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“Neïl Beloufa” L’Ennemi de mon ennemi
au Palais de Tokyo, Paris

du 16 février au 13 mai 2018



www.palaisdetokyo.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 février 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Neïl Beloufa, The Colonies, 2016, Museum of Modern Art, New-York. Courtesy de l’artiste & Ghebaly Gallery (Los Angeles). Photo : Kyle Knodell. © ADAGP, Paris 2017.
2/  Louis-Auguste Dechelette, Le Grand soir, 1ère conférence de l’O.N.U, 1946. FNAC 28785, Centre national des arts plastiques © Droits réservés. Photo : Yves Chenot.
3/  Neïl Beloufa, Développement durable, 2017. Musée régional d’art contemporain Occitanie/Pyrénées-Méditerranée, Sérignan. Courtesy de l’artiste & galerie Balice Hertling, Paris. Photo : Aurélien Mole © ADAGP, Paris 2017.

 


texte de Olympe Lemut, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Neïl Beloufa, L’Ennemi de mon ennemi (commissaire : Guillaume Désanges), Palais de Tokyo, jusqu’au 13 mai 2018

Une monumentale exposition qui remet en question les représentations de la guerre et de la violence modernes.

Plus qu’une exposition, « L’ennemi de mon ennemi » est une installation géante, un système de pensée en perpétuelle élaboration : grâce à des robots en forme de caissons et à un algorithme les panneaux d’exposition et les œuvres se déplacent en effet constamment. Ces robots portent sur leurs côtés des citations de Marat et de Sade, une manière pour Neïl Beloufa de faire remonter l’origine de la violence moderne à la Révolution française. Car il s’agit bien de reconstruire ici une autre histoire de la violence et de la guerre, sans s’attacher à une guerre particulière, et loin de toute commémoration historique. Les œuvres, les images d’archives et celles récupérées sur Internet couvrent ainsi toutes les périodes depuis la fin du 19è siècle, pour mettre en lumière les rapports de force et les systèmes de domination derrière les conflits : qu’il s’agisse de la colonisation, des Khmers rouges ou des dictatures sud-américaines, la violence s’accompagne toujours de propagande et de désinformation. Les nombreux documents reproduits dans l’installation prouvent que les fake news ne datent pas d’aujourd’hui !

Neïl Beloufa se fait alors commissaire voire scénographe, puisqu’il invite plusieurs autres artistes vivants ou morts, dont Courbet, Camille Blatrix, Picasso ou Thomas Hirschhorn : une constellation de pensées complémentaires se fait jour, par affinités électives. Au gré des recompositions par les robots les différentes sections de l’installation tissent elles aussi des liens, à part quelques panneaux qui restent fixes : l’ensemble évoque un désordre structuré, un réseau semblable à Internet où circulent des milliards d’images et d’informations à décrypter. Neïl Beloufa semble inviter les visiteurs à relire à leur manière les manifestations récentes de la violence, sans se laisser abuser par les propagandes de tous bords : à chacun de se faire historien et analyste.

Olympe Lemut

 


extrait du communiqué de presse :

 

Un commissariat de Guillaume Désanges, avec Marilou Thiébault, Anahi Alviso Marino et Noam Segal.



“L’Ennemi de mon ennemi” est une représentation chaotique et parcellaire de la manière dont s’écrit l’Histoire à l’ère de la globalisation et du capitalisme tardif.


« S’il fut un temps où les artistes proposaient des images que le pouvoir ne souhaitait pas voir, aujourd’hui il les suscite, les désire, les consomme, et paradoxalement représente sa liberté à travers elles. Comment, alors produire quelque chose d’inutilisable ? » Neïl Beloufa

« “L’Ennemi de mon ennemi” est un serpent qui se mord la queue en ayant fait le tour du mur étroit qui sépare le monde géopolitique en deux. » Marilou Thiébault

« L’Ennemi de mon ennemi » est un projet conçu par Neïl Beloufa (né en 1985 à Paris, vit à Paris) à l’invitation du Palais de Tokyo, un dispositif scénographique représentant de façon chaotique et parcellaire la manière dont s’écrit l’Histoire et se légitiment les pouvoirs aujourd’hui.

S’inspirant de la communication officielle, des mémoriaux, des musées de guerre, de la propagande politique mais aussi de l’actualité, de la publicité ou des jeux vidéo, l’exposition met en scène l’interchangeabilité des stratégies et des discours. Ce faisant, elle joue sur une ambiguïté. permanente entre le bien et le mal, les gentils et les méchants, les postures et les impostures.

Le dispositif scénographique, spécialement conçu par l’artiste pour l’exposition, intègre des oeuvres, des documents, des images, des artefacts, des reproductions et des objets réels déplacés en permanence par des robots, selon un scénario de type algorithmique. Il propose ainsi une remise en cause permanente des associations, des perspectives et des significations.

« L’Ennemi de mon ennemi » envisage le monde comme un champ de stratégies contradictoires et pourtant similaires. Ce faisant, elle interroge en sous-main la place de l’artiste dans la multiplicité de ces pouvoirs, entre désir d’autonomie, servitude et propagande.

Après « Les inoubliables prises d’autonomie » en 2012, « L’ennemi de mon ennemi » est la deuxième exposition de Neïl Beloufa au Palais de Tokyo. Ce projet est une manière nouvelle de saisir le travail d’un artiste qui, très jeune, s’est interrogé autant sur son art que sur ses moyens de production.


Les éléments présentés ont été sélectionnés par l’artiste en collaboration avec le commissaire, en associant des personnalités extérieures sur des sujets précis.


Avec : Camille Blatrix, Barbara Bloom, Gregoire Beil, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (Paris), Johannes Büttner, Colectivo Acciones de Arte, Ken Campbell et David King, Ellen Cantor, Grégoire Chamayou, Gustave Courbet, Louis-Auguste Déchelette, Eversim, Jean-Luc Godard, ECPAD - Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (Ivry-sur-Seine), Thomas Hirschhorn, Holy Defense Museum (Téhéran, Iran), House of National Works Museum (Koweït, Koweït), Alfred Janniot, Jon Kessler, Elizabeth Lennard, Martyrs Museum (Misrata, Libye), Vann Nath, National Army Museum (Londres, Royaume-Uni), Pablo Picasso, Sigmar Polke, William Pope L., Hito Steyerl, Joseph Tchaïkov…