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“Étranger résident” La collection Marin Karmitz
à la maison rouge, Paris

du 15 octobre 2017 au 21 janvier 2018



www.lamaisonrouge.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 13 octobre 2017.

2261_Marin-Karmitz2261_Marin-Karmitz2261_Marin-KarmitzLégendes de gauche à droite :
1/  Gisèle Freund, Adrienne Monnier, 1938. © Rmn - Grand Palais. Courtesy Collection Marin Karmitz, Paris.
2/  Dave Heath, Washington Square, New York City, 1960. © Dave Heath. Courtesy Collection Marin Karmitz, Paris.
3/  Lewis Hine, Little Orphan Annie in a Pittsburgh Institution, 1909. © Lewis Hine. Courtesy Collection Marin Karmitz, Paris.

 


2261_Marin-Karmitz audio
Interview de Paula Aisemberg, directrice de la maison rouge,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 13 octobre 2017, durée 16'48". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

La maison rouge poursuit son cycle d’expositions consacré aux collections privées. Après Artur Walther en 2015 et Bruno Decharme en 2014, c’est au tour de Marin Karmitz de dévoiler un ensemble important de sa collection, soit près de 300 oeuvres qui interrogent notre manière d’être au monde.

Cette collection, patiemment réalisée depuis une trentaine d’années, est la dernière réalisation et production de cet homme plus connu pour les films qu’il a aidé à mettre au monde et pour les salles de cinéma MK2 qui ont transformé les quartiers de Paris où elles se sont implantées.

Ayant commencé sa carrière comme cinéaste, c’est en cinéaste qu’il a imaginé la présentation des centaines de photographies, tableaux, sculptures, dessins, vidéos exposés à cette occasion.

L’exposition est un scénario qui entremêle plusieurs histoires. Comme toute collection, celle-ci forme un autoportrait en creux du collectionneur, chaque oeuvre nous en dit un peu plus sur ses centres d’intérêt, convergents ou divergents en apparence.

Au fil du parcours, la pratique du collectionneur se révèle, le choix des artistes qui l’ont ému, la constitution patiente d’ensembles cohérents d’un même artiste qu’il soit photographe ou plasticien, le dialogue continu instauré avec certains d’entre eux.

Les oeuvres évoquent également une époque (le XXe siècle et ses tragédies), des lieux (de l’Europe aux États-Unis) à travers différents médiums : la vidéo, la photographie, la peinture, le dessin, la sculpture et plusieurs installations de grande ampleur (Annette Messager, Christian Boltanski, Abbas Kiarostami, Chris Marker) où le noir et blanc dominent sans être exclusif.

Résolument personnelle, engagée, exigeante et pas toujours aimable, cette collection montrée pour la première fois, quasi intégralement, est exceptionnelle par la qualité des oeuvres et des ensembles qui la composent.

Les nombreux artistes présents ont pour point commun d’avoir été choisis et mis en scène par Marin Karmitz. Est-ce le seul ? Pendant le générique de fin, le spectateur aura tout loisir de répondre à cette question et d’imaginer sa propre histoire.





Extrait du texte de Erri de Luca publié dans le catalogue

« Mienne est la terre et étrangers et résidents vous êtes auprès de moi » (Lévitique/Vaikra, 25, 23)

Dans ce passage du troisième livre sacré, la divinité déclare qu’il n’existe ni propriétaires ni locataires, aucun titulaire d’une nationalité ni aucun réfugié. L’espèce humaine est un hôte auprès de la divinité, ici c’est son domicile.

Marin Karmitz se reconnaît dans la condition d’étranger et de résident. Il est né dans le premier siècle des grandes hémorragies d’êtres humains d’une terre à l’autre. Il est arrivé en France par la mer avec sa famille, après la guerre. Débarqués à Marseille, les Karmitz sont devenus citoyens français. Aujourd’hui, il peut mettre dans son tiroir la décoration de la Légion d’honneur, solennelle distinction de son deuxième pays, mais il reste un étranger résident.

Les arbres ont des racines, les hommes non. Ils les remplacent avec ce qu’ils sèment et ce qu’ils récoltent. Sa maison contient sa récolte. Marin Karmitz n’est pas un collectionneur, il n’a pas l’obsession acharnée de la série à compléter, le trouble de l’accumulation. Il recueille en fait des rencontres avec des oeuvres d’artistes. C’est le musée d’un homme, de celui qui marche le long d’une plage et trouve ce qui vient de la mer.

Cette exposition est un autoportrait composé de fragments, mais ce ne sont pas les tesselles d’une mosaïque, qui seules toutes ensemble rendent l’image. Ce sont en fait des masques sur le visage d’un homme. On voit ici une superposition des multiples traits de son visage, un ensemble de rencontres avec lui-même. En hébreu ancien, le singulier du mot visage n’existe pas, chacun en a de nombreux. Ici, sont exposés ceux de Marin Karmitz et ils n’y sont pas tous.