la différence de leurs approches en lisant cette phrase de Gabriel Séailles au sujet de Henner : « Il ne voit pas le corps du dehors, il ne le cercle pas d’un contour sec, pour en copier ensuite la surface éclairée. Il n’isole point le dessin de la couleur : le contour n’est, pour lui, que la limite de la masse lumineuse. Il construit le corps, il le sculpte avec la lumière et l’ombre ».

Quand Jean-Jacques Henner cherchait la forme juste en multipliant les travaux préparatoires et aussi les repentirs, Christelle Téa cherche le trait juste et voit chaque dessin comme définitif, ne le prépare pas et n’y revient pas par la suite.

Pourtant, comme lui, elle observe avec acuité le modèle dans la lumière et prend un grand soin de ne pas perdre la vision de l’ensemble. Elle pourrait peut-être avoir écrit cette note : « 28 octobre 1874 : regarder de loin et mettre sa toile tout près du modèle […] construire dans la grande masse, ne pas faire un oeil seul ou la bouche ou tout autre objet sans le faire dans la masse de l’ensemble ».

Claire Bessède, Conservateur du musée national Jean-Jacques Henner.




Quelques mots sur Christelle Téa

Christelle Téa est née en 1988, elle vit et travaille à Paris. Son travail s’articule essentiellement autour du dessin et de la photographie.
Entre 2010 et 2015, elle a été élève dans l’atelier de Patrick Tosani et de Jean-Luc Vilmouth aux Beaux-Arts de Paris où elle a également suivi les cours de Philippe Comar et Didier Semin.
Passionnée de musique (elle a pratiqué pendant 5 ans le chant lyrique dans la classe d’Alexandra Papadjiakou au Conservatoire du XVIe), elle a réalisé une série de dessins de chanteurs et d’instrumentistes de l’Orchestre National de l’Opéra de Paris, dessins qui ont été exposés à la médiathèque de l’Opéra Bastille en mai 2012.
Par ailleurs, combinant montages photographiques et dessins, elle a réalisé de grandes fresques, inspirées d’airs d’opéras comme Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach ou encore Faust de Gounod, dans lesquelles elle se met elle-même en scène.
Elle est l’auteur de plusieurs performances chantées, notamment Carte Blanche à la Chapelle des Petits-Augustins aux Beaux-Arts de Paris, en 2011, et, Lady, à l’Amphithéâtre d’honneur et à l’Amphithéâtre de morphologie aux Beaux-Arts de Paris en 2012. En 2014, elle effectue un séjour d’étude de six mois aux Beaux-Arts de Pékin (CAFA). En 2015, elle participe au workshop organisé par Jean-Luc Vilmouth et Clélia Zernik, Nature and Me, pour la Triennale d’Echigo-Tsumari au Japon.
Aujourd’hui, elle se consacre essentiellement à réaliser des portraits dessinés sur le vif de personnalités diverses (artistes, collectionneurs, artisans, scénographes, chefs d’orchestre, instrumentistes, historiens, etc.). Elle les représente dans leur atelier, leur bureau ou chez eux, attachant une attention toute particulière au cadre dans lequel ils travaillent ou vivent, appréhendé comme l’expression de leur personnalité.