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“Pop Art” Icons that Matter, Collection du Whitney Museum of American Art, New York
au musée Maillol, Paris

du 22 septembre 2017 au 21 janvier 2018



www.museemaillol.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 21 septembre 2017.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Roy Lichtenstein, Girl in Window (Study for World’s Fair Mural), 1963. Huile et acrylique sur toile, 173 x 142,2 cm, gift of the American Contemporary Art Foundation, Inc., Leonard A. Lauder, President. © Estate of Roy Lichtenstein New York / Adagp, Paris, 2017.
2/  Jasper Johns, Target with Four Faces, 1968. Sérigraphie, 104,5 x 75,1 cm, gift of the artist N.Y. © Jasper Johns / Adagp, Paris, 2017.
3/  Allan D’Arcangelo, Madonna and Child, 1963. Acrylique et gesso sur toile, 174 × 152.7 cm, purchase, with funds from the Painting and Sculpture Committee © Adagp, Paris, 2017.

 


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Interview de Sixtine de Saint-Léger, responsable des expositions pour le Musée Maillol,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 septembre 2017, durée 10'56". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
David Breslin,
conservateur et directeur de collection de la famille DeMartini au Whitney Museum of American Art, New York
Carrie Springer,
conservatrice adjointe au Whitney Museum of American Art




Initiée par la célèbre sculptrice et mécène Gertrude Vanderbilt Whitney (1875-1942), la collection du Whitney Museum of American Art de New York offre une véritable anthologie de l’art américain du XXe siècle. Cette collection comporte des pièces maîtresses du « Pop Art ». Peintures, sculptures, estampes... une soixantaine de ces oeuvres seront présentées pour la première fois à Paris, au Musée Maillol du 22 septembre 2017 au 21 janvier 2018.

Des figures majeures du mouvement Pop Art, Robert Rauschenberg et Jasper Johns, aux sculptures et toiles monumentales de Claes Oldenburg, Tom Wesselmann, James Rosenquist et Alex Katz, en passant par les peintures et sérigraphies d’Andy Warhol, les oeuvres de Jim Dine et de Roy Lichtenstein, l’exposition illustre le Pop Art dans l’art américain de l’après-guerre, du début des années soixante à la fin des années soixante-dix. Si l’exposition convoque ses plus grands représentants, elle permet également de découvrir des artistes américains moins connus en France (George Segal, Rosalyn Drexler, May Stevens, John Wesley...).

L’ensemble des oeuvres réunies au musée Maillol présente ainsi des techniques et propositions artistiques variées et révèle ainsi la diversité des approches rassemblées sous le terme générique et pratique de « Pop Art ».



Le Pop Art américain

Au début des années soixante, les États-Unis voient émerger en l’espace d’une décennie une génération d’artistes en réaction à l’expressionnisme abstrait qui domine à l’époque. La société de consommation se développe parallèlement à la croissance économique. C’est dans ce contexte que le Pop Art va émerger. Les artistes du courant Pop représentent généralement les objets du quotidien et les signes de la culture de masse populaire, recourant aux techniques employées dans la publicité, la bande dessinée, convoquant des éléments textuels... Ce mouvement artistique se caractérise aussi par ses aplats de couleurs uniformes dans des tons francs, intenses, tranchants, selon une technique qu’on appellera le hard-edge. Il affirme sa croyance en la puissance des images, et c’est souvent avec humour, parfois avec ironie, qu’il se réapproprie des figures iconiques comme Jackie Kennedy ou Marilyn Monroe et dépeint « the American way of life » pour le célébrer et le critiquer en même temps.

« Le Pop Art regarde le monde, il semble accepter son environnement qui n’est ni bon ni mauvais, mais différent. Un autre état d’esprit », commente Roy Lichtenstein.

« Le Pop est tout ce que l’art n’est plus depuis deux décennies. Il s’agit véritablement d’une volte-face, un retour à une communication visuelle représentative, se déplaçant à une vitesse ébouriffante dans des modèles récents et pointus. C’est un brutal retour en arrière vers le Père, après une exploration abstraite de l’Utérus pendant 15 ans. Le pop art est un ré-engagement dans le monde. C’est se débarrasser de la bombe. C’est le Rêve Américain, optimiste, généreux et naïf… » résume à sa façon Robert Indiana.



Le Whitney Museum of American Art, une institution muséale pour l’art américain

Le Whitney Museum of American Art a été fondé par la sculptrice Gertrude Vanderbilt Whitney en hommage aux artistes américains. Au début du XXe siècle, les artistes novateurs éprouvent les plus grandes difficultés à exposer et vendre leurs oeuvres aux États-Unis. Dès 1907 et jusqu’à son décès en 1942, Gertrude Whitney consacrera sa vie à acquérir et exposer leur travail : c’est l’une des plus grandes mécènes d’art américain contemporain de son époque.

