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“Et 1917 devient Révolution…” article 2297
à l’Hôtel national des Invalides, Paris

du 18 octobre 2017 au 18 février 2018



www.bdic.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Alain Blum, co-commissaire de l'exposition, le 29 novembre 2017.

2297_Revolution-19172297_Revolution-19172297_Revolution-1917Légendes de gauche à droite :
1/  Lénine à la tribune, 24 octobre 1917. Photographie, retirage, (1960-1970). BDIC.
2/  M. Bobychov, ”La Vierge Révolution“. 4ème de couverture de Bitch, ”heb­domadaire satirique et humoristique“, n° 28, 18 juillet 1917. BDIC.
3/  Train de propagande ”Révolution d’Octobre“, octobre 1919, Toula. Photographie, retirage (1960-1970). BDIC.

 


2297_Revolution-1917 audio
Interview de Alain Blum, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 29 novembre 2017, durée 26'29". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires d’exposition :
Carole Ajam, Conservatrice des bibliothèques, respon­sable du secteur russe, BDIC.
Alain Blum, Directeur de recherches à l’INED et direc­teur d’études à l’EHESS
Sophie Coeuré, Professeure d’histoire contemporaine à l’Université Paris Diderot – Paris 7, UFR GHES
Sabine Dullin, Professeure d’histoire contemporaine à Sciences Po et chercheur au Centre d’histoire de Sciences Po




Pour le centenaire de 1917, la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) présente à l’automne prochain une exposition consacrée à la Révolution russe : ”Et 1917 devient Révolution…“

Février 1917. Le tsar Nicolas II, dernier des Romanov, abdique sous la pression de tout un peuple épuisé par la guerre. Naissent les soviets, organes de la nouvelle démocratie révolutionnaire, tandis que s’organise un gouvernement provisoire. Un temps d’incertitudes s’ouvre.

Octobre 1917. Les bolcheviks prennent le pouvoir au nom des soviets et renversent le Gouvernement provisoire de Kerenski. Avec les décrets sur la paix, la terre, le contrôle ouvrier et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ils entendent ouvrir une nouvelle ère.

Janvier 1918. La réunion de l’Assemblée constituante, dernier espoir d’une révolution démocratique est violemment dispersée. Les bolcheviks ont définitivement tout le pouvoir entre leurs mains.

Mars 1918. La paix séparée est signée avec l’Allemagne. La guerre civile se déchaîne. De l’Ukraine à l’Arménie, les nations tentent dans la tourmente d’affirmer leur indépendance.

En France, dès le printemps 1917, l’opinion, la presse, les soldats au front se passionnent pour ”la grande lueur à l’Est“. En Russie, s’élabore le récit de la ”grande révolution d’Octobre“, événement qui marquera de très nombreux mouvements politiques et protestataires durant le XXe siècle.

Le centenaire des révolutions russes coïncide avec celui de la Bibliothèque musée de la Guerre, devenue Bibliothèque de documentation internationale contemporaine qui d’emblée a eu pour objectif de collecter directement sur le terrain des documents originaux produits dans le feu des événements.





Une exposition événement
Des documents uniques - affiches, tracts, films, photographies, presse illustrée, objets collectés à chaud pendant les événements permettent de comprendre comment 1917 devient “révolution”, bouleversant l’univers politique, économique, social de millions d’hommes, de femmes et d’enfants en Russie, puis dans le monde entier. L’année 1917 en Russie a été revisitée depuis une vingtaine d’années par de nouvelles recherches historiques s’appuyant sur des archives inédites – intimes, iconographiques et audiovisuelles, notamment. C’est toute la complexité de l’événement qui sera restituée grâce au patrimoine exceptionnel de la BDIC et des institutions partenaires en France, Russie et Géorgie




