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“UAM” une aventure moderne
au Centre Pompidou, Paris

du 30 mai au 27 août 2018



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, journée de tournage presse, le 28 mai 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Djo-Bourgeois, Living-room avec cheminée, publié dans Répertoire du goût moderne, vol. 1, Paris, Editions Albert Lévy, 1928, pl. 2. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Bibliothèque Kandinsky / Dist. RMN-GP. Domaine public.
2/  Entrée de la troisième exposition de l’UAM, vue de l’entrée, Pavillon de Marsan, Paris, 1932. Photo : Jean Collas. Musée des arts décoratifs, fonds Jean Collas, Paris. © Adagp, Paris, 2018.
3/  UAM. Premier Bulletin de l’Union des Artistes Modernes, Paris, Charles Moreau, 1929. Couverture avec le sigle de Pierre Legrain. Bibliothèque des Arts décoratifs, fonds René Herbst, Paris. MAD, Paris / Suzanne Nagy.

 


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Interview de Anne-Marie Charon-Zucchelli, attachée de conservation au service architecture du musée national d’art moderne et co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 28 mai 2018, durée 26'00". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaires de l’exposition :
Frédéric Migayrou, directeur adjoint du musée national d’art moderne, conservateur en chef du département design et prospective industrielle
Olivier Cinqualbre, conservateur, chef du service architecture du musée national d’art moderne
Anne-Marie Charon-Zucchelli, attachée de conservation au service architecture du musée national d’art moderne




Le Centre Pompidou consacre une exposition inédite à l’Union des Artistes Modernes, l’un des plus amples mouvements de l’histoire de l’art du 20e siècle. Rassemblant architectes, peintres, sculpteurs, créateurs de mobilier, photographes, créateurs de tissus et de bijoux, relieurs, graphistes et affichistes, ce courant majeur du modernisme européen, à l’égal du Bauhaus en Allemagne ou de De Stijl aux Pays-Bas, a contribué à faire de Paris une capitale mondiale des avant-gardes.

Si la notoriété de l’UAM, Union des artistes modernes, n’atteint pas celle de l’école du Bauhaus ou du groupe De Stijl, il n’en demeure pas moins que cette association incarne la modernité française au 20e siècle. Elle réunit tous les grands noms de créateurs, aujourd’hui connus et reconnus, et a rassemblé, dans une démarche inédite et inégalée, des disciplines et des domaines artistiques, qui, jusqu’alors, n’avaient pas été fédérés avec une telle volonté. L’UAM a eu pour ambition de proposer un nouvel art de vivre et de vouloir le faire partager au plus grand nombre. Elle a été pensée comme un organe de combat, s’est lancée à l’attaque des conservatismes ambiants. Elle a connu des hauts et des bas, a subi les effets de la crise économique, connu le retour à l’ordre « stylistique » en parallèle avec la montée des fascismes, espéré en des jours meilleurs avec l’arrivée du Front populaire, survécu à la seconde guerre mondiale que ses membres ont traversée en s’exilant, en se cachant, en résistant. Elle a cru son heure venue avec la reconstruction du pays et a dû renoncer jusqu’à se dissoudre. C’est cette histoire que retrace l’exposition, à travers les réalisations collectives et les œuvres de chacun, en remontant aux origines françaises de cet idéal où tous les arts se côtoient et se conjuguent.

La constitution de l’UAM est datée du 15 mai 1929, néanmoins elle réunit des créateurs qui travaillent ensemble depuis le début des années 20. Ce sont des hommes, et quelques femmes, au passé commun, des confrères, des amis, des complices. Ce sont des figures, de fortes personnalités, des créateurs engagés.



Francis Jourdain est l’un de ceux-là, incarnant l’auteur aux activités multiples : peintre, concepteur et éditeur de meubles « combinables » destinés aux intérieurs modestes, maniant la plume et se revendiquant communiste. Il est le fils de Frantz, architecte, notamment de La Samaritaine, et fondateur du Salon d’automne, engagé également sur le front politique en tant que libertaire. Comme son père, c’est un fédérateur.

Robert Mallet-Stevens est architecte. Pour avoir organisé en 1924, à l’École spéciale d’architecture, une exposition réunissant artistes et architectes, décorateurs et élèves, il perd son poste de professeur. Pour chacune de ses réalisations, il s’entoure de créateurs au point de constituer une véritable équipe : les maîtres verriers Barillet, Le Chevallier et Hanssen, les sculpteurs Joël et Jan Martel. Il sollicite, au gré des occasions, amis artistes et confrères décorateurs. Cette pratique, il entend la promouvoir lors d’expositions, que ce soit celle des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 à Paris ou dans les salons annuels.

Pierre Chareau est un décorateur et concepteur de mobilier à la carrière fulgurante, remarqué dès sa première apparition en 1919, consacré en 1925, qui n’a de cesse d’épurer les lignes de ses meubles jusqu’à une pure géométrie. Il a des partenaires : l’éclairagiste André Salomon qui privilégie l’éclairage indirect, Hélène Henry créatrice de tissus, aux motifs, coloris et matières résolument inédits.

