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“Nalini Malani” La rébellion des morts. Rétrospective 1969-2018
au Centre Pompidou, Paris

du 18 octobre 2017 au 8 janvier 2018



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 17 octobre 2017.

2269_Nalini-Malani2269_Nalini-Malani2269_Nalini-MalaniLégendes de gauche à droite :
1/  Nalini Malani, Alleyway, Lohar Chawl [Ruelle, Lohar Chawl], 1991. Installation de cinq feuilles de Mylar transparent peintes au revers, pierres, 200 x 102 cm (chaque feuille). Collection privée. Photo : © Nalini Malani.
2/  Nalini Malani, All We Imagine as Light [Tout ce que nous prenons pour de la lumière], 2017. (Neuvième panneau), Polyptyque, Onze panneaux peints au revers, 183 x 100 cm (sans cadre), (chacun). Burger Collection, Hong Kong. Photo : © Anil Rane.
3/  Nalini Malani, Onanism [Onanisme], 1969. Film noir et blanc 16 mm transféré sur support numérique, 03 min 52 sec. Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris. Photo : © Nalini Malani.

 


2269_Nalini-Malani audio
Interview de Sophie Duplaix, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 octobre 2017, durée 17'59". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Sophie Duplaix, Conservatrice en chef, Musée national d’art moderne, chef du département des collections contemporaines
assistée de Jeanne Rethacker, Chargée de recherches, Musée national d’art moderne, département des collections contemporaines




Dans le cadre d’une collaboration exceptionnelle, le Centre Pompidou et le Castello di Rivoli accueillent la première rétrospective en France et en Italie de l'artiste indienne Nalini Malani. Présentée à Paris en 2017-2018, puis à Rivoli en 2018, cette rétrospective en deux volets couvre cinquante ans de création. Au Centre Pompidou, l’artiste présente des oeuvres réalisées entre 1969 et 2018, notamment sa dernière série de peintures All We Imagine as Light ainsi que Traces, une performance de dessin mural éphémère conçue pour l’espace d’exposition.

À travers un parcours de l'oeuvre de Nalini Malani à la fois non-chronologique et thématique, l'exposition évoque les concepts qui sous-tendent son travail : l’utopie, la dystopie, sa vision de l’Inde et de la place des femmes dans le monde. Les conséquences de la Partition de l'Inde en 1947 ont laissé de lourdes séquelles sur la famille de l'artiste, dont l'expérience traumatique en tant que réfugiée continue de nourrir la pratique.

Sa réflexion menée sur la subjectivité féminine et sa condamnation profonde de la violence – sous ses formes insidieuses ou plus ouvertes – sont un rappel constant de la vulnérabilité et de la précarité de l’existence humaine. Dans son oeuvre, l'artiste met en tension des héritages iconographiques et des stéréotypes culturels. Son point de vue est résolument urbain, internationaliste et impitoyable dans sa condamnation d'un nationalisme cynique qui exploite les croyances populaires.

Les collaborations de Nalini Malani dans la performance, le théâtre et l’édition avec des intellectuels tels que l’anthropologue et sociologue culturaliste Dr Arjun Appadurai, l’actrice Alaknanda Samarth, le danseur Buto Harada Nobuo et le metteur en scène Dr Anuradha Kapur, témoignent de sa quête permanente de formes interdisciplinaires, dans le but d’exprimer et d’explorer au mieux des sujets personnels et politiques. Nalini Malini provoque une confrontation temporelle et corporelle du passé, du présent et du futur ; une synthèse dynamique alliant mémoire, fable, vérité, mythe, trauma et résistance. C’est ainsi que l’artiste a construit un langage remarquable d’imagination, de forme et de sens.

Inédits dans cette rétrospective, des films 16 mm en noir et blanc datant de 1969 à 1976 et récemment découverts, dont Still Life, Onanism et Taboo, sont présentés pour la première fois. À l'occasion de cette rétrospective, Nalini Malani réactive également une oeuvre spectaculaire des collections du Centre Pompidou : le « théâtre d’ombres/vidéo », Remembering Mad Meg (2007-2011).





Extrait - Sophie Duplaix - entretien avec Nalini Malani
Si l’humanité veut survivre au 21e siècle…

NM
: Dès le départ, mon oeuvre a été tournée vers les femmes. Je pense que c’est naturel, c’est une donnée de base, parce que les femmes ont un rapport au corps complètement différent de celui des hommes. Et les femmes occupent une position différente dans la société par rapport aux hommes, partout dans le monde. Les personnages féminins sont déjà présents dans mes premiers films expérimentaux en noir et blanc comme Still Life [Nature « vivante »] (1969), Onanism [Onanisme] (1969) et Taboo [Tabou] (1973). Dans mes oeuvres ultérieures, je travaille souvent avec des personnages féminins existants, issus de la mythologie, de la littérature ou de l’histoire, afin de revisiter selon un point de vue féminin l’histoire dominée par les hommes. C’est le cas dans des peintures comme Sita/Medea [Sita/Médée] (2006), Talking about Akka [Discussion à propos d’Akka] (2007) et Cassandra [Cassandre] (2009), ou dans mes oeuvres vidéo comme Mother India : Transactions in the Construction of Pain [Notre mère l'Inde : Transactions dans la construction de la douleur] (2005) et Remembering Mad Meg [Se souvenir de Margot la folle] (2007). Je conserverai jusqu’à la fin de mes jours ce point de vue et cet engagement féministes. Avec le temps, les femmes ont acquis dans quelques sociétés une certaine égalité avec les hommes, mais aujourd’hui, nous sommes encore trop loin du compte. À mon avis, comprendre le monde d’un point de vue féministe est un moyen essentiel pour envisager un avenir plus optimiste, si nous voulons réaliser quelque chose qui ressemble au progrès de l’humanité. Il est évident que nous suivons depuis trop longtemps un patriarcat linéaire, qui touche à sa fin mais qui tient obstinément à affirmer qu’« il n’y a pas d’autre solution. » Ou encore, si je veux dire les choses avec plus d’emphase, je crois que nous devons absolument remplacer l’homme tout-puissant par des sociétés matriarcales, si l’humanité veut survivre au 21e siècle…