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“Hugues Reip” L’Évasion
le Crédac, Centre d’art contemporain d’Ivry

du 20 avril au 1er juillet 2018



www.credac.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Hugues Reip, le 19 avril 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Hugues Reip, Noirs desseins (série 5, n°9), 2015/2016. Encre, crayon de couleur, aquarelle et collages sur papier, 14,7 x 21,7 cm. Collection Magnin-A, Paris.© Hugues Reip / Adagp, Paris 2018.
2/  Hugues Reip, Mushbook II, 2013. Impressions numériques sur papier découpé, édition de Nova Express par William S Burroughs, Collection particulière. © Hugues Reip / ADAGP Paris, 2018.

 


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Interview de Hugues Reip,
par Anne-Frédérique Fer, à Ivry, le 19 avril 2018, durée 11'19". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

« Éprouver l’évasion, dans sa relation ambivalente avec l’ennui, est ce qu’il est nécessaire d’inventer pour y échapper ou s’y abandonner. » Hugues Reip.



Hugues Reip (né en 1964) s’inspire librement des oeuvres d’anticipation du début du XXe siècle, des prémices du cinéma d’animation, d’un certain rock underground des années 1990, comme de l’infinie variété des flores et faunes terrestres et sous-marines. Après avoir présenté au Crédakino à l’automne dernier quatorze de ses films (1997-2009), révélant son amour pour la magie des images en mouvement et l’artifice illusionniste, nous poursuivons notre collaboration aujourd’hui par une exposition personnelle.

Hugues Reip est jardinier du surnaturel, là où son ami Michel Blazy l’est du naturel. Dans l’Évasion, qui combine oeuvres-clefs et nouvelles productions, nous assistons au rêve du papillon qui butine des nuages de poussière, à la création d’un jardin immortel composé de fleurs et de plantes fluorescentes, d’îlots fantaisistes et colorés. Dans ses mondes sans gravité, les arbres sont renversés et les cailloux sont en lévitation, les créatures abyssales croisent des allumettes, la réalité se superpose à la fiction à travers une image falsifiée du panorama ivryen. Passés par le prisme du macro-microscopique, ses univers nichent la réalité patiente du travail, les collections compulsives de petits objets trouvés ou bricolés, les mystères de l’atelier.

Black Sheeps (2014) est un ensemble de fils au bout desquels pendent 24 amas de poussière auxquels des éléments miniatures se sont agrégés (papillons, perles, débris de papiers, etc.) qui tournoient à quelques centimètres du sol. En transhumance printanière, le troupeau de moutons de poussière en apparente liberté de paître est contraint par le mouvement des moteurs et semble tourner en rond, condamné à « mordre la poussière » dans la prairie bétonnée qu’est la grande salle du Crédac.

Conçu in situ dans ce lieu de lumière en vis-à-vis avec les saisons, Windowblow (2018) fait notamment référence aux oeuvres Window Blow Out (1976) de Gordon Matta-Clark et La Clef des champs (1936) de René Magritte. Les vitres emblématiques du bâtiment américain de la Manufacture des OEillets apparaissent comme éclatées par un impact sonore ? Un jet de pierre ? L’artiste crée un décalage temporel par un procédé de surimpression d’une image du paysage ivryen hivernal sur une fenêtre brisée en prise avec un paysage printanier.

Des figures composites animales-végétales-minérales forment Deep Night Music (à Öyvind Fahlström) (2007), une constellation surréaliste bleu nuit évoquant tantôt les profondeurs sous-marines, tantôt la voûte céleste entre chien et loup. Les éléments peints semblent sortir d’un cabinet des curiosités où l’on aurait longtemps conservé des espèces mutantes abyssales. Hugues Reip qualifie cette oeuvre de « peinture variable » en hommage aux éléments mobiles peints et aimantés inventés par l’écrivain et peintre suédois Öyvind Fahlström (1928-1976) qui souhaitait introduire dans la peinture moderne « la possibilité d’enfreindre la rigidité » du réel.

La nature, et plus précisément sa représentation, est l’un des enjeux du travail d’Hugues Reip qui nous donne à voir la nature en grand : Les Pistils (2007), organes reproducteurs des fleurs, tournent sur eux-mêmes en attendant d’être butinés. Par leurs dimensions et la perte de leurs couleurs attrayantes au profit d’un blanc immaculé, les pistils deviennent des formes organiques brancusiennes, entre figuration et abstraction, sans pour autant perdre leur aspect sexuel.




Au Crédakino – le temps de l’exposition


* Du 19 avril au 3 juin : Hugues de Ariane Michel, 2018 avec Hugues Reip et son oeuvre Wavers. Vidéo HD, sonore. Extrait du projet La Rhétorique des marées, 2015-2018. © Ariane Michel, courtesy Jousse Entreprise.

Cette vidéo résulte de La Rhétorique des Marées qu’Ariane Michel a initié en 2015, invitant vingt artistes à faire oeuvre sur une rive sauvage du Finistère, la côte d’Esquibien. Pour cette « exposition littorale » qui était aussi pour elle un lieu de tournage, il s’agissait de soumettre le geste artistique au contact des éléments, et en particulier de la mer. Ce film est le résultat de la collaboration avec Hugues Reip, qui a pleinement joué le jeu, son installation, un jardin proliférant dans une flaque d’eau entre les rochers, ayant été emportée par la première marée. Ariane Michel a suivi les fleurs, du fond des vagues au rivage où certaines ont été retrouvées, modifiées par l’aventure.


* Du 5 juin au 1er juillet : Yurei de Hugues Reip, 2018. Film d’animation.

Protagonistes du nouveau film d’Hugues Reip, les yurei au Japon désignent les esprits tourmentés de personnes défuntes. Dans le folklore nippon, ils coexistent aux cotés des yokai, ces phénomènes étranges ou créatures merveilleuses, souvent zoomorphes, qui dépassent la compréhension humaine. À partir de décors de films d’animation réalisés à la gouache – allant de la forêt aux paysages interstellaires – Hugues Reip superpose son univers pour créer un long travelling « de la Terre à la Lune ».