contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Le Rêve américain : du pop art à nos jours” Estampes du British Museum
à la Fondation Custodia, Paris

du 2 juin au 2 septembre 2018



www.fondationcustodia.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 1er juin 2018.

2437_Reve-americain2437_Reve-americain2437_Reve-americain
Légendes de gauche à droite :
1/  Jim Dine, Five Paintbrushes (troisième état), 1973. Gravure à l’eau-forte et pointe sèche. – 520 x 695 / 750 x 900 mm (feuille). British Museum, Londres 2014,7067.23. Présenté par l’artiste en l’honneur d’Alan Cristea. © Trustees of the British Museum et © Adagp, Paris, 2018.
2/  Richard Estes, Grant’s, du portfolio Urban Landscapes, 1972. Sérigraphie en couleur. – 365 x 515 mm / 500 x 700 mm (feuille). British Museum, Londres 2012,7007.1. Acquis avec le Presentation Fund en l’honneur d’Antony Griffiths. © Trustees of the British Museum et © Richard Estes, courtesy Marlborough Gallery, New York.
3/  Kiki Smith, Two, 2002. Gravure à l’eau-forte. – 960 x 754 mm / 1146 x 892 mm (feuille). British Museum, Londres 2003,1130.1. Acquis avec le soutien financier des American Friends du British Museum. © Trustees of the British Museum, © Kiki Smith, courtesy Pace Gallery et © courtesy Harlan & Weaver, Inc., New York.

 


2437_Reve-americain audio
Interview de Diego Candil, directeur de la Terra Foundation for American Art,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 1er juin 2018, durée 16'02". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Pour la première fois cet été, le public français aura l’occasion de découvrir une importante sélection d’estampes américaines issues de la célèbre collection du British Museum. Présentée à Paris du 2 juin au 2 septembre 2018, cette exposition est le fruit d’une collaboration entre la Fondation Custodia, la Terra Foundation for American Art et le British Museum.

Réunissant près de 100 estampes par quelque 42 artistes américains, Le Rêve américain : du pop art à nos jours offre un vibrant panorama de l’essor de la gravure aux États-Unis depuis 1960. Nombre des plus grands artistes américains figurent dans cette sélection, parmi lesquels Jim Dine, Jasper Johns, Kara Walker, Ed Ruscha et Andy Warhol, qui, tous, se sont confrontés à l’imprimé afin de créer certaines des images les plus marquantes de ces dernières décennies.

Le public peut apprécier l’étendue des capacités expressives de ce médium à travers de saisissantes créations produites au cours des soixante dernières années. Durant cette période à la fois dynamique et tourmentée de l’histoire des États-Unis, les artistes ont répondu aux événements politiques et sociaux qui ont marqué leur pays, de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, à la guerre du Vietnam et au racisme en passant par la récession économique et les problématiques liées au genre. Des sérigraphies colorées pop et des portfolios monochromes des minimalistes aux expérimentations techniques toujours plus audacieuses de ces dernières années, ils ont produit un corpus d’œuvres aussi original qu’ambitieux. L’exposition permet d’admirer cet ensemble de premier plan qui saisit à la fois l’évolution d’une nation et celle de son art.

Les années 1960 ont été le témoin d’une tournant révolutionnaire dans la production et la commercialisation de l’estampe. Inspirée par l’omniprésence de l’image dans les Etats-Unis d’après-guerre, une nouvelle génération d’artistes s’est tournée avec enthousiasme vers l’art de l’imprimé, le plaçant sur un pied d’égalité avec la peinture et la sculpture.

L’exposition s’ouvre sur les éclatantes œuvres du pop art à travers lesquelles les artistes questionnèrent la distinction entre beaux-arts et publicité grand public. S’appropriant les techniques issues de l’imprimerie commerciale telles que la sérigraphie ou la lithographie, ces derniers ont utilisé des images tirées de journaux, de magazines ou de bandes dessinées pour composer leurs œuvres. Les estampes répétitives et impersonnelles d’Andy Warhol, les représentations inspirées de la BD de Roy Lichtenstein et F-111, lithographie à la fois flamboyante et détonante de James Rosenquist, saisissent l’essence même de ce mouvement.

Suite au tournant engagé par ces tenants du pop art dans le domaine de l’estampe, trois artistes majeurs – Jasper Johns, Robert Rauschenberg et Jim Dine – ont à leur tour exploré les possibilités de l’imprimé dans leurs créations. Collaborant avec des ateliers d’éditions d’art, ils ont tissé des liens particulièrement étroits avec Universal Limited Art Editions (ULAE) à Long Island et Gemini G.E.L.à Los Angeles. Ces ateliers leur ont apporté une grande liberté ainsi qu’un savoir-faire et des infrastructures techniques propices à l’innovation et à la créativité. Rauschenberg a ainsi bouleversé de manière révolutionnaire l’échelle des estampes à travers sa série monumentale Stoned Moon, réalisée en référence au lancement, en 1969, de la mission Apollo 11 qui envoya le premier homme sur la lune. Appartenant à cette série, son imposant Sky Garden a été alors la plus grande lithographie jamais imprimée à la main. Jasper Johns, quant à lui, exploita les effets d’inversion et de répétition propres au processus d’imprimerie dans ses représentations de cartes, de drapeaux et d’alphabets. Jim Dine, de son côté, s’imposa comme un maître de la lithographie mais aussi de l’eau-forte et de la pointe sèche, ce qui lui permit d’inclure de subtils effets de texture dans ses représentations d’outils et de robes de chambre.

