contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Gaëlle Chotard” Ce qui me traverse
au Drawing Lab Paris - 17 rue de Richelieu

du 20 mars au 16 juin 2018



www.drawinglabparis.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite en avant-première de l'exposition, le 15 mars 2018.

2373_Gaelle-Chotard2373_Gaelle-Chotard2373_Gaelle-Chotard
Légendes de gauche à droite :
1/  Gaëlle Chotard, Dessous, 2007. Fil de métal, coton, polyester, 47 x 40 x 26 cm.
2/  Gaëlle Chotard, Source d’inspiration, 2016. Prise de vue dans l’atelier.
3/  Gaëlle Chotard, Sans titre, 2017. Encre de chine sur papier, 23 x 31 cm.

 


2373_Gaelle-Chotard audio
Interview de Gaëlle Chotard,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 mars 2018, durée 10'02". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire d’exposition : Valentine Meyer



Gaëlle Chotard s’intéresse avant tout au dessin et en expérimente tous les possibles, l’inventant aussi en 3D dans l’espace. Après avoir couché dans de multiples petits carnets ses esquisses sur papier, elle utilise l’inframince des cordes à piano, des gaines métalliques détournées de leur fonction initiale qu’elle tend, tisse, troue, crochète et suspends. Pris comme une matière sculptée, toutes leurs propriétés physiques sont révélées : fragilité, légèreté, transparence permettant les jeux d’ombre et de lumière.

Néanmoins ce sont pour leurs caractéristiques comparables aux possibilités du dessin qu’elle a choisi ces matériaux : ajouter un trait, remplir ou densifier une trame, gommer- retirer. Le rapport à la page blanche est ici traduit par l’importance du vide qui révèle l’oeuvre.

Noeuds lymphatiques ou bien comètes, son inspiration oscille entre le micro-organique et l’astrophysique, le mental et le paysage. Oser aller à l’essentiel, oser l’exploration d’une intériorité, la quête d’une profondeur intime pour la projeter dans l’espace physique est aussi une articulation chère au travail de l’artiste.

« Sauras-tu jamais ce qui me traverse
Ce qui me bouleverse et qui m’envahit
Sauras-tu jamais ce qui me transperce
Ce que j’ai trahi quand j’ai tressailli »*


C’est de cela dont il s’agit avec « Ce qui me traverse ». Etre au plus près d’une émotion, d’une concentration, traduire cette fulgurance traversant le corps en une allégorie de météorite traversant l’espace, avec d’abord un noyau, des lignes de tension, et puis une dilatation de l’œuvre pour qu’elle se fonde dans le volume, avec une trame de plus en plus légère et une ligne de plus en plus fine.

Pour le Drawing lab, Gaëlle Chotard souhaite réaliser une installation in situ, dont la trame serait travaillée à l’atelier mais qui serait finalisée dans le lieu afin d’expérimenter un travail alliant la spontanéité offerte par le dessin, dans le sens de disponibilité et d’attention aux choses qui se présentent, de l’envie de laisser libre cours à une pensée associative où une image en appelle une autre comme dans les cadavres exquis, et la compréhension de l’espace.

Elle développerait ainsi un jeu entre la structure initiale et le hasard, un noyau fragilisé mais en éclosion rhizomatique. Or le propre du rhizome, tel que défini par Deleuze, c’est qu’il « n’est pas fait d’unités, mais de dimensions, ou plutôt de directions mouvantes. Il n’a pas de commencement, ni de fin, mais toujours un milieu par lequel il pousse et déborde. (…). Le rhizome procède par variation, expansion, conquête, capture, piqûre. (…) Ce qui est en question dans le rhizome, c’est un rapport à la sexualité, mais aussi avec l’animal, avec le végétal, avec le monde, avec la politique, avec le livre, avec les choses de la nature et de l’artifice, tout différent du rapport arborescent : toutes sortes de « devenirs ».

Selon l’artiste, installer l’oeuvre dans l’espace, revient à tracer des lignes, Elle choisira, en plus des trames, d’utiliser du fil et des cordes à pianos, pour leur épaisseur, leur souplesse et leur courbure. Elles pourront courir dans le lieu et traverser les murs des salles. Dans la seconde pièce, Il sera aussi question de dessin en volume et en suspension mais cette fois placé dans l ‘obscurité, comme dans un théâtre d’ombre, avec la densité des noirs, la précision et la mise en évidence des détails des pièces projetées à différentes échelles. C’est aussi une question de mouvement, car les pièces bougent et donc les dessins évoluent.

C’est donc à cette liberté que tend l’artiste dans cette proposition pour le Drawing Lab : réaliser in situ ces connexions à partir de cette étrange planète initiale, vivante en expansion, un dessin aérien en trois dimensions qui se déploie dans l’espace, bousculant notre vision pour nous offrir plusieurs angles de vue et partager le sentiment de voir les énergies se créer, circuler et se dilater en reliant le petit à l’infini.

Valentine Meyer, commissaire de l’exposition


* Louis Aragon « Le Fou d’Elsa », Paris, Editions Gallimard, 1963.