contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Mondes tsiganes, la fabrique des images” Une histoire photographique, 1860-1980
au Musée de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte dorée, Paris

du 13 mars au 26 août 2018



www.histoire-immigration.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 12 mars 2018.

2367_Mondes-Tsiganes2367_Mondes-Tsiganes2367_Mondes-Tsiganes
Légendes de gauche à droite :
1/  Mathieu Pernot, Sans titre (Jonathan) 1995-1997. © Mathieu Pernot.
2/  Jack Delano, A group of Gypsy children on U.S. 13 five miles south of Salisbury, Maryland, mai 1940. Library of Congress, Prints & Photographs Division, FSA/OWI Collection (LCUSF34 040538-D).
3/  Jacques Léonard, La Uta au quartier de Montjuïc, Barcelone, 1968. © Jacques Léonard, archives famille Jacques Léonard.

 


2367_Mondes-Tsiganes audio
Interview de Ilsen About, historien, chargé de recherche au CNRS et co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 12 mars 2018, durée 12'18". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Ilsen About : historien, chargé de recherche au CNRS et rattaché au Centre Georg-Simmel de l’École des hautes études en sciences sociales. Ses recherches actuelles portent sur l’histoire des politiques anti-tsiganes au XXe siècle et sur l’histoire des sociétés romani contemporaines en Europe.
Mathieu Pernot : diplômé de l’École nationale supérieure de la photographie à Arles en 1996, il rencontre des familles tsiganes, dont les Gorgan, avec lesquels il ne cessera de travailler par la suite. Au cours des années 2000, il développe différentes séries consacrées à l’enfermement, l’urbanisme et la question migratoire.
Adèle Sutre : professeure agrégée et docteure en géographie de l’École des hautes études en sciences sociales. Ses recherches s’articulent autour de la question de la spatialité des sociétés tsiganes, notamment à travers l’analyse des mobilités, des modalités d’ancrages territoriaux et des jeux autour des identités.




Mondes tsiganes. La fabrique des images est une exposition en deux volets qui explore le rapport de la photographie aux Roms, Manouches, Kalé-Gitans. Perçus comme des éternels errants, comme menaçants et suspects, intrigants et fascinants... de multiples représentations de ces communautés tsiganes traversent l’histoire du médium.

Premier volet, Une histoire photographique, 1860-1980 révèle la fabrique des images et la création d’un sujet iconique. Les multiples usages de la photographie sont convoqués : ils montrent la construction des stéréotypes dont ces communautés ont souvent été les victimes et documentent des trajectoires et des histoires méconnues.

Second volet, les Gorgan, 1995-2015 relate l’expérience du photographe Mathieu Pernot avec une famille rom. Croisant ses photographies avec celles réalisées par la famille, l’auteur établit la singularité du destin de chaque individu au-delà de l’appartenance communautaire






Parcours de l’exposition [ extrait ]


1. Une histoire photographique, 1860-1980


Photographier les Manouches, les Kalé et les Roms, ceux que les autres, les Gadjé, appellent les Romanichels, les Gitans et les Tsiganes, relève de l’évidence et de l’impossible. Leur présence capte depuis toujours l’attention des artistes et des reporters. À la croisée des routes et aux coins des rues, les photographes ont reproduit à l’infini les préjugés qui s’attachent à ces populations. Citoyens de France ou d’autres pays, ils restent sans cesse perçus comme étrangers.

Par la photographie, journalistes, savants et experts tentèrent de cerner l’identité réputée insaisissable de cette « nation errante ». Les politiques d’État inventèrent d’immenses fichiers d’images conçues pour fixer et contrôler ceux que personne ne voulait accueillir. Ces traces photographiques témoignent toutefois des effets douloureux d’une persécution, encore amplifiée durant les guerres mondiales.

Mais, avec le temps, d’autres regards s’attachent aux multiples trajectoires familiales et aux destins personnels. Loin des clichés et des stéréotypes réducteurs, les images reflètent une rencontre entre un photographe et son sujet. Elles laissent percevoir une autre histoire. Des sujets surgissent, saisis dans leur vie quotidienne, sur différents territoires. Les visages s’imposent au singulier sur les images de leur vie.

Cette exposition révèle la complexité et la variété des regards photographiques et montre la fabrique visuelle qui a contribué à forger l’image des Roms et des Gens du Voyage. Elle interroge ainsi nos sociétés dans leur capacité à vivre avec ceux qui incarnent un éternel ailleurs.


2. Les Gorgan, 1995-2015

« J’ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes études à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Les parents, Johny et Ninaï, vivaient alors en caravane avec leurs sept enfants, sur un terrain situé entre la gare de fret et le Rhône. Je ne savais rien de cette communauté et ignorais alors que cette famille rom était installée en France depuis plus d’un siècle.

J’ai réalisé mes premières images en noir et blanc, m’inscrivant dans une tradition documentaire face à ceux qui m’étaient encore étrangers. Je maintenais une distance et essayais de comprendre ce que ce médium pouvait encore nous apprendre d’eux. La découverte des quelques archives qu’ils possédaient puis les prises de vue réalisées dans le Photomaton de la gare avec les enfants m’ont rapidement fait comprendre que la diversité des formes et des points de vue était nécessaire pour rendre compte de la densité de la vie qui s’offrait à mon regard.

Mon déménagement à Paris en 2001 m’a éloigné des Gorgan pendant plusieurs années. C’est en 2013, plus de dix ans après avoir réalisé ces photographies, que nous nous sommes retrouvés, comme si l’on s’était quitté la veille. L’évidence que cette histoire devait continuer le plus longtemps possible m’est immédiatement apparue. Ils m’ont alors confié leurs images de ces années passées sans se voir.

Vingt ans après cette rencontre fondatrice, le temps a fait son oeuvre sur les corps et les visages des Gorgan. Un temps différent de celui de notre monde gadjé. Johny et Ninaï sont désormais grands-parents et les caravanes ont quelquefois été délaissées pour des appartements jugés plus confortables.

J’ai vécu en leur compagnie une expérience qui dépasse celle de la photographie. À leur côté, j’ai assisté, pour la première fois, à la naissance d’un enfant ; j’ai aussi veillé le corps de celui que j’avais vu grandir : Rocky, mort brutalement à l’âge de 30 ans.

L’exposition reconstitue les destins individuels des membres de cette famille. Elle retrace l’histoire que nous avons construite ensemble. Face à face. Et désormais, côte à côte ».Mathieu Pernot


Un catalogue “Mondes tsiganes” en coédition Musée national de l’histoire de l’immigration et Actes Sud accompagne l’exposition.



Archives FranceFineArt.com :


Retrouvez l’interview de “Mathieu Pernot” lors de son exposition « Les Gorgan »
présentée à la Maison des peintres aux Rencontres de la photographie d’Arles
du 3 juillet au 24 septembre 2017.
2196_Mathieu-Pernot_audio.jpg
http://www.francefineart.com/index.php/agenda/14-agenda/agenda-news/2484-2196-arles-mathieu-pernot