En 1914, elle fonde le Whitney Studio à Greenwich Village, où elle organise des expositions d’artistes américains vivants dont les oeuvres sont ignorées par les institutions artistiques traditionnelles. En 1929, elle offre une collection de plus de 500 oeuvres au Metropolitan Museum of Art. Après avoir essuyé un refus, elle établit son propre musée avec une mission radicalement novatrice : se concentrer exclusivement sur l’art et les artistes de son pays. Le Whitney Museum of American Art, fondé en 1930, s’installe en 1931 à Greenwich Village.

En 1954, le musée est déplacé vers un site plus important sur West 54th Street. En 1963, les locaux étant à nouveau insuffisants, un bâtiment dessiné par Marcel Breuer est construit sur Madison Avenue pour héberger la collection du musée de 1966 jusqu’au 20 octobre 2014. Dans un souci de grande modernité, un nouveau bâtiment du Whitney Museum construit par Renzo Piano, situé au 99, Gansevoort Street, ouvre ses portes à un public enthousiaste.

Aujourd’hui, la collection du Whitney Museum est riche de plus de 23 000 oeuvres, créées par plus de 3 300 artistes aux XXe et XXIe siècles.



Pop Art - Icons that Matter, par Carrie Springer

À la fin des années 50, à l’époque où l’expressionnisme abstrait est à son apogée et domine la scène artistique, quelques artistes se démarquent et entament une démarche radicalement différente. Le changement le plus manifeste est l’introduction dans leurs oeuvres d’objets et d’images de la vie quotidienne, en trois dimensions ou sous la forme de représentations réalistes. Au début, certains d’entre eux, comme Jasper Johns ou Robert Rauschenberg, conservent des éléments de contenu personnel et expressif, mais la plupart fait ensuite appel à une imagerie et à des objets plus impersonnels et de grande diffusion, en recourant souvent à l’art et aux méthodes d’impression de la publicité ou en imitant l’aspect et la texture d’objets produits en série. Ce mode de représentation d’objets et d’images ordinaires de la culture de masse américaine est d’abord désigné sous différents noms, comme néo-dada ou nouveau réalisme, pour être finalement appelé aujourd’hui Pop art.

Les soixante-cinq oeuvres sélectionnées pour cette exposition, toutes conservées dans les collections permanentes du Whitney Museum, offrent un panorama de la diversité du Pop art à partir des années 1960 et 1970. Depuis près de soixante ans, le Whitney Museum of American Art joue un rôle majeur dans la présentation et la mise en contexte du Pop art aux Etats-Unis. Le champ couvert par la présente exposition reflète plusieurs décennies de l’histoire de ce mouvement, du milieu des années 1960 jusqu’à 2015. De nombreuses oeuvres ont été acquises peu après la date de leur création, tandis que d’autres sont entrées au musée beaucoup plus tard, par le biais d’achats et de dons généreux.

L’importance du Pop art dans le contexte plus vaste de l’art américain est apparue encore plus clairement dans les expositions organisées et présentées par le Whitney Museum, qui ont sondé le mouvement dans des perspectives différentes.

« POP ART – Icons That Matter. Collection du Whitney Museum of American Art » poursuit l’exploration de cette diversité au sein même des collections du musée. Comme l’a relevé Lawrence Alloway dans son essai paru dans le catalogue American Pop Art (1974), « [Le Pop art] ne se serait pas développé spontanément dans différents lieux à la fin des années 1950 s’il n’avait pas été une réponse authentique à une situation historique ». Dans le sillage de l’après-guerre, les Etats-Unis connaissent une situation complexe dans les années 1960 et 1970. La croissance économique, l’abondance des biens de consommation et les développements de la technologie avaient conduit à une multiplication des images, sur les emballages, dans la publicité, dans la mise en page des affiches, revues et autres publications grand public, de même qu’à la télévision. Au reflet chatoyant offert par ces images – vêtements et voitures aux couleurs vives, mais aussi photos de stars ou de personnalités séduisantes – qui renvoyait à l’idée d’une vie aisée en Amérique, répondaient celles, parmi toutes les préoccupations politiques et sociales de l’époque, d’essais nucléaires, de campagnes pour le désarmement, des assassinats de John F. Kennedy et de Martin Luther King Jr, des tensions raciales, des contestations du Mouvement des droits civiques, de la guerre du Vietnam, des révoltes estudiantines, ou encore du mouvement ascendant en faveur des droits des femmes. La vision paradoxale dont les médias faisaient écho se retrouvait dans les diverses perspectives adoptées par les artistes, qui puisaient leur inspiration dans ces mêmes images et histoires.

Qu’elles soient divertissantes ou profondément cyniques, les oeuvres présentées dans « POP ART – Icons That Matter. Collection du Whitney Museum of American Art » offrent un panorama varié de l’esthétique pop en Amérique au cours des décennies 1960 et 1970. Au fur et à mesure de son histoire, cette collection s’est agrandie, elle a été étudiée à travers le prisme changeant du temps, une vision complexe a émergé, brouillant les frontières et éclairant notre compréhension des images qui ont frappé les artistes de cette époque.

Carrie Springer, Conservatrice adjointe au Whitney Museum of American Art, Co-commissaire de l’exposition