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“Salvatore Puglia” Des intrus chez les Etrusques
à la galerie Sit Down, Paris

du 19 septembre au 21 octobre 2017



www.sitdown.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 15 septembre 2017.

2230_Salvatore-Puglia2230_Salvatore-Puglia2230_Salvatore-PugliaLégendes de gauche à droite :
1/  Salvatore Puglia, Fosso Bianco 02, 2017. Technique mixte. Dimensions : 20 x 30 cm. © S. Puglia, courtesy galerie SIT DOWN.
2/  Salvatore Puglia, Lapidarium Kwakiutl, 2017. Technique mixte. Dimensions : 32 x 32 cm. © S. Puglia, courtesy galerie SIT DOWN.
3/  Salvatore Puglia, RnF B 11, 2016-2017. Technique mixte. Dimensions : 30 x 40 cm. © S. Puglia, courtesy galerie SIT DOWN.

 


2230_Salvatore-Puglia audio
Interview de Salvatore Puglia,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 septembre 2017, durée 12'49". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Poursuivant ses recherches sur le temps et la mémoire, l’artiste nous transporte au cœur de ses pérégrinations et mêle comme à son habitude l’Histoire à l’imaginaire collectif. À travers une démarche artistique et historique, Salvatore Puglia compose ses images en strates utilisant un langage plastique diversifié : photographies, encres, gravure sur verre… En intervenant à la fois sur le paysage photographié et sur “l’objet photograhique“, fidèle à lui-même, Salvatore Puglia livre une oeuvre poétique et intemporelle.



L’art des mémoires mêlées

Il y a bien des façons de regarder les oeuvres de Salvatore Puglia. Laissez vous d’abord surprendre par la poésie de ces montages énigmatiques où les images se superposent, se révèlent, se cachent dans un subtil jeu de transparence. Elles ont la fragilité troublante des traces du passé, entre le déjà de la perte et le pas encore de la disparition. La solidité mate du cadre de métal qui les cerne, du plomb généralement, rend cette fragilité plus perceptible encore. Ce sont des vestiges, des fragments d’archives, des portraits tirés d’album de famille ou d’ouvrages ethnographiques, des photographies de lieux désertés ponctuées d’étranges sédiments. Salvatore Puglia les collectionne, les transforme, les assemble au gré de son inspiration. Çà et là, avec une peinture rouge fluorescent, il ajoute sa propre trace, sa propre strate, créant ainsi de fascinantes compositions mémorielles. Laissez courir votre regard de l’une à l’autre, certaines se répondent, car l’artiste travaille par séries. Ne cherchez pas trop vite à identifier les images, ni à déchiffrer les textes, les mots, les graffitis qui, souvent, les accompagnent. Restez encore un moment sur une vue générale, au hasard de ce qui vous attire. Ici, le lacis d’une carte géographique se fond dans le paysage brumeux d’un champ où derrière une barrière un animal indistinct semble paître. Là, un bâton tordu et rouge fluo strie l’ombre d’un sous bois, près d’une pierre creusée emplie d’eau, comme un gros oeil miroitant. Ailleurs, sur fond de fresques colorées et en partie effacées surgissent d’étranges figures exotiques. Un peu comme dans les songes, les associations étonnent et intriguent. Il est tentant, bien sûr, d’en chercher les clés.

Alors, approchez-vous. Découvrez détails et indices. La carte correspond-elle au territoire et le territoire au paysage ? Rien n’est moins certain. Enfoui sous la carte, comme un plan lointain, on distingue vaguement un bâtiment, une ruine peut-être. La photographie a été prise en automne, les feuilles, dans l’herbe en témoignent. Il se dégage une tristesse de l’ensemble, une mélancolie. Que s’est-il passé autrefois ici ? Les témoins, eux, ne sont plus là. Dans le sous-bois, le bâton rouge pourrait être celui d’un sourcier un peu sorcier. Ou celui d’un artiste promeneur, d’un flâneur du temps qui mêle les sources et brouille les pistes. Mais en laissant des signes tout de même, ce titrepar exemple : Hopi à Poggio-Rota. Poggio-Rota est un site de mégalithes découvert en Toscane en 2004 et qui, selon certains archéologues, fut un observatoire des astres plus de 2000 ans avant notre ère. Ce qui ressemble à un gros oeil aurait donc servi à observer le reflet de la lune. Quant au Hopi, venu d’Arizona, est-ce lui caché derrière les branches ? Son esprit serait-il dans le bâton rouge ? Voyez, cherchez, imaginez ce que vous voulez. Les associations de Salvatore Puglia sont offertes et les vôtres sont libres. Un peu plus loin, vous retrouvez des guerriers Hopi dansant sur fond de fresques étrusques. Les fresques sont celles d’une salle funéraire à Tarquinia et les Hopis ont été photographiés par Aby Warburg. L’histoire de l’art, l’archéologie, l’ethnographie, les souvenirs s’entrelacent. L’artiste confie, dans un texte accompagnant la série, que depuis les premières visites de son adolescence, il revient toujours aux tombes de Tarquinia. L’y voici maître de cérémonie invitant Inuit, Aïnou, Chinois ou Kwakiutl à s’égayer parmi jongleurs ou danseurs sur les murs peints des sépultures. Qui hante qui ? Allez savoir !

Vous n’aurez jamais toutes les clés des songes de Salvatore Puglia. Mais à travers son art des mémoires mêlées, le charme opère qui, sans fin, relance l’imaginaire et la rêverie de chacun.

Nicole Lapierre (Anthropologue et sociologue)


L’exposition est visible uniquement sur rendez-vous +33 (0)1 42 78 08 07.