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“La pierre sacrée des Māori” article 2164
au musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris

du 23 mai au 1er octobre 2017



www.quaibranly.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 22 mai 2017.

2164_Maoris2164_Maoris2164_MaorisLégendes de gauche à droite :
1/  James McDonald, Pinohi Tūtakangahau, 1901–09. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. © Kura pounamu marketing images Te Papa.
2/  Hei tiki (pendentif anthropomorphe), 2008, réalisé par Lewis Tamihana Gardiner des iwi Ngāi Tahu, Te Arawa, Ngāti Awa, et Te Whānau-a-Apanui, New Zealand. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. © Kura pounamu marketing images Te Papa.
3/  Hei tiki (pendentif anthropomorphe). Don de Leo Buller, 1911. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. © Kura pounamu marketing images Te Papa.

 


2164_Maoris audio
Interview de Nicolas Garnier, responsable des collections océaniennes du musée du Quai Branly,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 22 mai 2017, durée 19'30". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa (
http://www.tepapa.govt.nz) et Ngāi Tahu (peuple du Sud de la Nouvelle-Zélande)



L’or vert de Nouvelle-Zélande, pounamu en langue māori, est mis à l’honneur au musée du quai Branly – Jacques Chirac du 23 mai au 1er octobre 2017. Conçue par le musée de Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa et l’iwi Ngāi Tahu, l’exposition La pierre sacrée des Māori met en lumière les très riches collections du musée néo-zélandais.

La pierre verte se trouve essentiellement au sud-ouest de l’archipel, dans un territoire protégé, bordé de glaciers et de fjords. L’or vert de Nouvelle-Zélande, le pounamu, repose dans les rivières du Te Wai pounamu, littéralement « les eaux de la pierre verte », région à laquelle il a donné son nom. Matière noble, symbole de force et objet de fascination, cette pierre prestigieuse, érigée au rang de trésor sacré, est au coeur de nombreuses croyances, histoires et légendes du peuple māori.

L’exposition présente, à travers un parcours en 5 séquences couvrant plusieurs siècles, plus de 200 taonga (trésors) rares, taillés dans le précieux minéral, dont une collection de 96 hie tiki (pendentifs de forme humaine), de 20 mère (massues courtes), et de 4 « pierres à toucher ». Tous sont vecteurs du mana de leur possesseur, puissance sacrée héritée des ancêtres et des dieux et incarnée par les personnages de haut rang.

Une immersion dans la culture riche et vivante des Māori qui permet de comprendre l’origine du pounamu (composantes, variétés, histoires, mythes, …) ainsi que ses multiples usages, sa solidité remarquable, la beauté de ses ornements, sa préciosité ou encore ses diverses symboliques. L’exposition s’achève sur la présentation d’oeuvres en pounamu plus contemporaines, preuve à la fois de la persistance des techniques māori, et de la fascination symbolique exercée par la pierre verte.





Parcours de l’exposition


1. Les Māori : une culture vivante


Les Māori sont les premiers habitants d’Aotearoa- Nouvelle-Zélande. Leurs ancêtres, des navigateurs venus du Pacifique, s’aventurèrent il y a près de 800 ans en direction du sud, plus loin que jamais auparavant. Aotearoa – « Long nuage blanc » – fut l’un des noms qu’ils donnèrent à leur nouvelle terre en référence à la première vision qu’ils en eurent. Les premiers colons durent s’adapter à cet environnement nouveau doté d’un climat beaucoup plus froid. Au 19eme siècle, la colonisation européenne apporta changements et conflits.

Aujourd’hui, les Māori constituent un groupe minoritaire : ils ne représentent que 15% de la population d’Aotearoa-Nouvelle-Zélande. Malgré d’importantes inégalités sociales et économiques, les Māori demeurent un peuple à la culture à la fois riche et vivante.

Le pounamu (ou jade de Nouvelle-Zélande) est apprécié depuis des siècles par les Māori, qui l’utilisent pour fabriquer outils, armes et ornements. Il constitue pour eux un symbole de prestige et d’autorité. Cette pierre sacrée fait partie intégrante de l’identité māori et demeure un matériau privilégié de l’expression artistique contemporaine māori.


2. Les origines d’une pierre précieuse

Le pounamu se trouve uniquement dans l’Ile du Sud de la Nouvelle-Zélande, la terre que les Māori appellent Te Wai pounamu, littéralement « les eaux de la pierre verte ». Ils considèrent que cette pierre est sacrée, car d’essence divine. Son histoire, telle que la raconte l’iwi (clan familial) Ngāti Waewa, associe l’origine du pounamu à une belle jeune femme, Waitaiki, transformée en pierre. On rencontre le plus souvent le pounamu dans le lit des rivières. Des fragments sont parfois charriés jusqu’à la mer. Sur le plan géologique, le terme pounamu renvoie à trois types de pierres : la néphrite, la bowénite et la serpentinite. Les Māori le classent en fonction de son apparence : couleur, translucidité et marques.


3. Te wai pounamu : les eaux de la pierre verte

Le pounamu ne se trouve que dans les zones isolées de Te Wai pounamu (« les eaux de la pierre verte ») – le nom māori de l’Ile du Sud de la Nouvelle-Zélande. Mais cette pierre rare était si appréciée des Māori que son commerce se développa dans tout le pays.

Pour collecter le pounamu, les Māori entreprenaient de longs et pénibles voyages, traversant vallées fluviales et cols de montagnes pour atteindre les zones éloignées où se trouvait la pierre.

Seules les meilleures pièces étaient transportées ou acheminées par voie d’eau jusqu’aux principaux villages de la côte de l’Ile du Sud, où l’on travaillait et vendait le pounamu à d’autres iwi.


4. Une pierre aux qualités précieuses

Cette section, qui met en valeur la préciosité du pounamu, est divisée en trois sousparties : une solidité remarquable, la beauté des ornements, et le symbole de prestige. En effet, le pounamu combine beaucoup de qualités – dureté extraordinaire, résistance et beauté – auxquelles s’ajoutent un toucher agréable et de très belles propriétés acoustiques.

Les premiers Māori ont très tôt reconnu la valeur et les multiples usages possibles du pounamu. La sculpture sur bois a prospéré grâce aux outils fabriqués en pounamu de qualité supérieure. La beauté des ornements en pounamu rehaussait le prestige de quiconque les portait (hei tiki, hameçons stylisés, petits outils portés en pendentifs…). Les armes, en particulier les très belles massues courtes (mere) en pounamu étaient également célébrées comme symbole de pouvoir. On les offrait parfois en cadeaux pour sceller un traité de paix.

Chacun de ces trésors est porteur de mana (ou prestige) de leur possesseur, puissance sacrée héritée des dieux et incarnée par les personnages de haut rang.


5. Un trésor immuable

Le proverbe «Ko au te pounamu ko te pounamu ko au» - je suis le pounamu et le pounamu est moi – révèle le lien immuable qui sous-tend la relation entre le pounamu et l’identité māori. Pour de nombreux Néo-zélandais, même non Māori, cette pierre unique constitue un symbole de l’identité nationale et du lien qui les unit à la terre d’Aotearoa-Nouvelle-Zélande.

Offrir un cadeau en pounamu est depuis longtemps le signe d’une attention particulière : expression d’amour, d’amitié ou de gratitude. Les cadeaux en pounamu et en or étaient très à la mode en Nouvelle-Zélande, entre les années 1880 et 1914. Les cadeaux en pounamu demeurent une façon originale de signifier l’importance d’une relation. Sa valeur perdure – à la fois en tant que trésor qui doit être transmis de génération en génération, et en tant que source d’inspiration pour les Māori.