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“Karlheinz Weinberger” Swiss Rebels
au Magasin électrique, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 3 juillet au 24 septembre 2017



www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec François Cheval, le 6 juillet 2017.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Karlheinz Weinberger, 1958. Avec l’aimable autorisation de la galerie Esther Woerdehoff. © Karlheinz Weinberger, 1958, courtesy Galerie Esther Woerdehoff.
2/  Karlheinz Weinberger, 1962. Avec l’aimable autorisation de la galerie Esther Woerdehoff. © Karlheinz Weinberger, 1962, courtesy Galerie Esther Woerdehoff.

 


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Interview de François Cheval, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 6 juillet 2017, durée 14'01". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : François Cheval.
Exposition produite par la galerie Esther Woerdehoff et coproduite par les Rencontres d’Arles.
Documentation : Patrik Schedler.




Swiss Rebels est une exposition rétrospective inédite qui retrace le parcours d’un photographe suisse autodidacte et engagé, Karlheinz Weinberger, magasinier chez Siemens. À l’origine, ce photographe amateur en charge du photo-club de l’entreprise réalise, sous le pseudonyme de Jim, des images pour la revue masculine Der Kreis. En 1958, il entre en contact avec des bandes de Halbstarke, ces « loubards » zürichois. Il photographie méthodiquement ces exclus de la société suisse allemande fascinés par Elvis Presley et James Dean, et les étudie à la manière d’un ethnologue, avec empathie, curiosité et respect. Cette jeunesse le lui rend bien. Un par un, en couple ou en groupe, ils campent fièrement devant l’objectif, fiers de leurs signes extérieurs de révolte. Photographier l’ouvrier immigré, et plus encore, l’exclu et le réprouvé, est un hommage sans fin à toutes les formes de liberté. Bien au-delà d’une photographie de ghetto, Karlheinz Weinberger a fait de ses images des zones de résistance et de plaisir.

François Cheval

Publications : Swiss Rebels, Steidl, 2017 et Halbstarke, Sturm&Drang, 2017.






Karlheinz Weinberger discerne dans les comportements de la jeunesse zurichoise un contre modèle rebelle au conservatisme ambiant. Il rend compte avec enthousiasme de l’invention de nouveaux codes de conduite et d’une nouvelle esthétique.

Ses images témoignent de cet esprit de groupe dont l’identité s’exprime de manière insolite au travers de vêtements bricolés, aux fortes influences américaines.

Toujours proche des "marginaux", les bikers succèdent aux "blousons noirs". Il s’en rapproche et les suit dans leurs rassemblements.

La relation de confiance nouée avec certains de ses modèles l’autorise à concevoir des moments photographiques paroxystiques.

Entre document et manifeste, la photographie de Karlheinz Weinberger s’avère comme un instant rare de l’histoire de la photographie, la preuve, s’il en est nécessaire, de la puissance de ce médium.

François Cheval





Biographie

Ma vraie vie, déclare Karlheinz Weinberger lors de sa première grande exposition au Musée du Design de Zürich en 2000, commence le vendredi soir et s’achève le lundi matin. La semaine, il travaille à l'usine Siemens d’Oerlikon, en tant que magasinier, de 1955 jusqu'à sa retraite en 1986. Tout au long de sa vie, il occupe le même appartement. Il n’en bougera qu’une seule fois, du premier au quatrième étage, à la mort de sa mère.

C’est à l’aide de son appareil photographique que Karlheinz Weinberger arrive à s’échapper de la banalité de sa vie d'employé. Plus tard, il fera imprimer sur sa carte de visite "Karlheinz Weinberger, photographe de l’insolite".

Déjà au lycée, il réalisait ses premières expérimentations photographiques avec son "appareil à cinq sous", une petite boîte Agfa vendue au prix de cinq francs. Son sujet de prédilection a toujours été l'homme et le corps. Il photographie les ouvriers au travail, torses nus, dans les rues de Zürich et, plus tard, dans le sud de l’Europe.

Sous le pseudonyme de Jim, il publie de nombreuses photographies de jeunes hommes dans le magazine homosexuel international "le Cercle".

Le sommet de la marginalité, Karlheinz Weinberger le découvre, en 1958, dans les Halbstarke, un groupe de jeunes loubards en rébellion contre le système et les normes. Ils portent des jeans, appelé « bluejeans », un produit encore très peu répandu dans le commerce, qu'ils customisent et personnalisent avec des rivets et boulons, des boucles de ceinture démesurées et des ornements de toutes sortes. Adorateurs d’Elvis Presley et de James Dean, ils vivent le groupe comme une famille. Les Halbstarke, littéralement "à moitié costaud", constituent la première génération underground de Suisse.

Karlheinz Weinberger les photographie avec son appareil Rolleiflex 2.8. Dans son appartement à la Elisabethenstrasse, les jeunes se retrouvent, libres de se réunir et d’écouter leur musique. Ainsi naît entre 1958 et 1963, une série d'images exceptionnelles qui tiennent aujourd’hui toute leur place sur le marché de l’art.

L’ère Halbstarke terminée, quelques uns de ces jeunes hommes deviennent des Bikers et créent des clubs de motards. Karlheinz Weinberger les accompagne sur leurs campements, et eux, les Bikers et les Hells Angels, l’invitent à leurs rassemblements, à leurs mariages et même aux funérailles.

Ces nouveaux marginaux aussi trouvent, dans l'appartement de Karlheinz Weinberger, un refuge où ni la police ni les petites amies envahissantes, ni les membres des gangs ne les retrouvent. Ici, ils peuvent se laisser aller, boire et fumer sans retenue.

Dans son appartement, Karlheinz Weinberger reçoit aussi des hommes qu'il photographie de façon régulière, voire hebdomadaire, et ce pendant des années. Les images qui en découlent prennent la forme de séries rituelles extraordinaires. Ce sont des scènes aux allures de rites mystiques : des hommes qui se déshabillent et se masturbent alors que KHW les photographie encore et encore.

Les séries réalisées entre 1986 et sa mort en 2006 possèdent un caractère d'une rare intensité. Ces cérémonies démontrent une spiritualité forte, elles soulignent le désir et la passion mais aussi le déclin du corps humain.

Ces études, composées de plusieurs milliers de diapositives et de négatifs couleur, ont été découvertes et classées à la mort du photographe.

L’oeuvre de Karlheinz Weinberger jouit aujourd’hui d’une reconnaissance internationale grâce à des expositions dans des musées et des galeries. C’est grâce au méticuleux travail d’archivage de l’Estate Karlheinz Weinberger que l’exposition peut présenter une partie de l’oeuvre totalement inconnue. Notamment les premiers travaux, inédits, et un extrait de sa dernière période de création intense, réunis et présentés pour la première fois.