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“Images birmanes” Trésors photographiques du MNAAG
au Musée Guimet, Paris

du 18 octobre 2017 au 22 janvier 2018



www.guimet.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Jérôme Ghesquière, le 18 octobre 2017.

2271_Images-birmanes2271_Images-birmanes2271_Images-birmanesLégendes de gauche à droite :
1/  Marcel Monnier (actif en Birmanie dans les années 1880), attribué à, Sans titre [Défilé de la rivière Thanlwin], 1880-1885. Inscription dans la photographie : 14. Épreuve à l’albumine sur papier contrecollée sur carton, montage : 277 x 370 mm, image : 192 x 239 mm. Acquisition avant 1982, AP15581. © Musée Guimet, Paris (dist. RMN-GP) / image MNAAG.
2/  J. Jackson (actif en Birmanie de manière indépendante de 1871 à 1884), Sans titre [Portrait d’une dame], avant 1875. Inscription dans la photographie : 102. Épreuve à l’albumine sur papier contrecollée sur carton, montage : 277 x 370 mm, image : 139 x 205 mm. Acquisition avant 1982, AP15614. © Musée Guimet, Paris (dist. RMN-GP) / image MNAAG.
3/  P.H. Brown ou Philip Adolphe Klier (actif en Birmanie de 1871 à 1911) Sans titre [La Shwedagon, Yangon], avant 1880. Épreuve à l’albumine sur papier contrecollée sur carton, montage : 277 x 370 mm, image : 190 x 238 mm. Acquisition avant 1982, AP15566. © Musée Guimet, Paris (dist. RMN-GP) / image MNAAG.

 


2271_Images-birmanes audio
Interview de Jérôme Ghesquière, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 octobre 2017, durée 28'13". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Sophie Makariou, Présidente du MNAAG, commissaire générale.
Jérôme Ghesquière, responsable des collections photographiques du MNAAG, commissaire de l’exposition.




Tandis qu’à l’arrière-plan, sur les monts et collines, les pagodes dégageaient des brumes leurs étincelantes aiguilles d’or, une épaisse et fluide substance laiteuse couvrait encore le lac. […]. Les spirales, les arabesques bleutées qui s’élevaient de ses nappes profondes demeuraient longtemps dans l’air et leurs formes, alors, étaient à demi-humaines. “La Vallée des rubis”. Joseph Kessel

Pour ce troisième rendez-vous avec la photographie ancienne, le MNAAG dévoile une centaine d’oeuvres photographiques, images exceptionnelles de la Birmanie de la deuxième moitié du 19e siècle, et rare corpus jamais exposé auparavant.

La sélection a été réalisée à partir de l’ensemble du fonds birman acquis par le musée en 1989 et complété de nouvelles acquisitions de 1992 à 2015 ou enrichi par des dons récents. Le propos vise – à travers le regard exclusivement européen – à observer la Birmanie à l’époque des colonies britanniques, à inviter à un voyage exploratoire qui offre un récit aux multiples visages et aux paysages inattendus, parfois sauvages ou raffinés. Au fil de l’exposition, se croisent témoignages de monuments du 19e siècle, dont ceux édifiés en bois, pour certains jamais reconstruits, scènes de la vie quotidienne et regards portés sur quelques minorités ethniques, souvenirs de danseurs ou rares témoignages de l’aristocratie, ponctués par l’élégance des femmes birmanes. C’est tout un monde qui s’offre entre mutations et permanences, entre diversité des ethnies ou des sujets, et profonde unité du traitement photographique (la totalité du fonds est réalisée sur épreuve en albumine sur papier).

Aux côtés de J. Jackson, l’un des auteurs majeurs des photographies du fonds initial du musée, citons également l’album de Felice Beato, pièce remarquable acquise en 2015 par le MNAAG, ainsi que les épreuves du photographe allemand Philip Adolph Klier, lequel installa son studio à Rangoun dans les années 1870.

