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“Van Dongen et le Bateau-Lavoir” article 2342
au Musée de Montmartre, Paris

du 16 février au 26 août 2018 (prolongée jusqu'au 9 septembre 2018)



www.museedemontmartre.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 février 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Kees van Dongen, Les Lutteuses de Tabarin, 1908. Huile sur toile, 150,5 x 164 cm, Nouveau musée national de Monaco. © ADAGP 2018, Paris.
2/  Kees van Dongen, Deux yeux, 1911. Huile sur toile, 65 x 54 cm, collection particulière, courtesy Het Noordbrabants Museum, Bois-le-Duc. © ADAGP 2018, Paris.
3/  Kees van Dongen, Chinagrani (danseuse), 1906. Huile sur toile, 81,5 x 54,5 cm, Wassenaar, Museum Voorlinden, collection Caldic. © ADAGP 2018, Paris.

 


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Interview de Saskia Ooms,
responsable de la conservation au Musée de Montmartre et co-commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 février 2018, durée 18'20". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Anita Hopmans, responsable de recherche, spécialiste de Van Dongen, RKD – Institut Néerlandais d’Histoire de l’Art - La Haye
Saskia Ooms, responsable de la conservation au Musée de Montmartre




Dans le cadre de la saison culturelle néerlandaise en France « Oh ! Pays-Bas » (2017-2018), le Musée de Montmartre consacre une exposition au peintre néerlandais Kees van Dongen (1877-1968), du 16 février au 26 aout 2018, intitulée « Van Dongen et le Bateau-Lavoir ».

Le légendaire Bateau-Lavoir, situé Place Emile Goudeau à quelques pas de l’actuel Musée de Montmartre, et rendu célèbre par Picasso notamment pour y avoir peint Les Demoiselles d’Avignon en 1907, deviendra au début du XXème siècle le berceau de l’art moderne où se rencontrent et échangent, dans un esprit indépendant, Picasso, Derain, Vlaminck, Van Rees, Matisse, Apollinaire, Max Jacob et bien d’autres.

La légende d’un Montmartre bohême où souffle un vent de liberté révolutionnaire attire le jeune peintre Kees van Dongen qui y réside à partir de la fin de l’année 1905 jusqu’au début 1907.

Cette exposition entend montrer à quel point le court séjour de Kees van Dongen au Bateau-Lavoir fut déterminant pour l’évolution de sa carrière, par le choix d’oeuvres phares qui en illustrent les moments importants.






Parcours de l’exposition

Construite selon un parcours chronologique, l’exposition réunit près de soixante-cinq oeuvres de Kees van Dongen provenant de collections privées et des musées d’Allemagne, de Belgique, de France, de Monaco et des Pays-Bas. Parmi elles, on compte plus de trente huiles sur toile, une sélection des dessins et de photographies de la collection de l’association Le Vieux Montmartre, ainsi que des lithographies qui ont illustré le livre de Roland Dorgelès Au beau temps de la Butte paru en 1949. Des oeuvres d’Otto Van Rees et d’Adya Duthil, réalisées autour de 1905, seront aussi exposées pour évoquer la grande amitié qui liait les deux artistes.

Le parcours de l’exposition entend montrer l’influence de la période du Bateau-Lavoir sur la création du peintre. C’est l’Autoportrait (collection du Musée national d’art moderne/ CCI Centre Pompidou, Paris), réalisé en 1895, qui a été choisi pour ouvrir la séquence biographique de cet accrochage. Des oeuvres sur papier évoquent ensuite les débuts de Van Dongen comme illustrateur, en particulier une sélection de dessins autour du thème Petite histoire pour petits et grands nenfants parus dans l’Assiette au Beurre en octobre 1901.

Les Fêtards (1903, Musée d’Art moderne, collection Pierre et Denise Lévy, Troyes), Maison à Montmartre (1904, Rotterdam, Museum Boijmans Van Beuningen), Femme rattachant son jupon (ca. 1903), et Montmartre, le Sacré-Coeur (1904, Nouveau Musée national de Monaco) illustrent entre autres la période féconde de l’atelier de l’impasse Girardon (1900-1904).

Après avoir évoqué l’été à Fleury grâce à un ensemble d’oeuvres d’Otto van Rees dont Le Lit de Van Dongen (1905), Les Lieuses et L’épouvantail de Kees van Dongen, la période du Bateau-Lavoir (fin 1905 - début 1907) s’ouvre notamment sur Le Carrousel (Manège de cochons) (1905, Ancienne Collection Henri Matisse), Aux Folies Bergère (1906, Bruxelles, Archives du musée de la Littérature) et La Parisienne (1906).

