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“Albert Renger-Patzsch” Les choses
au Jeu de Paume, Paris

du 17 octobre 2017 au 21 janvier 2018



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 16 octobre 2017.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Albert Renger-Patzsch, Krabbenfischerin [Pêcheuse de crevettes], 1927. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, Paris. Acquisition en 1979. © Albert Renger-Patzsch / Archiv Ann und Jürgen Wilde, Zülpich / ADAGP, Paris 2017.
2/  Albert Renger-Patzsch, Gebirgsforst im Winter (Fichtenwald im Winter) [Forêt de montagne en hiver (forêt de sapins en hiver)], 1926. Galerie Berinson, Berlin. © Albert Renger-Patzsch / Archiv Ann und Jürgen Wilde, Zülpich / ADAGP, Paris 2017.

 


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Interview de Sérgio Mah, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 octobre 2017, durée 9'37". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire : Sérgio Mah, professeur à l’Universidade NOVA, Lisbonne



« […] le regard est subjectif ; il se concentre sur l’essentiel et délaisse complètement le superflu. L’appareil photographique, lui, a la charge de reproduire la totalité de l’image avec netteté et dans le format requis. Il ne différencie pas l’essentiel de l’accessoire. » Albert Renger-Patzsch, in Meister der Kamera erzählen wie sie wurden und wie sie arbeiten, Halle (Saale), 1937.

Indépendamment du rôle qu’il joua dans la Nouvelle Objectivité – mouvement artistique apparu en Allemagne au début des années 1920 –, Albert Renger-Patzsch (1897-1966) est aujourd’hui considéré comme l’une des figures les plus importantes et les plus influentes de l’histoire de la photographie du XXe siècle.

L’exposition entend rendre hommage à ce photographe hors norme et permet de redécouvrir la postérité d’une oeuvre nous invitant à réfléchir sur la nature de la photographie et sur son potentiel artistique et spéculatif dans le contexte de l’art et de la culture contemporaine.

D’une simplicité et d’une originalité extrêmes, la photographie de Renger-Patzsch a ceci de particulier qu’elle repose sur un style documentaire privilégiant la sobriété et l’immédiateté du réalisme, qui, pour lui, sont des caractéristiques fondamentales de la représentation photographique. Son oeuvre témoigne ainsi d’une approche technique et formelle rigoureuse, dans laquelle l’appareil photo n’intervient que pour intensifier notre vision et notre conscience de la réalité. Chez Renger-Patzsch, ce principe explique la démarche qu’il adopte mais, surtout, il justifie l’identité esthétique et conceptuelle de sa photographie en lui permettant de se distinguer nettement de l’héritage du pictorialisme et de l’expérimentalisme hybride qui caractérise les avant-gardes du début du XXe siècle.

Dans sa photographie et dans les divers textes où il développe ses idées, Renger-Patzsch montre sa détermination à exploiter les qualités intrinsèques du médium photographique. Il définit son objectif en ces termes : « Utiliser des moyens photographiques pour créer une photographie qui existe par sa nature même de photographie. » Ailleurs, il écrit que « Les yeux ne sont pas isolés de leur perception du monde. Au contraire, ils font partie de nos sens et, reliés au cerveau, ils nous permettent de connaître la chaleur, le froid, le vent, le bruit et les odeurs, et de construire rapidement une image remarquablement compactée du monde, dont la plasticité et la densité dépendent aussi de nos états émotionnels. La photographie réduit le monde en couleur à un rectangle en noir et blanc. Et logiquement, dans la mesure où c’est le moins prétentieux des moyens d’expression artistique, elle exige un goût rigoureux et une aptitude à l’abstraction, à l’imagination et à la concentration. »

Ces propos montrent, au-delà de l’exceptionnelle qualité de son travail et de sa pensée, combien Renger-Patzsch se distingue par sa manière de concevoir la photographie documentaire et d’en étendre l’horizon et la portée. Pour lui, les qualités descriptives et objectives de la photographie se combinent à des capacités esthétiques, poétiques et phénoménologiques qui contribuent à les exprimer.

Cette rétrospective entend dresser un panorama des grands thèmes, moments et genres qui ont marqué la production photographique de Renger-Patzsch ; elle se divise en trois périodes qui ont été fondamentales dans le déroulement de sa carrière : ses débuts, où il photographie des plantes pour les éditeurs Folkwang/Auriga, jusqu’à la profusion thématique et à l’éclectisme qui jouent un rôle décisif dans l’élaboration de son livre Die Welt ist schön [Le monde est beau ], paru en 1928 ; la période qui suit son installation à Essen, marquée par une intense créativité dans la région de la Ruhr et qui porte notamment sur des sujets associés à des lieux, des bâtiments et des objets industriels ; enfin, après la Seconde Guerre mondiale, l’intérêt nouveau qu’il se découvre pour la nature et les paysages, et en particulier pour les arbres et les rochers.

Réunissant près de 154 clichés, cette rétrospective est l’une des plus importantes consacrées à Renger-Patzsch à ce jour, et certainement celle qui rassemble le plus d’oeuvres provenant de collections institutionnelles ou privées : Stiftung Ann und Jürgen Wilde / Pinakothek der Moderne München (Munich), Folkwang Museum (Essen), Ludwig Museum (Cologne), Galerie Berinson (Berlin) et Centre Pompidou (Paris).





Parcours de l’exposition

Auteur d’une oeuvre monumentale, qui se déploie sur plus de quatre décennies, Albert Renger-Patzsch (1897-1966) fut le photographe le plus important au sein du mouvement artistique de la Nouvelle Objectivité, dans l’Allemagne des années 1920.

Son travail fut déterminant dans le processus d’affirmation et d’autonomisation de la photographie dans l’art moderne. Renger-Patzsch mit en oeuvre la rénovation du réalisme photographique. Précision technique et représentation exacte du sujet ; refus des expressionnismes et des stylisations picturales ; sens de la composition et attention aux détails, aux structures et aux formes des choses ; construction claire de l’image : ce sont là quelques unes des prémisses qui permirent à la photographie d’être reconnue comme le médium privilégié conduisant à une évolution à la fois artistique et perceptive. Ce nouveau type d’image, voire d’imaginaire artistique, trouve sa place dans une période historique marquée par l’industrialisation et le développement généralisé de la technologie.

Renger-Patzch fit valoir le rôle singulier de la photographie dans le panorama des arts de l’image de son temps en privilégiant ses propriétés intrinsèques, tout comme les possibilités créatives inhérentes au genre documentaire. Il renouvelle le réalisme photographique et contribue ainsi à élargir l’horizon de la perception et de la création de l’image. Sa capacité à articuler les composantes réalistes et objectives de la photographie avec ses potentialités esthétiques et poétiques permet à Renger-Patzsch de créer une oeuvre exceptionnelle à la fois d’une extrême simplicité et d’une grande originalité.

Cette exposition permet de montrer comment l’oeuvre très prolifique d’Albert Renger-Patzsch, traversant de multiples thèmes et genres photographiques, a généré une profonde réflexion sur les qualités et la pertinence de la photographie qui se prolonge encore aujourd'hui.

— Le dessin de la nature
— Du paysage vernaculaire à la ville moderne
— La vision des choses
— Paysages de la Ruhr. Topographie d’une transformation
— Architecture et objets industriels. Géométrie et sérialité
— L’avènement de la nature