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“Nouvelle présentation des collections permanentes” article 2300
au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

à partir du 1er décembre 2017



www.mam.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 30 novembre 2017.

2300_collections2300_collections2300_collectionsLégendes de gauche à droite :
1/  Amedeo Modigliani (1884-1920), Femme aux yeux bleus, vers 1918. Huile sur toile, 81 x 54 cm. Legs du Docteur Maurice Girardin en 1953. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Domaine public. Crédit photographique : Eric Emo/Parisienne de Photographie.
2/  Georg Baselitz (1938- ), Meine Mutter, Madame Cézanne,1998. Huile sur toile, 400 x 300 cm Don de l'artiste en 2012, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. © Georg Baselitz. © ADAGP, Paris 2018. Crédit photographique : Eric Emo/Parisienne de Photographie.
3/  Alex Israel (1982-), Self-Portrait (Director's Chair), 2014. Acrylique et bondo sur fibre de verre, 243,8 x 231,4 x 10,2 cm. Don en 2015. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. © Alex Israel. Crédit photographique : Julien Vidal/Parisienne de Photographie.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

La lumière entre par de hautes baies vitrées, éclairant le sol de marbre. Le gigantisme de l'architecture fait ressembler le musée à celui d'un album de Tintin. L'exposition se parcourt d'abord comme un explorateur, les œuvres présentées dans les premières salles paraissent être des trophées exotiques ramenés de quelques chasses. Puis l'espace se referme, se fractionne en espaces communiquant entre eux en réseau, cassant la linéarité chronologique de la narration, égarant avec bonheur le visiteur dans l'histoire de l'art du XXéme siècle. On passe d'une époque à l'autre, change de thématique, on revient sur nos pas redécouvrir ce que l'on a admiré précédemment à la lumière d'un élément nouveau, imprévu.

Des couples se forment, des dialogues se nouent entre la brutalité du noir de Soulages et le bois nu de l'Orphée de Zadkine, dont la légèreté, malgré sa taille imposante, a été accentuée en posant la sculpture à même le sol. Les courbes d'un bronze de Jean-Gabriel Chauvin sont-elles inspirées par une photographie de coquillage d'Edward Weston ou est-ce l'inverse ? Un bureau de métal steampunk de Michel Dufet devant des photos Willy Zielke appartient au même monde que celles-ci, à la même furie mécanique, électrique, à cette modernité lancée comme une locomotive vers l'avenir.

L'érotisme lisse du Narcisse doré de Chauvin a la beauté d'une courbe parfaite comme seule la nature savait en produire. La sculpture, derrière sa prétendue abstraction, est une puissante provocation sexuelle, fascinant celui qui s'en approche et y prête véritablement attention, le dévorant comme une plante carnivore. Ce pendant féminin de la force musquée et sauvage du Minotaure de Picasso n'en est que plus redoutable.

Nous voguons de la liberté du trait dansant de Matisse aux dessins de Georges Rouault, puis vers la femme aux yeux bleus de Modigliani. Nous sommes témoins de la dispute entre la verticalité de l'enjôleuse de Van Dongen, sa superficialité aérienne et l'horizontalité grave du Nu à la toile de Jouy de Foujita. La petite parisienne espiègle de Chana Orloff nargue le portrait d'une mignonne fillette au regard droit et sérieux. Les formes cellulaires de Jean Arp évoluent pour devenir des plantes et des animaux chez Francis Picabia.

L'univers de Marcel Gromaire, tout en blocs carrés, rugueux, est un monde sombre, enfumé. Les hommes se pressant dans le vacarme des gares, se bousculant dans les faubourgs populaires, n'échapperont pas à leur destin. Ils partiront à la guerre pour finir dans les tranchées, leurs traits s'effacent peu à peu, ils se figent et prennent déjà la forme des monuments au morts qui les honoreront. Mais oublions ces horreurs avec l'onirisme Klimtien de Bonnard. Le cadre du miroir reflétant la femme à sa toilette ouvre dans la toile une nouvelle dimension, lui donne une profondeur infinie. Une brèche s'ouvre à travers le mur sur lequel la toile est accrochée comme une promesse d'évasion.

Des poupées enceintes de Hans Bellmer à la colère de Claude Cahun, le rythme s'accélère. Des accumulations d'objets aussi absurdes que désespérées mènent à un paroxysme orgasmique: la rage d'Arman détruisant une chambre. Vite vite ! il faut se dépêcher de ressentir, de crier avant que l'émotion ne devienne has been, qu'éclose une expérimentation de rayures, de cercles, de monochromes. Et puis arrive Baselitz avec la décontraction d'un justicier de cinéma, sa peinture au flingue. Je me demande même si il ne porte pas un chapeau de cow-boy quand il peint, et après avoir fini sa toile il repart vers le soleil couchant.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires : Sophie Krebs, Julia Garimorth, Choghakate Kazarian, Dominique Gagneux et Emmanuelle de l’Ecotais
Assistées de Anaïs Alax, Nadia Chalbi et Adélaïde Lacotte




Le Musée d’Art moderne de La Ville de Paris présente un nouveau parcours dans les collections permanentes donnant à voir les oeuvres phares du musée (Le Nu dans le bain de Pierre Bonnard, La Danseuse espagnole de Henri Laurens, les oeuvres de Sonia et Robert Delaunay, Léonard Foujita, Amedeo Modigliani, Marc Chagall, František Kupka, Raoul Dufy…) en regard d’oeuvres rarement exposées (Laure Garcin, Natalia Gontcharova, Chana Orloff, oeuvres figuratives de Auguste Herbin, ou Jean Messagier). En écho aux donations fondatrices de la collection, sont présentées les nouvelles acquisitions du musée : Otto Freundlich, Etienne Cournault, Léon Tutundjian, Karel Appel, Jean Atlan, Lucio Fontana, Man Ray ou Willi Baumeister.