Les Lutteuses de Tabarin (1908, Monaco, Nouveau Musée national de Monaco), ainsi que Nu à la corbeille de fleurs (vers 1908, musée d’Art moderne de la Ville de Paris) et Cavaliers au bois de Boulogne (1909, Le Havre, Musée d’art moderne André Malraux) ont été choisis pour éclairer la période des ateliers de la rue Lamarck et de la rue Saulnier (1908-1909).

Tandis qu’une salle est consacrée aux oeuvres sur papier, la section Van Dongen peintre mondain et l’éclat de la gloire permet de retrouver les portraits mondains dont Portrait de Madame Marie-Thérèse Raulet (vers 1925-1930, Musée des Beaux-Arts de Caen) ainsi que Portrait de Madame de Plagny (dit Femme à l’éventail) (1920, provenant du Musée de Grenoble).






Van Dongen et le Bateau-Lavoir, par Anita Hopmans - Extrait du texte du catalogue de l’exposition, éd. Somogy, 2017.

Il y a cinquante ans, en 1968, le peintre Kees van Dongen s’éteignait à Monaco, dans sa villa « Le Bateau-Lavoir », à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Né dans la ville portuaire de Delfshaven, près de Rotterdam, mais naturalisé français en 1929, il avait certainement baptisé ainsi la villa entourée d’orangers à cause de son emplacement à flanc de colline – de même que, dans la fameuse cité d’artistes, on accédait aux pièces du rez-de-chaussée par un escalier situé au dernier étage. Une façon aussi de rester fidèle à ses débuts. Van Dongen s’installe à Monaco en avril 1951 en compagnie de sa seconde épouse Marie-Claire Huguen et de leur fils Jean-Marie van Dongen. Il a gardé aussi longtemps que possible son dernier atelier parisien, 75, rue de Courcelles : c’est à cet endroit que Van Dongen avait pu sentir un renouveau d’intérêt pour ses tableaux datant de son séjour au Bateau-Lavoir, avec notamment l’exposition de l’automne 1953 à la galerie de Berri, entièrement consacrée à son oeuvre fauviste, et l’impressionnante rétrospective « Le Fauvisme » organisée en 1951 au musée national d’Art moderne, où il était abondamment représenté. « Je leur ai prêté quelques vieilleries. Le résultat, c’est que ces vieilleries ont finalement éclipsé les autres tableaux et ça a donc fait un peu de bruit », avait-il alors dit de son succès. Ces expositions témoignaient de l’engouement du public pour les débuts du modernisme, après les abstractions de l’après-guerre, et, par voie de conséquence, pour le « berceau » de l’avant-garde, le Bateau-Lavoir : la vétuste bâtisse de trois étages du 13 de la rue Ravignan, accrochée au flanc de la butte Montmartre, dans laquelle Van Dongen travaille durant l’année 1906. De cette période date également, en plus des premiers regards rétrospectifs publiés au tournant des années 1930, une série de chroniques sur Montmartre comme L’Air de la Butte (1945) d’André Salmon, Bouquet de bohème (1947) et Au beau temps de la Butte (1949) de Roland Dorgelès (de son vrai Roland Lecavelé) – avec des lithographies de Van Dongen –, et Ceux de la Butte (1947) d’André Warnod, ouvrage illustré de croquis de sa main. Les années 1950 voient la parution de recueils de souvenirs plus détaillés, notamment les Souvenirs sans fin (1955-1961) en trois volumes d’André Salmon et le Fils de Montmartre (1955) d’André Warnod, dans lequel l’auteur confesse n’avoir pris aucune part, dans ses jeunes années, au mouvement de renouveau qui agitait le Bateau-Lavoir : c’était « un prodigieux bouillonnement d’idées, mais nous y restions étrangers ».

En 1906, Van Dongen assoit en réalité sa réputation de membre de l’avant-garde : « À nos yeux de novices, c’est déjà un personnage. Il exposa aux Indépendants, on cite son nom dans les journaux », se souvient par exemple Dorgelès. Au Salon des indépendants de 1908, son envoi est accroché à côté de ceux de Braque et de Derain, tandis qu’une exposition monographique lui est concomitamment consacrée à la galerie Kahnweiler, avant-poste du cubisme. Dix-huit mois plus tard, son nom est retenu pour une exposition organisée par l’association des artistes d’avant-garde Mánes à Prague et, en novembre 1909, il signe un contrat de plusieurs années avec la galerie Bernheim-Jeune. Van Dongen a eu conscience, rétrospectivement, de l’importance de cette période, comme l’indiquent, outre le nom donné à sa villa de Monaco et ses commentaires sur les expositions des années 1950, ses illustrations pour le livre de Dorgelès. D’autres que lui ont également pris conscience de son importance, même si chacun a pu interpréter à sa manière les événements.