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“Photographisme” Klein, Ifert, Zamecznik
au Centre Pompidou, galerie de photographies, Paris

du 8 novembre 2017 au 29 janvier 2018



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 16 novembre 2017.

2288_Photographisme2288_Photographisme2288_PhotographismeLégendes de gauche à droite :
1/  Gérard Ifert, Effets optiques (Recherche sur le mouvement - sujet mobile), 1952. Épreuves gélatino-argentique. Collection Gérard Ifert, promesse de don au Centre Pompidou. © Gérard Ifert.
2/  William Klein, Sans titre, 1952-1961. Épreuve gélatino-argentique, 30.1 x 23.1 cm. Archives William Klein. © William Klein.
3/  Wojciech Zamecznik, Étude pour l'affiche de la 8ème Exposition de la Photographie Polonaise, 1959. Épreuve gélatino-argentique, 29.2 x 20.1 cm. Collection Centre Pompidou, Paris. © J.&S. Zamecznik / Archeology of photography Foundation.

 


2288_Photographisme audio
Interview de Julie Jones, co-commissaire l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 novembre 2017, durée 20'36". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Karolina Ziebinska-Lewandowska Conservatrice, Cabinet de la photographie, musée national d’art moderne
Julie Jones, attachée de conservation, Cabinet de la photographie, musée national d’art moderne




Le Centre Pompidou consacre une exposition inédite à l’histoire des relations entre photographie et arts graphiques. Amorcé au début du 20e siècle, le dialogue entre ces deux disciplines se fait très intense entre 1945 et 1969 et renforce son caractère expérimental. L’exposition présente sur ce thème une centaine de photographies et de documents inédits, issus de la collection du Centre Pompidou et de collections privées et publiques internationales.

Souvent méconnues, ces oeuvres éclairent un pan important de l’histoire des relations entre les expérimentations photographiques et les arts graphiques dans les années d’après-guerre. Si plusieurs graphistes s’essaient alors à la pratique du photomontage, d’autres affectionnent plutôt l’abstraction formelle permise par la photographie. Les acteurs de cette sensibilité plastique, aux états-Unis et en Europe, sont inspirés par les préceptes du Bauhaus. Cette école, fondatrice de l’alliance entre beaux-arts et arts appliqués, avait pensé le créateur comme un agent social au service de l’expression dynamique du contemporain. Les ouvrages des personnalités associées à cette avant-garde, tel László Moholy-Nagy ou György Kepes s’imposent comme des sources d’influence fondamentales pour ces graphistes-photographes d’après-guerre. Leurs expérimentations – photomontages, photogrammes, dessins lumineux - vivent à travers la publicité, l’édition, le disque…

Dans cette lignée, des innovateurs aussi divers que Gérard Ifert (Bâle, 1929), William Klein (New York, 1928) ou Wojciech Zamecznik (Varsovie, 1923-1967) inventent, entre les années 1950 et 1960, de nouvelles formes d’expressions « photo-graphiques ». Ces trois personnalités, actifs dans des domaines d’application distincts, opèrent néanmoins dans des contextes culturels assez proches, marqués non seulement par l’héritage du Bauhaus, mais également par celui de l’art concret et par les développements contemporains de l’abstraction gestuelle ou du cinétisme. Au moyen de captations des vibrations lumineuses, d’effets de montage et de jeux de couleurs, ils s’attachent à retranscrire les sensations dynamiques de leur temps : vitesse, expérience de la foule, mobilité.





L’exposition

« Ce qui rapproche le design graphique, la scénographie, la photographie et le cinéma, est cet intérêt que nous portons à toute création liée au développement de la technologie et à celui d’un langage artistique contemporain. » Wojciech Zamecznik (1961)

Le dialogue entre photographie abstraite et arts graphiques, amorcé au début du 20e siècle, est particulièrement fécond pendant les deux décennies qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est abordé ici à travers la présentation de trois ensembles emblématiques : les études de représentation de la mobilité par Gérard Ifert (Bâle, 1929), les explorations dynamiques de Wojciech Zamecznik (Varsovie, 1923-1967), et les premiers photogrammes que William Klein (New York, 1928) réalise dans les années 1950. Ces trois personnalités, actives dans des champs professionnels et artistiques distincts, opèrent néanmoins dans des contextes culturels assez proches, marqués non seulement par l’héritage du Bauhaus, mais également par celui des développements contemporains de l’abstraction gestuelle ou des premières expérimentations cinétiques. Leurs expérimentations – études de vitesse, photogrammes, dessins lumineux – sont utilisées comme illustrations dans la publicité, l’édition ou encore par l’industrie du disque. Au moyen de captations photographiques de vibrations lumineuses, d’effets rythmés de montage et de jeux de couleurs, tous trois s’attachent à retranscrire, grâce à leurs fantastiques esprits d’inventeurs, les sensations dynamiques caractéristiques de l’environnement industriel, telles la vitesse, l’expérience de la foule ou l’ultra-mobilité.


Gérard Ifert – Esprit inventeur
Né à Bâle en 1929, Gérard Ifert suit des études de graphisme à l’Allgemeine Gewerbeschule (aujourd’hui Schule für Gestaltung). Plusieurs de ses professeurs, comme Armin Hofmann, y défendent une conception du graphisme héritière du Bauhaus, dans laquelle la photographie occupe une place de choix. Pierre Boucher, qui engage Ifert à son arrivée à Paris pour travailler dans la cellule communication du plan Marshall, poursuit cette première sensibilisation au « photo-graphisme ». Dès 1950, Ifert s’adonne à la photographie en amateur : outre des photographies de rues ou des vues rapprochées d’architecture, il réalise d’innovantes études de mouvement, où sont exploités les rendus graphiques d’objets mobiles ou tout simplement du bougé de l’appareil. Généralement réalisées en préparation de projets graphiques ou scénographiques, ces expérimentations sont, dans leur premier état, rarement montrées de leur temps. Quelques-unes d’entre elles sont néanmoins présentées en Suisse dès 1953, lors de l’exposition « Fotografie unserer Zeit », puis au MoMA de New York en 1960 à l’occasion de l’exposition « The Sense of Abstraction ».