L’exposition explore également l’esthétique plus décontractée qui se développa sur la côte ouest à travers plusieurs œuvres des années 1970. Les lettres d’aspect liquide et orangé de Made in California d’Ed Ruscha par exemple, évoquent la fraîcheur d’un jus d’orange pressé. Par ailleurs, les gravures de Cy Twombly et de Willem de Kooning – œuvres éminemment gestuelles – ainsi que les formes géométriques d’une incroyable netteté produites par Ellsworth Kelly et Frank Stella témoignent de la persistance de l’abstraction à cette époque, chez des artistes appartenant à des mouvements stylistiques très divers.

Les artistes minimalistes et conceptuels ont trouvé dans l’estampe un mode d’expression idéal leur permettant d’explorer aussi bien le motif de la grille que les notions d’échelle et de proportion. Réduisant forme, texture et matière à leur quintessence, ils ont souvent produit des séries, opérant de subtiles variations de couleur ou de tracé entre chaque œuvre. On retrouve par exemple dans Untitled (1961-75) de Donald Judd les formes horizontales et verticales inspirées du motif de la boîte qui caractérisent ses sculptures. Ici cependant, la gravure sur bois se distingue de la surface industrielle lisse de ses créations tridimensionnelles par de riches effets de texture.

Aux États-Unis, tous les artistes n’ont cependant pas abandonné la figuration. Dans les années 1970 et 1980, nombre d’entre eux se sont éloignés de l’abstraction et du minimalisme pour mettre au point de nouvelles manières de représenter individus et espaces. Certains comme Chuck Close, Susan Rothenberg, Robert Longo et Philip Guston ont réaffirmé l’importance de la figure humaine, chacun dans un style propre. Leurs imposantes gravures en mezzotinte et à l’eau-forte et leurs lithographies grandeur nature témoignent de leur capacité à créer des estampes particulièrement novatrices. Robert Longo s’est ainsi appuyé sur les dessins qui composent sa série Men in the Cities pour réaliser la très grande lithographie Eric (1984). On y retrouve le motif d’hommes et de femmes en costume et tailleur saisis dans des suites de mouvements incongrus. D’autres ont quant à eux produit des images extrêmement détaillées de l’environnement qui tendent presque, en fin de compte, vers l’abstraction. C’est le cas notamment d’Ocean Surface et de Nigt Sky de Vija Celmins, deux gravures sur bois dont la complexité n’a d’égal que la finesse.

De nombreux artistes continuent aujourd’hui de s’intéresser aux questions sociales et politiques à travers leurs estampes. Kiki Smith utilise des papiers artisanaux pour aborder des sujets universels. Elle explore ainsi des thématiques féministes telles que les droits des femmes en matière de procréation ou les enjeux liés à la représentation du corps féminin. Kara Walker examine quant à elle les inégalités raciales dans des œuvres complexes qui témoignent de ses qualités de maître-graveur. Elle étudie en particulier la question du troublant héritage laissé par l’esclavage aux Etats-Unis par le biais de techniques d’une grande subtilité et d’une poignante iconographie, tout en noir et blanc.

L’assurance et l’aplomb ont laissé place à une dissolution progressive du rêve américain dans les États-Unis d’après-guerre, à mesure que la notion même d’exceptionnalisme américain a été ouvertement remise en question par les artistes. L’élan créatif libéré dans les années 1960 persiste encore aujourd’hui dans le travail de nombre d’entre eux qui continuent d’explorer le potentiel de l’estampe. Partie intégrante de leur pratique artistique, ce médium leur permet de s’adresser à un public vaste et d’aborder un large éventail de questions sociales et politiques.

Organisée par le British Museum qui possède un fonds exceptionnel d’estampes américaines des XXe et XXIe siècles, l’exposition Le rêve américain reflète la remarquable évolution de cet ensemble et retrace plusieurs décennies d’une politique d’acquisition ciblée. Inspirées par l’histoire toute singulière et la grande qualité de cette collection, le Fondation Custodia et la Fondation Terra ont souhaité s’associer au British Museum afin d’adapter cette exposition pour le public français. En présentant ce saisissant groupement d’œuvres à Paris, la Fondation Custodia manifeste son intérêt pour l’art sur papier moderne et contemporain. La Fondation Terra poursuit, elle, sa mission d’encourager l’appréciation et l’étude de l’art des Etats-Unis par de nouveaux publics.