Un catalogue en coédition avec Cohen & Cohen publiera la totalité du fonds birman du musée à l’occasion de l’ouverture de l’exposition, et constituera l’ouvrage de référence des collectionneurs et des amateurs ainsi qu’un remarquable livre d’art.





Un bouddhisme fervent
Le bouddhisme en Birmanie est une religion syncrétique dans laquelle le bouddhisme de tradition theravada a assimilé à ses rites le culte des esprits. De grands sanctuaires furent édifiés à Pagan, Mandalay ou encore Rangoun (actuelle Yangon), encore en activité, ils attirèrent l’intérêt des photographes étrangers du 19e siècle par leur taille, la pureté de leurs lignes. Ainsi, dans un pays où la proportion de moines bouddhistes était – et demeure aujourd’hui encore – la plus forte au monde, il est tout naturel que les photographes cherchant à illustrer les traits les plus caractéristiques de la Birmanie aient consacré nombre de leurs sujets à divers aspects de la vie monastique. À l’évidence frappés par l’apparence vénérable de ces hommes ayant fait voeu de pauvreté à l’image du Bouddha, choisi une vie austère tout entière dévolue à l’étude, à l’enseignement et à la diffusion de la Loi bouddhique, les photographes ont su capter l’image des moines dans leurs tâches quotidiennes, les magnifier dans l’univers des temples.

La fin d’un monde
La plupart des photographies de Mandalay furent prises après l’abandon de la capitale par Thibaw, dernier roi de la dynastie des Konbaung, avec le parachèvement de la domination britannique (1885). Dès lors, palais et monastères royaux sont autant des coquilles vides. De même, peu de costumes ayant survécu aux destructions nous sont parvenus, précieux témoignages du raffinement d’une cour qui avait été, en son temps, l’une des plus brillantes d’Asie du Sud-Est. Les photographies de Jackson & Bentley, de Felice Beato n’en sont que plus précieuses. Elles nous offrent une vision – emprunte de nostalgie – de grands personnages de la cour peu avant sa disparition. La mise en scène toute classique, héritée de la tradition des portraits européens, retenue par Jackson & Bentley immortalise les notables birmans dans un décor occidental ; à l’inverse Beato a préféré une mise en contexte « exotique », artificielle, en réunissant des nattes de bambou tressé autour du haut fonctionnaire assis selon l’usage birman.

Musiques et danses
À la croisée des musiques chinoise, indienne et thaïlandaise la musique birmane accompagne les rituels religieux, les danses de cour et le théâtre traditionnel ou de marionnettes. Associés à ces festivités, souvent de plein air, les danseurs évoluent symétriquement dans l'espace. La présence des musiciens à leurs côtés indique qu'il existait une complémentarité visuelle entre les deux arts au sein d'un même spectacle. Les costumes des musiciens ne rivalisant pas avec la richesse et le raffinement de ceux des danseurs, les photographes les ont également portraiturés séparément, afin de montrer dans un cas la diversité des instruments de musique utilisés et dans l'autre la qualité des textiles en usage lors de ces représentations, à laquelle la collection du musée fait écho.

Une mosaïque vivante
La population birmane se compose de plus d’une centaine de groupes de populations diverses, faisant usage d’un grand nombre de langues et dialectes. Majoritaires, les Bamars sont concentrés dans la plaine de l’Irrawaddy, à l’ouest de Rangoun, alors que les autres groupes occupent les régions frontalières du pays. Les aléas de l’histoire on recomposé sans cesse la géographie humaine du pays. Felice Beato a consacré une importante partie de son oeuvre à la photographie de ces différentes populations : Chin, Kachin, Karen ou encore Shan parmi de nombreuses autres. Contrairement à certains photographes, il les a souvent saisis dans leur environnement naturel sans excès de mise en scène ou d’arrangement vestimentaire. Les populations apparaissent ainsi face à la chambre photographique traitées avec un souci d’authenticité et de dignité.