Wojciech Zamecznik – L’abstrac tion libératrice
Au début de l’année 1956, Wojciech Zamecznik (1923-1967), architecte de formation, designer et graphiste de métier, réalise ses premières compositions lumineuses au moyen d’une lampe de poche qu’il bouge devant l’appareil photographique. La liberté de ce geste marque symboliquement la fin du réalisme socialiste en Pologne, qui ouvre alors la voie à un retour aux pratiques avant-gardistes, notamment à l’abstraction. Depuis le milieu des années 1940 déjà, puis tout au long des années 1950 et 1960, Zamecznik se distingue par une exploration du vocabulaire de la photographie moderne : superpositions, vues en diagonale, contre-plongées, recherches d’effets géométriques et lumineux, captations d’objets ou d’individus en mouvement, inversion des valeurs positif-négatif, application de trames, déformation, colorisation, réduction des tonalités, photogrammes…Dès 1954 l’artiste introduit régulièrement ces recherches dans des projets graphiques : affiches, brochures, pochettes de disques, génériques de films ou projets de livres. Persuadé de l’efficacité de cette approche, il l’enseigne à partir de 1960 à l’Académie des beaux-arts de Varsovie, au sein de l’atelier nommé « design photo-graphique ».

William Klein – Peindre avec la lumière
À vingt ans, l’américain William Klein s’installe à Paris. Il fréquente l’atelier de Fernand Léger et se consacre à la peinture. Il s’intéresse aussi au graphisme et c’est dans ce cadre qu’il commence, tout au début des années 1950 à expérimenter, avec le photogramme, cette image obtenue directement sur le papier photosensible, sans appareil. Très vite, Klein dépasse le répertoire iconographique classique de cette technique et oriente ses recherches vers la représentation abstraite du mouvement. Il invente alors un dispositif de masquage partiel du papier avec une feuille de carton dans laquelle sont découpées des formes géométriques, qu’il bouge pendant l’exposition. Les résultats obtenus servent d’illustrations à divers projets graphiques, dont une vingtaine de couvertures de la revue italienne d’architecture Domus, ou des pochettes de disques. Klein les utilise également pour des projets de décoration intérieure, comme il aime parfois les agrandir et les coller sur des panneaux de bois de très grand format. Dès 1953, ces derniers sont exposés à Bruxelles, à la galerie Apollo, et au Salon des réalités nouvelles à Paris.





Extrait du catalogue – coédition Centre Pompidou & Éditions Xavier Barral

Photographisme par Julie Jones, co-commissaire de l’exposition

L’exposition Photographisme, Klein, Ifert, Zamecznik au Centre Pompidou et le présent ouvrage proposent une ébauche de généalogie et d’histoire d’un courant observé dans les deux décennies qui suivent la fin de la Seconde guerre mondiale, qui repose sur un dialogue expérimental entre graphisme et abstraction photographique. Ce courant est abordé ici à travers la présentation de trois ensembles emblématiques : les premiers photogrammes que William Klein (New York, 1928) réalise dans les années 1950, les études de représentation de la mobilité par Gérard Ifert (Bâle, 1929), ou les explorations dynamiques de Wojciech Zamecznik (Varsovie, 1923-1967). Ces trois personnalités, actives dans des domaines d’application distincts, opèrent néanmoins dans des contextes culturels assez proches, marqués non seulement par l’héritage du Bauhaus, mais également par celui des développements contemporains de l’abstraction gestuelle ou des premières expérimentations cinétiques. Au moyen de captations photographiques de vibrations lumineuses, d’effets rythmés de montage et de jeux de couleurs, tous trois s’attachent à retranscrire, grâce à leurs fantastiques esprits d’inventeurs, les sensations dynamiques caractéristiques de l’environnement industriel, telles la vitesse, l’expérience de la foule ou l’ultra-mobilité.

L’apparition de ce graphisme « dynamique » est largement due, dans les années 1920 et 1930, à la modernisation de la photographie. Les appareils deviennent plus petits, plus maniables, plus faciles d’utilisation. Ils permettent à tous de créer sans difficulté des effets spectaculaires telles des plongées, des contre-plongées, des images d’actions rapides, et facilitent la pratique du photomontage. Les artistes d’avant-gardes – pour la plupart gagnant leur vie en tant que graphistes – s’adonnent sans complexe à cette nouvelle photographie. L’enjeu est alors d’inventer un langage visuel apte à retranscrire les stimulations visuelles et sonores de l’environnement contemporain. Ce dialogue entre photographie et arts graphiques sera particulièrement fécond pendant les vingt-cinq ans qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si, en pratique, c’est surtout le photomontage qui s’impose, certains affectionnent plutôt l’abstraction formelle. Photogrammes et dessins lumineux, obtenus grâce à d’innovantes expérimentations, sont appliqués à la publicité, à des affiches d’événements culturels, à des couvertures d’ouvrages ou à des pochettes de disques. Les acteurs de cette nouvelle sensibilité plastique, aux États-Unis comme en Europe, sont pour nombre d’entre eux formés ou inspirés par les préceptes du Bauhaus allemand. Cette école, fondatrice de l’alliance entre beaux-arts et arts appliqués, avait pensé le créateur comme un agent social au service de l’expression dynamique du contemporain. [...]