René Herbst, décorateur et créateur de mobilier, établit le lien avec le monde industriel et se révèle un activiste hors pair. Jean Prouvé, le Nancéen, est évidemment de la partie et expose ses meubles en métal plié, ses huisseries industrialisées étudiées pour les bâtiments des architectes acquis à ses idées.

Parmi les artistes qui ont répondu présent, il y a les complices des débuts : Sonia Delaunay, qui développe son oeuvre sur de multiples supports, tissus d’ameublements, reliures, vêtements et qui accompagne l’UAM tout au long de son existence ; Fernand Léger, qui est de tous les combats de la modernité ; Robert Delaunay, qui, associé à Félix Aublet, s’empare des pavillons des chemins de fer et de l’aéronautique de l’exposition des arts et techniques de la vie quotidienne, à Paris en 1937.

Une cohorte de sculpteurs : Joseph Csaky, Gustave Miklos ou Etienne Béothy, un bataillon d’affichistes parmi les plus novateurs : Jean Carlu, Paul Colin, A. M. Cassandre, Francis Bernard, Charles Loupot… Des relieurs aussi délicats que révolutionnaires, tels Rose Adler et Pierre Legrain. Des céramistes, des photographes, des bijoutiers et orfèvres, membres fondateurs et très actifs au sein de l’UAM, parmi lesquels, Raymond Templier, Jean Fouquet et Jean Puiforcat, des créateurs de polices typographiques : le champ de la création convoquée est vaste, avec pour même ambition, l’expression de la modernité la plus résolue. Des architectes et non des moindres : Le Corbusier, André Lurçat, Eugène Beaudouin et Marcel Lods, Georges-Henri Pingusson, etc.

Il y a également les jeunes : Charlotte Perriand formée auprès de Le Corbusier et de Jeanneret, Jean Burkhalter adepte du tube métallique et édité par Chareau, l’architecte Gabriel Guévrékian, un temps chef d’agence de Mallet-Stevens. L’UAM est l’occasion pour eux de montrer leur travail personnel. Sans compter la nouvelle génération qui rejoindra l’association après-guerre. Et il y a les membres étrangers et les invités : en tout pas moins de 250 noms.

Si l’UAM se dote d’un manifeste quelques années après sa fondation, en 1934, pour notamment répondre à certaines attaques auxquelles elle a dû faire face, son mode d’expression privilégié est l’exposition. Quatre salons annuels à partir de 1930, participation aux salons de la lumière en 1935 et 1936, participation aux expositions de l’habitation, forte présence aux salons des arts ménagers, expositions de concours organisés conjointement avec l’OT UA (Office technique pour l’utilisation de l’acier) et notamment ceux des cabines de paquebot et du mobilier scolaire. Les salons de l’UAM se veulent la démonstration d’une vision commune, font la promotion de nouveaux matériaux et techniques, revendiquent la prééminence du collectif, affirment l’absence d’une hiérarchie entre les arts, affichent une modernité résolue qui n’est encore que rarement acceptée et promue par les pouvoirs publics.

Seule l’arrivée du Front populaire redonne aux membres de l’UAM une place dans l’exposition internationale de 1937. À côté de diverses participations des uns et des autres dans différents pavillons, tous se retrouvent dans celui de l’UAM, signé de Georges-Henri Pingusson avec Frantz-Philippe Jourdain et André Louis, dont l’architecture dynamique de métal et de verre est une des rares expressions de l’architecture nouvelle de cette manifestation.

Après les années de dépression économique, après une période marquée par une lutte sur le front du style en leur défaveur, l’exposition apparaît pour ses membres comme un sursaut. Rétrospectivement, on peut y voir l’apogée de l’action de l’UAM, car, après les années noires de la guerre, ses membres peuvent imaginer leur heure venue, appelés à participer à la reconstruction du pays sur de nouvelles bases. C’est le cas, mais l’association périclite : elle a vécu. Ses adhérents, anciens et nouveaux, continuent de se revendiquer de l’esprit qui animait l’UAM, le mettent en pratique dans leurs réalisations mais vont se doter progressivement de nouvelles structures. : Formes utiles qui finira par prendre son indépendance. L’UAM ne parvient plus à organiser un événement fédérant l’ensemble des domaines qui la représentent et certains de ses membres rejoignent d’autres associations comme le Groupe Espace, créé autour d’André Bloc, dans un recherche de synthèse des arts.

L’exposition propose une traversée de l’ensemble du courant moderne français, du début du 20e siècle à la fin des années 1950, montrant les liens rassemblant, dès avant la fondation de l’U.A.M, les créateurs de toutes disciplines, architectes, peintres, sculpteurs, créateurs de mobilier, photographes, créateurs de tissus et de bijoux, relieurs, graphistes et affichistes, autour de lignes de force.

L’exposition compte de nombreuses oeuvres issues de la collection du Centre Pompidou mais également de prêts conséquents du Musée des Arts Décoratifs, avec le soutien du Musée d’Orsay et du Musée d’art moderne de la Ville de Paris ainsi que du Musée d’art et d’histoire de Saint Denis qui conserve un précieux fonds Francis Jourdain.

L’exposition est accompagnée d’un catalogue UAM, Une aventure moderne aux éditions du Centre Pompidou sous la direction d’Olivier Cinqualbre, Frédéric Migayrou et Anne-Marie Charron-Zucchelli.