Une longue plaine cernée de hautes montagnes
La Birmanie se compose d’une longue plaine en son centre bordée de reliefs orientés selon un axe nord-sud. L’Inde l’encadre à l’ouest, au nord ce sont les contreforts de l’Himalaya, à l’est la Chine, le Laos et la Thaïlande, enfin au sud s’étale la mer d’Andaman. Deux importants fleuves, l’Irrawaddy en son centre et la Salween à l’est, partagent le pays dans le sens longitudinal avant de se jeter dans la mer. Ils irriguent de vastes rizières, principale ressource agricole du pays avec la canne à sucre qui, en dépit des efforts des autorités, rivalise alors avec la culture de l’opium. Dotée d’importantes ressources naturelles (gaz, bois précieux), la Birmanie est associée aux pierres précieuses – rubis, saphir, diamant et jade – dont la prodigieuse beauté n’est pas légendaire : « Ainsi, depuis le fond des âges, ces pierres, sorties toutes brûlantes de la forge du monde, attendaient que l’homme se penchât sur elles pour orner de leur éclat ses dieux, ses princes, ses idoles et ses courtisanes. » (Joseph Kessel).

Les photographes
J. Jackson (actif en Birmanie de 1865 à 1915) ouvre dès 1865 avec Bentley, un ancien soldat britannique comme lui, un studio qui compte parmi les plus anciens de Rangoun. Il s’associe de 1885 à 1890 avec Philip Adolphe Klier, d’où la difficulté récurrente d’attribution des photographies entre les deux hommes.
Philip Adolphe Klier (vers 1845-1911), d’origine allemande, débute sa carrière en 1871 à Moulmein, première capitale britannique en Birmanie, mais vers 1880 lui préfère Rangoun, coeur de la vie administrative et commerciale du pays. D’une grande variété de sujet, son oeuvre est synonyme de professionnalisation de la photographie : numéro de négatif, titre et signature sont systématiquement inscrits dans l’image.
Felice Beato (1832-1909) britannique originaire de l’île de Corfou, commence sa carrière dans un studio à Constantinople. Après la Crimée en 1855, il parcourt plusieurs pays d’Asie : Inde (1858), Chine (1860), Japon (1863), Corée (1871), Birmanie (1886). Ses photographies prises au Japon, délicatement coloriées, firent sa notoriété.





Autour de l’exposition :


Lecture et rencontre littéraire
Vendredi. 27 octobre à 13h, 5/4€ dans le Salon Pelliot, hôtel d’Heidelbach


Une histoire birmane de George Orwell
« Le fonctionnaire maintient le birman à terre pendant que l’homme d’affaires lui fait les poches ». Flory, jeune marchand de teck britannique désabusé par l’Empire est confronté à l’inanité des jours qui passent entre l’impossibilité de nouer des liens forts avec son ami indien et l’hostilité latente des autres européens du district de Kyauktada. Une existence bouleversée par l’arrivée d’Elizabeth Lackersteen…

Orwell, le plus birman des écrivains anglais ?
La rencontre littéraire sera l’occasion de prolonger la lecture d’Une histoire birmane en revenant sur le parcours de George Orwell, indissociable de ses écrits. De ses cinq années en tant que sergent posté en Birmanie, Eric Arthur Blair a tiré une oeuvre puissante, reflet de son anti-impérialisme. Quel est l’héritage de celle-ci vis-à-vis de la littérature birmane ?


Journée particulière birmane
Samedi 28 octobre 2017


Première Journée particulière consacrée à un pays, notre rendez-vous du 28 octobre propose de prolonger l’exposition Images Birmanes. Trésors photographiques du MNAAG en approfondissant plusieurs de ses thèmes : une occasion rare d’en apprendre davantage sur un pays qui s’ouvre peu à peu et qui recèle d’infinis trésors, de l’architecture à la danse, de la peinture à la musique.