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“Porcelaine” Chefs-d’oeuvre de la collection Ise
au Musée Guimet, Paris

du 21 juin au 4 septembre 2017



www.guimet.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 20 juin 2017.

2188_collection-Ise2188_collection-Ise2188_collection-IseLégendes de gauche à droite :
1/  Coupe à pied haut avec arabesques de pivoines, porcelaine kinrande (« brocart d’or »). Dynastie des Ming (16ème siècle), H. 11 cm, D. 13.4 cm. © Ise Collection / Photo : Shigefumi Kato.
2/  Aiguière en forme de melon, porcelaine qingbai. Fours de Jingdezhen. Dynastie des Song du Nord (11ème - 12ème siècles), H. 25,5 cm, L 16 cm, l. 12,2 cm. © Ise Collection / Photo : Shigefumi Kato.
3/  Jarre à couvercle, porcelaine wucai (« cinq couleurs »). Fours de Jingdezhen. Dynastie des Ming. Marque d'atelier : « Fait dans la troisième année du règne de Tianqi par la famille Tang » (1623), H. totale 19.6 cm, D. max. 20.7 cm. Objet d'art d’intérêt majeur. © Ise Collection / Photo : Shigefumi Kato.

 


2188_collection-Ise audio
Interview de Claire Déléry, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 juin 2017, durée 3'22". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Claire Déléry, conservateur du patrimoine



Le musée national des arts asiatiques – Guimet ouvrira les portes de l'hôtel d'Heidelbach nouvellement restauré en y accueillant temporairement au rez-de-chaussée une vaste collection d'anciennes céramiques chinoises. Prêtées par Hikonobu Ise, agroindustriel japonais passionné de la civilisation chinoise, cette collection emblématique s'étend historiquement du 5e siècle avant notre ère jusqu'au 19e siècle, de la période Tang jusqu'à celle des Qing. Ce panorama inédit de l’évolution des techniques et des décors de l’art céramique chinois, illustre les grands développements des arts du feu en Chine, avec des pièces de très haute qualité pour la première fois présentées en France, dont certaines sont de véritables trésors nationaux. Bien plus qu'une simple collection d'art, elles sont pour le collectionneur japonais l'objet d'une étroite relation entre lui et la culture chinoise qu'il admire.

L'hôtel d'Heidelbach, qui fut par le passé le lieu d'exposition d'un vaste « Panthéon bouddhique », pourrait désormais se renommer « Temple de porcelaines », au moins le temps de l'exposition que le musée Guimet organise grâce à l'aide bienheureuse d'Hikonobu Ise. Pour la première fois exposées en France, les quelques 75 oeuvres qu'il présente sont imprégnées d'une histoire forte, d'une relation puissante entre la Chine et lui, et plus largement entre les deux civilisations millénaires japonaise et chinoise. Déjà à l'époque de l'autoritaire shogunat de Kamakura (1185-1333), et longtemps après jusqu'à nos jours encore, l'archipel japonais importait des céramiques chinoises que l'on utilisait pour la cérémonie du thé, propre à la culture japonaise. Cette relation entre ces deux cultures, Hikonobu Ise l'incarne parfaitement, à une échelle plus intime, plus personnelle, et finalement plus humaine. Son rapport avec ces oeuvres est presque méditatif. Lorsqu'il contemple un de ces objets, il nous dit rentrer dans une sorte d'extase qui dépasse le simple plaisir visuel ou l'intérêt historique. Il raconte ainsi comment, face à une céramique Ming représentant un combat de coqs, il fut « totalement ébloui et presque en état d'ivresse pendant les six mois qui ont suivi ». Hikonobu Ise n'est pas simplement expert de la céramique chinoise, il en est avant tout un amoureux inconditionnel.

Si Hikonobu Ise a entrepris de s'investir dans une collection aussi impressionnante, c'est parce qu'il est animé d'un ineffable désir de préservation de ces objets. Pour lui, cette centralisation qui s'effectue entre ses mains évite toute dispersion, toute perte ou maladresse, ce qui assure la pérennité de la collection. Cette noble tâche qu'est la préservation et la restauration d'un patrimoine millénaire, le MNAAG et le public auront le privilège d'en profiter. Aidé du savoir-faire japonais en matière de protection des œuvres d'art (notamment des dangers sismiques), Hikonobu Ise nous livre ici des objets qu'il a aimés, mais aussi protégés. Au détour de cette exposition, le visiteur est ainsi réellement convié à pénétrer dans l'intimité et l'émotion du riche Japonais, à adopter son regard, et à ressentir le caractère charnel que peuvent susciter les objets. Il s'agit finalement d'une éternelle filiation : Hikonobu Ise s'ancre dans ces oeuvres, il en est la filiation affective et émotionnelle. Il les traite alors avec le respect du passé et les protège contre la détérioration du temps.

L'exposition sera reprise au Japon au musée de la céramique d'Osaka.