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“Gordon Matta-Clark” Anarchitecte
au Jeu de Paume, Paris

du 5 juin au 23 septembre 2018



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 4 juin 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Harry Gruyaert, Gordon Matta-Clark et Gerry Hovagimyan travaillant à Conical Intersect. Rue Beaubourg, 1975 © Harry Gruyaert / Magnum Photos.
2/  Photographe inconnu, Gordon Matta-Clark découpant au chalumeau son Graffiti Truck, vers 1973. Courtesy The Estate of Gordon Matta-Clark et David Zwirner, New York / Londres / Hong Kong. © 2018 The Estate of Gordon Matta-Clark / ADAGP, Paris.
3/  Gordon Matta-Clark, Walls, 1972. Courtesy The Estate of Gordon Matta-Clark et David Zwirner, New York / Londres / Hong Kong. © 2018 The Estate of Gordon Matta-Clark / ADAGP, Paris.

 


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Interview de Sergio Bessa et Jessamyn Fiore, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 juin 2018, durée 15'54". © FranceFineArt.
(avec l'aimable traduction de Eliza Burnham)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires : Sergio Bessa et Jessamyn Fiore



Réunissant près d’une centaine d’oeuvres de Gordon Matta-Clark (1943-1978), l’exposition « Anarchitecte » explore l’importance du travail de l’artiste au regard d’une réévaluation de l’architecture après le modernisme. Couvrant un large éventail de médiums – photographie, film et gravure –, l’exposition présente des œuvres qui, du fait de leur lien avec la culture urbaine contemporaine, éclairent le contexte dans lequel s’inscrit la passionnante critique de l’architecture proposée par Gordon Matta-Clark.

S’installant à New York peu après la fin de ses études à l’école d’architecture de l’université Cornell (1962-1968), Matta-Clark commence à produire une série d’oeuvres in situ dont le propos semble être de procéder à une anatomie du corps même du paysage urbain : il découpe et démantèle littéralement les structures des bâtiments, exhibant ce qui subsiste à titre de preuve. Ces actions ont lieu, pour la plupart, dans le sud du Bronx à une époque où le quartier connaît un fort déclin économique en raison de l’exode massif de la classe moyenne vers la banlieue. Nombre de bâtiments abandonnés deviennent ainsi le terrain privilégié d’intervention de Matta-Clark. L’une des séries les plus iconiques de la période, Bronx Floors, deviendra emblématique de son travail et servira de base à d’autres projets ambitieux tels que Conical Intersect (Paris, 1975).

Gordon Matta-Clark n’a pas seulement déstabilisé les notions de module et de répétition chères à l’architecture moderniste, il a aussi pris acte de cette tendance croissante à interagir avec l’espace public que traduit la prolifération des graffitis. Répliquant à la tristesse de l’expansion urbaine, le graffiti devient le moyen par lequel la jeunesse de tous les pays exprime sa rébellion contre le conformisme et, en fin de compte, contre l’autorité de l’architecte.

Ironiquement, la méthode du « découpage », née des ruines du paysage de l’ère industrielle, allait bientôt influencer toute une génération de jeunes architectes, notamment parmi les adeptes de l’esthétique déconstructiviste – Frank Gehry, Peter Eisenman ou encore Daniel Libeskind.

Avec la réévaluation de la culture urbaine, il est apparu plus récemment que le travail de Matta- Clark sur les graffitis témoignait aussi d’une certaine prescience des nouvelles orientations architecturales, si l’on en juge par le nombre croissant de créateurs qui puisent leur inspiration dans cette expression.

Retraçant le parcours de l’artiste depuis ses premières interventions dans le Bronx, l’exposition « Gordon Matta-Clark. Anarchitecte » propose une nouvelle lecture de son oeuvre et de son influence sur l’art et l’architecture contemporains.






L’exposition

Fils du célèbre peintre surréaliste chilien Roberto Matta et de la designer américaine Anne Clark, Gordon Matta-Clark (1943-1978) a grandi à New-York parmi les créations picturales et architecturales de ses parents et de leurs illustres pairs – Philip Johnson, Isamu Noguchi ou encore Marcel Duchamp.

Encouragé par son père qui, en tant qu’architecte, avait brièvement travaillé dans l’atelier de Le Corbusier, le jeune Gordon suit les cours d’architecture de l’université Cornell, dont il sort diplômé en 1968. De retour à New York en 1969, il commence à produire une série d’oeuvres et d’actions in situ, réorientant sa connaissance de l’architecture vers une utilisation du médium qui en ébranle les fondements et postulats.

De l’automne 1972 au printemps 1973, Matta-Clark réalise plusieurs interventions dans le sud du Bronx. New York, à cette époque, connaît un important déclin économique et de nombreux troubles sociaux. La dévalorisation de la propriété dans les zones mal desservies a conduit à l’abandon d’immeubles entiers : Matta-Clark y voit le terrain privilégié de ses interventions. Ses premières découpes architecturales ont lieu dans le sud du Bronx. Il portera ce type d’interventions à une échelle monumentale dans Day’s End, qu’il réalise le long d’un quai abandonné de l’Hudson, et Conical Intersect, qu’il produit à Paris, dans deux immeubles du quartier Beaubourg, à proximité du Centre Pompidou alors en cours de construction.

Gordon Matta-Clark considérait l’architecture comme un terrain d’action et d’engagement, et il avait une conscience aiguë du contexte socio-économique qui entourait son travail. Craignant que la détérioration du sud du Bronx n’entraîne sa transformation en zone industrielle, il consacrera beaucoup d’énergie, pendant les deux dernières années de sa vie, à créer les conditions permettant à la jeunesse défavorisée de prendre possession de son environnement. Produit dans des conditions difficiles à un moment clé de l’histoire, l’art visionnaire de Matta-Clark (qui inclut ses écrits, ses interventions et son engagement social) s’est voué à une complète réévaluation de l’architecture. Il constitue aujourd’hui une source majeure d’inspiration pour les artistes et architectes du monde entier.