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“Art Orienté Objet” article 2410
à la Galerie Les filles du calvaire, Paris

du 4 mai au 16 juin 2018



www.fillesducalvaire.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 3 mai 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Art Orienté Objet, Andachtsraum, 2014. Installation sonore, néons, oeufs d\'autruche, os, son. Photo Aurélien Mole. Courtesy galerie Les filles du calvaire.
2/  Art Orienté Objet, La Fin du XXIe siècle, 2017. Installation, laine, pierres, verre. Courtesy galerie Les filles du calvaire.
3/  Art Orienté Objet, Tombée dans le Dissumba (ou Le lit des Visions), 2013. Métal, néon, verre (verre soufflé, verre étiré, verre froid), textile. Courtesy galerie Les filles du calvaire.

 


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Interview de Marion Laval-Jeantet,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 3 mai 2018, durée 27'17". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Première exposition du duo Art Orienté Objet à la a galerie Les filles du calvaire. Depuis 1991, le travail artistique de Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin s’est construit sur une observation attentive et passionnée du vivant. Convoquant dans leur travail des sciences aussi différentes que l’écologie, la biologie, l’ethnographie et l’éthologie, ils questionnent le rapport changeant que l’humain comme le non-humain entretiennent avec un environnement de plus en plus envahi par la science et la technologie.

Ils défendent un art d’immersion aussi bien pour les artistes plongés dans des terrains de recherche, que pour le spectateur auquel ils offrent des environnements scénographiés toujours renouvelés. C’est ainsi qu’ils développent un art de terrain construisant une forme plurielle (installation, vidéo, photographie, objets…) à partir d’une expérience vitale ou scientifique.

L’exposition Art Orienté Objet rassemble une série de travaux récents et multiformes (installations, sculptures et photographies). Les artistes ont imaginé un parcours initiatique où préoccupations écologiques et visions chamaniques se rencontrent pour interroger les multiples confrontations entre pensée mythique et réalités technologiques.

Les artistes, dans un geste profondément politique, croient en la possibilité d’une résilience, l’exposition est ainsi envisagée comme un espace de réparation, un lieu où ils donnent forme à la relation complexe entre l’homme, l’animal et la nature. Le grand historien d’art allemand Aby Warburg, père de la Kulturwissenschaft et inspirateur de l’iconologie, est ici convoqué comme figure tutélaire pour les différentes visions prophétiques qui se font jour dans son écrit « Le rituel du serpent ».

S’appuyant sur un voyage qu’il fit tout jeune homme aux confins d’un espace sillonné par le chemin de fer, Warburg y compare la culture hopi à une expression encore possible d’un espace de contemplation (Andachtsraum) où le lien entre le mythe et la nature n’est pas rompu. Un espace indispensable à ses yeux pour construire l’espace de la pensée (Denksraum) et guérir son époque, et sa propre angoisse, face à un terrible pressentiment : celui que l’âge de l’électricité et des télécommunications peut modifier l’espace physique jusqu’à le détruire.

Il y a au coeur de la pratique de Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin le véritable souci d’envisager l’écologie comme une science interrogeant nos conditions d’existence, à la manière dont la concevait Ernst Haeckel.

Les pièces présentées à la galerie ont toutes en commun une certaine conception du processus créatif, celle d’une existence éthique de l’oeuvre. Les techniques artisanales, le bricolage ou la question de la durabilité et du recyclage sont autant de règles prises en compte dès la pensée des différents projets.

Peu d’entre eux échappent à ces préceptes issus de ce que Art Orienté Objet a érigé depuis le début en manifeste : le Slow art.

En effet, les oeuvres produites demandent aux artistes un temps déraisonnable dans leur constitution: tant sur la récupération du matériau que sur la réalisation. En témoigne le squelette du kangourou de l’installation Andachtsraum (2014). Cette parfaite victime de l’expansion urbaine est ici transcendée : son squelette reconstitué et sculpté incarne, une fois mis au centre d’un dispositif visuel et sonore conçu comme une grande « dot painting » en trois dimensions, le vertige dans lequel nous plonge l’emprise de l’homme sur le paysage.