contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Morgane Tschiember” L'heure rose - il m'a suffi de naître pour te perdre un peu moins
au CAC - La Traverse, Centre d’art contemporain d’Alfortville

du 28 septembre au 18 novembre 2017



www.cac-latraverse.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Morgane Tschiember, le 28 septembre 2017.

2243_Morgane-Tschiember2243_Morgane-Tschiember2243_Morgane-TschiemberLégendes de gauche à droite :
1/  Morgane Tschiember, Dust Devil, 2015. Verre soufflé, béton, métal, poussières. Dimensions variables. ©Isabelle-Giovacchini. courtesy the artist.
2/  Morgane Tschiember, Open Space 5 (Half Pipe), 2016. Béton, néon. 41,5 x 39,5 x 24,2 cm. courtesy the artist.
3/  Morgane Tschiember, Shibari, 2015. Installations. Céramique polychrome, émail, vernis, corde de lin. Dimensions variables. courtesy the artist.

 


2243_Morgane-Tschiember audio
Interview de Morgane Tschiember,
par Anne-Frédérique Fer, à Alfortville, le 28 septembre 2017, durée 20'20". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l'exposition : Bettie Nin et Cédric Taling



La pensée de Morgane Tschiember est toujours en mouvement. Elle tourne et se déroule, à l'image de “l'heure rose” qui nous invite à un parcours esthétique dans le Temps... au coeur d'une exposition profondément sculpturale.

Une promenade c'est un temps et un regard

Bettie Nin - L'exposition « l'heure rose - il m'a suffi de naître pour te perdre un peu moins » est comme une promenade lyrique et plastique d'où surgissent des questions et des réponses sur le Temps. D'où vous est venue cette envie d'explorer le Temps ?

Morgane Tschiember - D'un sentiment très étrange et très intéressant que j'ai éprouvé dernièrement, dans une maison où il y avait des horloges avec des heures différentes, dans chacune des pièces, et que je me suis alors demandée ce qu'était le Temps... J'ai tout de suite réalisé que notre regard et notre perception du Temps changent sans cesse de siècles en siècles et d'années en années. Par exemple, quand il n'y avait pas d’électricité, c'était la longueur d'une bougie qui déterminait la longueur d'un acte au Théâtre. Aujourd'hui on a gardé les entractes mais oublié qu'ils étaient liés à la longueur des bougies de l'époque. On fait donc des actes dont on a oublié la signification de départ. Ensuite j'ai commencé à chercher autour de moi des éléments qui pouvaient m'indiquer une durée... Un jour, en allant au zoo avec ma fille... je me suis demandée si les serpents grandissaient toute leur vie. Et effectivement plus le serpent est long, plus il est âgé. La peau d'un serpent indique donc une durée. Il est surprenant de voir sur leur peau un motif qui se répète mais qui perd au fur et à mesure une information. Cela me fait penser aussi à un dessin, une écriture proche de celle d’un « sismographe » qui ne renverrait pas au mouvement de la terre mais à celui du temps, à moins que les deux soient liées. Dans l'exposition il y a des horloges différentes dans chaque salle.

BN - Ce ne sont pas vraiment des horloges au sens stricte mais plutôt des éléments qui nous donne une idée du temps, non ?

MT - Oui. par exemple, il y a un drône qui circule dans l'espace et filme de façon googlienne l'exposition. Il est l'oeil de l'ordinateur qui nous impose son propre temps de promenade.

BN - Car toute l'exposition a été pensée comme une promenade physique et métaphysique ?! Pourquoi ce choix de la promenade ?

MT - Car l'idée du temps est une question très importante dans une promenade. Une promenade c'est un temps et un regard. D'ailleurs, maintenant toutes mes expositions deviennent de grandes promenades…. des promenades dans la navigation de ma pensée.

BN - Et ce titre ? "l'heure rose"... qu'exprime-t'il ?

MT - J'avais envie d'un titre qui définisse un certain temps et qui englobe aussi tous les autres temps. Il devait évoquer le temps d'une naissance... celle de l'exposition en particulier... car quand on fait une exposition, les choses apparaissent au fur et à mesure et on ne sait finalement pas quelle forme elles vont avoir... Le rose est une couleur récurrente dans toutes mes expositions. Il a une présence très forte et, pour moi, il a quelque chose à voir avec cette notion de départ.

BN - Le sous-titre est un extrait d'un poème de Rainer Maria Rilke , “il m'a suffi de naître pour te perdre un peu moins...”

MT - Cette dernière phrase de ce poème « Portait intérieur » Je la trouve très forte symboliquement. Il y a encore cette idée de naissance et celle de la perte... de la perte d'un être qu'on aime par exemple, même si je ne sais pas pour qui Rilke l'a écrite. Il y avait la question de l'être en temps qu'être. Et pour moi qui suis heideggerienne, il y a le dasein... Comme l'exposition est une promenade et que le spectateur y est très actif, alors l'exposition renvoie à l'être.

BN - L'exposition est-elle, pour vous, un médium à part entière ? un moyen de communication en soi ?

MT - L’exposition est un médium. Même si j'aime que chaque objet ait une forme particulière et dialogue avec d'autres oeuvres, j'ai l'impression qu'une exposition globale permet d'amener beaucoup d'autres éléments. Une exposition permet de se poser des questions et de trouver des réponses au fur et à mesure qu'elle se fait. Les choses s'y construisent, comme dans un atelier et j'aime aussi ce rapport au temps du montage de l'exposition. C'est là que des choses peuvent se produire que des relations auxquelles je n'avais pas pensé apparaissent... comme des réponses.