Parcours de l’exposition

Section 1. Une révolution à vive allure

D’emblée, une plongée dans le tourbillon politique scandé par les moments révolutionnaires de Février et d’Octobre permet de revenir sur les crises de l’année 1917, de voir apparaître les images critiques d’un Ancien Régime jusqu’alors sacralisé, puis les figures de nouveaux acteurs et de nouveaux pouvoirs. L’effervescence démocratique ouverte par la chute du tsarisme renouvelle la production graphique, avec les revues, les affiches électorales, les cartes postales… Certaines photographies deviendront iconiques, des films rares donnent à voir la prise de parole de tout un peuple. L’année 1917 est celle de tous les possibles, suscitant rêves et espoirs mais aussi désillusions, puis violences. La manifestation des femmes, la formation du Gouvernement provisoire, celle du Soviet de Petrograd, l’abdication du tsar, la multiplication des lieux de pouvoirs, la longue préparation de l’élection d’une Assemblée constituante au suffrage universel sont autant d’événements ouvrant de multiples voies à la Révolution. Mais les crises et retournements de situation sont permanents. À l’été, le désastre de l’offensive russe sur le front Est, puis le putsch raté de Kornilov, éloignent une partie de la population du Gouvernement provisoire, renversé quelques mois après par Lénine et les bolcheviks. La dissolution de l’Assemblée constituante, le jour même de son ouverture, le 5 janvier 1918, ne laisse d’autre voie à la Révolution que celle imposée par les bolcheviks. Le « siècle soviétique » a débuté.

Section 2. La révolution armée
Les grandes crises de l’année 1917 sont toutes liées au conflit mondial dans lequel est engagée la Russie. En Février, défaites et pénuries entraînent la chute d’une monarchie délégitimée. Le Gouvernement provisoire ne parviendra jamais à trouver l’équilibre entre les exigences militaires des Alliés et le rejet de la guerre par le peuple. Les fronts se disloquent, le coup d’État bolchevique, la dispersion de la Constituante (5 janvier 1918) et la paix séparée de Brest-Litovsk (3 mars 1918) transforment la “guerre impérialiste” en guerre civile, alors que se construit l’Armée rouge. L’image, fixe ou animée, joue un rôle clé dans la mobilisation d’une population largement analphabète.

Section 3. Éclats d’empire et désirs de nations

Une prison des peuples, telle est l’image de la Russie des tsars en 1914, cet immense Empire multinational et colonial à cheval sur l’Europe et l’Asie. La révolution de Février ouvre la vanne des revendications sociales mais aussi nationales de l’Ukraine au Caucase, de la Finlande au Turkestan. De nombreuses régions de l’ancien Empire proclament leur indépendance, symbolisée par la floraison des billets de banque. La fin des discriminations, notamment à l’égard des Juifs, la prise d’indépendance précoce de la Pologne semblent augurer d’une refondation de la Russie comme nouvelle union des peuples. Mais le Gouvernement provisoire reste timide. Les périphéries se délitent dans la guerre. Suite à la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie centrale, les autonomies et les indépendances se multiplient, souvent défendues les armes à la main. L’occupation ennemie et la guerre civile entre bolcheviques et antibolcheviques contribuent aussi à faire éclater les territoires.

Section 4. Les révolutions Russes vues de France
Malgré les difficultés à correspondre et à voyager dans l’Europe en guerre, les Français qui vivent en Russie et les Russes présents en France réagissent aux événements extraordinaires que connaît leur pays. Fascinés ou critiques, les témoins français présents en Russie font des choix opposés, tout comme les soldats du Corps expéditionnaire russe en France. Une première image polémique de ces révolu­tions s’élabore dans l’opinion publique malgré les difficultés à correspondre et à voyager dans l’Europe en guerre.Au même moment, le baron de Baye, archéologue et ethnologue, est chargé d’une collecte documentaire à chaud, à l’origine des collections uniques de la BDIC. Envoyés par le gouvernement français pour freiner le défaitisme russe, Eugène Petit et Charles Dumas seront parmi les premiers témoins oculaires de gauche critiques du bolchevisme. Pierre Pascal et Jacques Sadoul choisissent de se mettre au service de la révolution d’Octobre.

Section 5. Commémorer et imaginer la révolution
D’abord il y eut la Révolution. Puis le mythe s’est substitué à la réalité. La révolution d’Octobre devint une célébration, une succession de fêtes commémoratives. Facteur d’unité, de légitimité et de mobilisation, les célébrations d’Octobre participent à la construction d’un nouvel imaginaire qui offre à la fois un récit du moment fondateur de 1917, une vision révolutionnaire du monde et une promesse d’un avenir meilleur. Cet imaginaire s’organise autour des thèmes et des personnages clés, peuplant deux univers irréconciliables, celui des Rougeset des Blancs, de la patrie du prolétariat et de son entourage capitaliste. Défilés et spectacles de masse, affiches et cartes postales, timbres et porcelaines, photographies et films de fiction – une multitude de gestes, de formes et de supports est déployée à l’occasion de chaque célébration. Dernière image de l’exposition, le défilé militaire de novembre 1977 sur la place Rouge nous rappelle que cette histoire demeure très contemporaine, et liée de bien des façons à notre présent.


Un catalogue d’exposition en coédition Le Seuil / BDIC accompagne l’exposition.