Le parcours s’ouvre sur des oeuvres empreintes d’une gestuelle rapide et puissante que l’on réunit souvent sous l’étiquette « d’abstraction lyrique ». Les artistes présentés dans cette salle révèlent les orientations et la diversité de ce courant d’après-guerre. On y retrouve Hans Hartung, Pierre Soulages, Simon Hantaï, Zao Wou-Ki et Christopher Wool.

Des salles monographiques, présentant les fonds du musée, ponctuent ensuite le parcours avec des confrontations inattendues (Francis Picabia et Giorgio de Chrico). Un des temps forts de ce réaccrochage est incontestablement la présentation de la Suite Vollard, composée de 100 gravures réalisées par Pablo Picasso entre 1930 et 1937, présentée dans son intégralité.

Des salles thématiques proposent une relecture des courants traditionnels de l’histoire de l’art : la section « Cubisme, de Cézanne au papier peint », présente un focus sur le cubisme décoratif, tandis qu’une salle dédiée aux « Fauves, postimpressionnistes et autres coloristes » montre les différentes pratiques au début du siècle, confrontant les oeuvres fauves de Maurice de Vlaminck et celles de Raoul Dufy. « Cosmogonies abstraites » réunit l’abstraction des années 1920 et 1930, caractérisée par des pratiques hétérogènes teintées de mysticisme cosmique et biomorphique (Jean Crotti, František Kupka, Enrico Prampolini). Le parcours se poursuit par une salle dédiée à l’Ecole de Paris et une section « Les grands Indépendants », en référence à l’exposition de 1937 au Petit-Palais qui réunissait les artistes majeurs des avant-gardes devenus les grands maîtres de l’art moderne (Henri Matisse, Edouard Vuillard, Pierre Bonnard, Raoul Dufy, Albert Marquet). Une salle consacrée au réalisme, présente des artistes inclassables des années 20 qui pratiquent une peinture sans concession, en opposition au classicisme. Enfin, les sections « Spontanéistes et automatistes » ainsi que « Dalla natura all’arte » (en référence à l’exposition qui s’est tenue en 1960 au Palazzo Grassi de Venise) présentent la diversité des pratiques matiéristes des années 1950 et 1960 avec des oeuvres de Dubuffet, Etienne-Martin et Fontana.

Le parcours contemporain quant à lui s’articule autour de deux axes : les avant-gardes des années 1960 et la peinture dès les années 80.

Une première section présente le mouvement du Nouveau Réalisme (Arman, Gérard Deschamps, Raymond Hains, Yves Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jacques Villeglé…). Les artistes brouillent les frontières de l’art. Dans la lignée de Marcel Duchamp, le langage plastique se traduit par l’action de l’artiste sur cette réalité, tel un «recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire» (Pierre Restany).

Une autre salle est consacrée à l’abstraction géométrique. Des artistes tels que Martin Barré, François Morellet, Aurélie Nemours rejettent l’émotion individuelle et la spontanéité du geste artistique au profit d’un questionnement des données fondamentales de l’art: le format, la série, le support et la matérialité de l’oeuvre.

Sont également présentés les artistes d'Art conceptuel (Art & Language, Victor Burgin, Hamish Fulton, Jenny Holzer, Barbara Kruger, Lawrence Weiner …) dont les oeuvres sont définies non par les propriétés esthétiques, mais par leur concept. Prenant une grande distance à l'égard de l'objet dans l'oeuvre d'art, ils aboutissent à une activité artistique où l'utilisation du langage finit par être la condition nécessaire et souvent suffisante à l'existence de l’oeuvre. L’apparition, depuis les années 60, de formes artistiques conceptuelles a remis en cause le tableau classique et a fait reculer la pratique traditionnelle de la peinture. Depuis les années 80, on assiste à un fort renouveau de la peinture. Les artistes peintres affirment leurs positions et se démarquent par rapport à l’histoire de leur médium. Revendiquant un réel plaisir du geste, les peintres rassemblés ici (Per Kirkeby, Markus Lüpertz, Christopher Wool, A. R. Penck…) renouent avec la capacité expressive de la peinture tout en intégrant les acquis du passé.

Une sélection d’acquisitions récentes permet également d’explorer les tendances les plus actuelles de la jeune création française et internationale (Mathieu Mercier, Farah Atassi, Alex Israël, Harold Ancart…).

Enfin, jusqu’en février 2018 seront présentées des oeuvres de Jan Dibbets. Dans cet ensemble, capter les variations de lumière et interroger la perspective apparaissent comme deux principes régissant son oeuvre, cependant la variété des surfaces sur lesquelles l’artiste travaille rappelle la liberté que lui offre le médium photographique.

L'oeuvre Duo X (1976-2014) est notamment en cours d’acquisition grâce au dîner des Amis du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Cette acquisition est accompagnée d'une donation de dix pièces représentatives de son parcours.