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“Pierre Paulin” Boom boom, run run
Le Plateau, Frac Île-de-France, Paris

du 21 septembre au 17 décembre 2017



www.fraciledefrance.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 20 septembre 2017.

2234_Pierre-Paulin2234_Pierre-Paulin2234_Pierre-PaulinLégendes de gauche à droite :
1/  Pierre Paulin, Un look, 2016. © Pierre Paulin - Photo Aurélien Mole.
2/  Pierre Paulin, Notes sur l'ambiance, 2017. © Pierre Paulin - Photo Aurélien Mole.
3/  Pierre Paulin, Oscillation d'une inquiétude, 2013. © Pierre Paulin - Photo Aurélien Mole.

 


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Interview de Xavier Franceschi, directeur du Frac Île-de-France et commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 septembre 2017, durée 17'59". © FranceFineArt.

 


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Interview de Pierre Paulin,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 septembre 2017, durée 4'33". © FranceFineArt.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

La forme d'une Adidas, la couleur d'un streetwear, le beat d'un dribble, Pierre Paulin fait surgir un art dissimulé dans les supports de l'industrie culturelle de masse, dans ce triangle qui modèle nos corps : musique, sport et fringue.

Au Plateau, le vêtement fait forme et les mots s'y impriment. Les objets parlent, quand le corps, lui, est réduit à une main de mickey appareillée à une basket. C'est là justement dans cette compression que la forme s'anime. Partout, l'agencement est précis et minimal. Le discours est abondant, mais disséminé. Sous l'aspect d'un presque rien, avec quelques objets et des mots, l'artiste active un flot d'histoires.

Ici, oui, la culture, est avant tout américaine, avec ses articulations triangulaires : Afrique, Europe. Subrepticement, les deux continents collent à l'histoire de la chaussure de sport, le beat vient le marteler. Les doublures, les poches et les capuches cachent encore des écrits théoriques. Ils disent l'histoire culturelle qui en découle avec ses ramifications économiques et ses bouleversements technologiques.

Mine de rien, Pierre Paulin nous réécrit une petite histoire de l'art et conceptualise le fait culturel. Élégamment, il a laissé de côté le lexique galvaudé, les grands artistes et les penseurs en vogue, pour faire émerger d'autres voix, d'autres poèmes. Scandés sur un beat retentissant, imprimés dans les plis, les peaux et les tissus du vêtement, tirés en exemplaire unique, en édition limitée ou en format gratuit, les mots de Pierre Paulin brassent les expériences, les goûts et les habitudes de sa génération pour en extraire un suc électrisant.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : Xavier Franceschi



Le frac île-de-france présente la première exposition monographique consacrée à Pierre Paulin. Essentiellement composée de nouvelles productions, Boom boom, run run continue de déployer l’intérêt de l’artiste pour le langage, dont il multiplie ici les formes d’apparition, depuis la poésie, l’essai et la traduction, jusqu’au prêt-à-porter.

Le travail de Pierre Paulin s’inscrit dans un rapport étroit avec la culture visuelle d’aujourd’hui. L’utilisation du terme « look », que ce soit pour qualifier son travail poétique ou les ensembles de vêtements qu’il produit, est le dénominateur commun d’une pratique de l’écriture et de l’art basée sur la combinaison et la traduction de formats et de signes culturels.

Dans cette perspective, le travail de Pierre Paulin s’assimile à la composition d’un « look » vestimentaire qui, à l’instar d’un poème élaboré à partir d’une langue commune, repose sur une stratégie fragile permettant de conserver un tant soit peu le sentiment d’une singularité. Comment exprimer un look singulier à travers des vêtements produits en série, que l’on réassemble jour après jour ? Comment parvenir au sentiment d’une expression individuelle à l’aide d’un assemblage de mots dont la signification nous précède ?

Du vêtement au texte, du corps aux mots, dans le sillage de William Blake, Pierre Paulin ne sépare pas l’écrit de la représentation, ni l’image du discours. Le texte est omniprésent, que ce soit dans les vêtements (poches et doublures), dans les vidéos qui portent la « voix » du poème, dans les livres qui renferment des interprétations libres de textes théoriques traduits pour être lus à haute voix.

Boom boom, run run est aussi le titre d’un essai écrit par l’artiste. Rythmé par des scansions, il est l’ambiance poétique de l’exposition. À partir d’une brève histoire culturelle de la basket, cet essai retrace de manière personnelle l'évolution du sportswear en l’articulant à celle de la poésie concrète. Croisant tour à tour le groupe Run-D.M.C et le poète américain Jack Spicer, cet essai assimile les logos de marque à des voix parlant par onomatopées. Il est le fil conducteur de l’exposition : le logo en tant que voix d’une poésie générique.



Né en 1982 à Grenoble, Pierre Paulin vit et travaille à Paris. Le frac île-de-france possède un ensemble conséquent de ses oeuvres au sein de sa collection et plusieurs d’entre elles ont été exposées au plateau lors de l’exposition Interprète (2014). Il a récemment participé à l’exposition collective Rien ne nous appartient : offrir à la Fondation Ricard (2017).