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“Mathieu Pernot” Les Gorgan
à la Maison des peintres, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 3 juillet au 24 septembre 2017



www.rencontres-arles.com

www.mathieupernot.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Mathieu Pernot et la famille Gorgan, le 3 juillet 2017.

2196_Mathieu-Pernot2196_Mathieu-Pernot2196_Mathieu-PernotLégendes de gauche à droite :
1/  Couverture Les Gorgan 1995-2015 de Mathieu Pernot aux Éditions Xavier Barral, 2017.
2/  Mathieu Pernot, Famille Gorgan, Arles, 1995. Avec l’aimable autorisation de la galerie Éric Dupont.
3/  Mathieu Pernot, Giovanni, Arles, 2015. Avec l’aimable autorisation de la galerie Éric Dupont.

 


2196_Mathieu-Pernot audio
Interview de Mathieu Pernot,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 3 juillet 2017, durée 8'03". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

J'ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes études à l'ENSP d'Arles. Je ne savais rien de cette communauté et ignorais alors que cette famille rom était installée en France depuis plus d'un siècle. J'ai réalisé mes premières images en noir et blanc, m’inscrivant dans une tradition documentaire face à ceux qui m'étaient encore étrangers. La découverte des quelques archives qu'ils possédaient m’ont rapidement fait comprendre que la diversité des formes et des points de vue était nécessaire pour rendre compte de la densité de la vie qui s'offrait à mon regard. C'est en 2013, plus de dix ans après avoir réalisé ces photographies, que nous nous sommes retrouvés, comme si l'on s'était quittés la veille. J'ai vécu en leur compagnie une expérience qui dépasse celle de la photographie. L'exposition reconstitue les destins individuels des membres de cette famille. Elle retrace l'histoire que nous avons construite ensemble. Face à face. Et désormais, côte à côte.

Mathieu Pernot





Publication :
Les Gorgan aux Éditions Xavier Barral, 2017.

Dans l’esprit d’un album photographique, cette monographie marque l’aboutissement de ce travail retraçant 20 ans d’histoire de la famille Gorgan et témoigne ainsi de la complexité de la culture tsigane à travers ce récit à plusieurs voix.


Dans l’intimité des Gorgan

Cette série, démarrée alors que Mathieu Pernot était encore étudiant, s’est construite dans la durée et témoigne de l’évolution du travail du photographe. S’inscrivant dans la veine documentaire, il explore de nouvelles formules et multiplie les points de vue au-delà de toute vision folklorique, fantasmée ou archétypale souvent relayée par la photographie humaniste.

Chacun des membres de la famille Gorgan fait l’objet d’un chapitre photographique dans l’album. On voit évoluer les parents, Johny et Ninaï, et leurs huit enfants : Rocky, Giovanni, Mickaël, Priscilla, Jonathan, Vanessa, Ana et Doston. Au fil des pages, se mêlent différents types de photographies du polaroid au cliché N&B pris au Rolleiflex, des instantanés aux portraits posés, de joyeuses réunions aux moments plus douloureux liés à l’incarcération, à la mort qui sont livrés à nous sans filtre, tels qu’ils sont vécus. Prises par Mathieu Pernot ou les Gorgan euxmêmes, ces photographies forment un ensemble sans hiérarchie aucune, ni distinction entre leurs auteurs, comme le souhaitait le photographe. Les Gorgan ne sont plus seulement sujets d’étude mais de véritables acteurs impliqués à la fois dans la réalisation des images et le choix du contenu. Transparaît également l’empathie de Mathieu Pernot et ce lien de complicité qu’il noue avec ses sujets à mesure que leur relation évolue.

Il interroge ainsi le regard que nous portons sur cette communauté qui nous semble plus proche, partageant des événements familiaux universels : Ils sont bel et bien là, devant nous, en chair et en os. Dans ces dix corpus, il y a dix corps qui rient, pleurent ou s’étreignent, qui vivent et vieillissent à travers les images. Ce qui frappe avant tout dans ce livre, c’est la puissance d’incarnation des membres de la famille Gorgan. Au fil des pages, on est comme assailli par leur présence à l’image. (Clément Chéroux)

À travers ce travail d’enquête, de narration caractéristique de toute son oeuvre, Mathieu Pernot questionne ainsi la notion d’auteur et les différents modes de représentation photographique.

L’essai de Clément Chéroux recontextualise cet ensemble dans l’histoire de la photographie et des albums de famille. Celui de Johanne Lindskog examine quant à lui la démarche à la fois artistique et ethnographique du photographe.





Dans le cadre du Grand Arles Express
retrouvez l’exposition de Mathieu Pernot Survivances présentée
à l’Hôtel des Arts de Toulon
du 4 juillet au 1er octobre 2017


www.hda.var.fr


Pendant tout l’été, l’Hôtel des Arts, centre d’art du Département du Var, offre l’ensemble de ses espaces à Mathieu Pernot.

Sous l’intitulé « Survivances », l’exposition invite les visiteurs à un parcours inédit dans le travail que l’artiste a réalisé pendant une vingtaine d’années auprès de diverses communautés tsiganes, avec notamment des images jamais montrées au public. Installations, photographies, enregistrements sonores et documents d’archives viennent construire ici un récit protéiforme de l'histoire de cette minorité, souvent opprimée, toujours vivace.

C’est en 1998 que Mathieu Pernot effectue un séjour en Roumanie, - mené dans le cadre d’une bourse de villa Médicis Hors les murs -, à la rencontre des Tsiganes d’Europe de l’Est, poursuivant ainsi un travail entamé trois ans auparavant à l’École nationale de la photographie d’Arles (EnsP). Les images qui ressortent de cet épisode singulier dans le travail de l’artiste révèlent avec simplicité la force des lieux et la puissance des visages auxquels il a alors fait face. En étant présentées pour la toute première fois au public, dans l’exposition Survivances de l’Hôtel des Arts à Toulon, elles offrent un glissement silencieux sur la réalité des communautés tsiganes d’Europe de l'Est.

L’exposition interroge également la tragédie de l'Histoire, au travers de travaux consacrés à l'internement des Tsiganes dans les camps de Saliers (Bouches-du-Rhône) et Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Le visiteur y découvre tour à tour les morceaux d'une ancienne baraque prélevés et réassemblés pour l’occasion, des carnets anthropométriques que les nomades devaient porter ainsi que des fiches d’identité (Archives du Var)… La question du fichage trouve en effet ici un double écho, tant avec les photomatons d'enfants que l’artiste a réalisés en 1995 qu’avec la présentation d’archives familiales constituées de photos d'identité datant des années 1950 aux années 1990. Par des installations vidéo, la question de la survivance de certains rites tsiganes – deuil, mariage, chant - est également abordée.

Survivances propose des fragments d'histoire et des éclats du réel dont la complexité est rendue par la dispersion des formes de leur représentation. L’exposition rappelle que les images ne valent que par leur usage, une photographie d'identité pouvant finir dans le meuble de la caravane ou conduire à un camp de concentration. Elle dit aussi que les Roms ont survécu aux représentations archétypales que leur ont imposées nos sociétés et que leurs voix, plurielles, ne se sont pas éteintes.