contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Coder le monde” article 2447
au Centre Pompidou, Paris

du 15 juin au 27 août 2018



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 14 juin 2018.

2447_Coder-monde2447_Coder-monde2447_Coder-monde
Légendes de gauche à droite :
1/  Adrien M et Claire B, Hakanai, 2013. © Romain Etienne.
2/  Casey Reas, Tox screen, 2013. Courtesy de l'artiste.
3/  Farah Atassi, Workshop, 2011. © Adagp, Paris. Photo © G. Meguerditchian - Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP.

 


2447_Coder-monde audio
Interview de Frédéric Migayrou, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 juin 2018, durée 14'18". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Frédéric Migayrou, Directeur adjoint, Musée national d'art moderne, conservateur en chef du service design et prospective industrielle
Camille Lenglois, Attachée de conservation, Musée national d'art moderne, service design et prospective industrielle




Dans le cadre de Mutations / Créations 2

Résolument prospectif, Mutations / Créations est le laboratoire annuel de la création et de l’innovation au Centre Pompidou, pour interroger les liens entre arts, science, ingénierie et innovation. Il réunit des artistes, ingénieurs, scientifiques et entrepreneurs, tous les protagonistes du « sensible » et de « l’ intelligible », qui infléchissent et transgressent notre présent.

Après une première édition en 2017 dédiée aux modes de conception et de fabrication liées à l’impression 3D, cette deuxième édition revient sur l'histoire du code numérique et la manière dont les artistes s’en sont emparés depuis les années 1960, date où l'ordinateur devient accessible au grand public.

Aux croisements des disciplines, Mutations / Créations 2 convoque ainsi les arts visuels, la musique, l’architecture, le design et la parole à travers une exposition collective Coder le monde, deux créations immersives inédites de l'artiste japonais Ryoji Ikeda, le festival et l’académie pluridisciplinaire ManiFeste-2018 ainsi qu'un forum Art et Innovation intitulé Vertigo, mené par l'Ircam, mais aussi des journées d’étude, des ateliers et des concerts.



Coder le monde – l’exposition

Revenant sur une histoire qui se déploie sur moins de cinquante ans, Coder le monde tisse des liens entre les arts, met en évidence les points communs liés au développement des technologies numériques, à l’évolution des langages de programmation et à l’expansion des réseaux. L’exposition fait apparaître un univers esthétique et critique commun qui questionne notre quotidien entièrement irrigué par les logiques numériques. Un parcours articulé autour d'une centaine d'oeuvres pluri-médium, enrichi de plusieurs projections et présentant six timelines.

Le code numérique ainsi que les pratiques de scripting sont une évidence aujourd’hui largement représentée ; les sources historiques aux origines du calcul et de la numération, qui ont présidé à une généralisation de l’usage des algorithmes avec l’avènement de l’ordinateur, forment le socle d’une définition du computationnel tel qu’il s’impose dans les années 1960.

Coder le monde présente un état de la création digitale contemporaine dans différentes disciplines. L’exposition s’appuie sur six timelines : Histoire du code, Les Algoristes, Les littératures numériques, Conception digitale des formes en architecture et en design, Musique et code, Corps et code.

Au cours de ces chronologies détaillées, de multiples correspondances dans les logiques de création se dévoilent, offrant une lisibilité globale de ce qui constitue une culture du numérique, provision pour une compréhension du monde contemporain où créateurs et artistes retrouvent leur place de prescripteurs et d’inventeurs face à l’abstraction d’un univers technologique.

L'histoire du code
La première timeline définit ainsi l’histoire du calcul, de la logique et de l’algorithmie où des philosophes comme Pascal ou Leibniz inventent les premières machines à calculer. Le code est d’abord lié à une histoire de la machine : l’Analytical Engine (1834) conçue par Charles Babbage, avant même qu’Ada Lovelace n’invente le premier langage de programmation. Les langages s’autonomisent ensuite sous la forme de programmations qui, à partir des années 1960, s’imposent comme des domaines d’expérimentation et de création.

Les algoristes
Les Algoristes, un mouvement international d’artistes plasticiens (1960-1980), ouvrent la voie à une expérimentation plastique fondée sur la formalisation du code numérique. Cette idée d’un art programmé anticipé par l’art cinétique avec l’exposition Arte Programmata (1962) organisée par Bruno Munari et dont Umberto Eco préface le catalogue, manifeste la notion d’une création liée à un langage de programmation. L’exposition séminale de Jasia Reichardt, Cybernetic Serendipity (1968) met en évidence toute une génération d’artistes rassemblée autour des premières expériences plastiques d’un art informatique : les Américains Michael Noll et Kenneth Knowlton, l’Allemand Frieder Nake, le mouvement de la Nove Tendencje (Vjenceslav Richter, Vladimir Bonacic…) et le Groupe Art et Informatique de Vincennes (Jean-Claude Marquette). Des revues, comme Bit, Computer Graphics World, Radical Software, rendent également compte de cette efflorescence de l’art par ordinateur.

Texte, code et littérature
À la suite des avant-gardes historiques, qui ont problématisé la notion d’écrit dans le rapport à l’expression de la voix (Marinetti, Schwitters), le mouvement Fluxus voit dans l’ordinateur l’instrument d’une formalisation autorisant une libération des relations entre signe et sens (Brion Gysin, Alison Knowles ouvriront la voie à des auteurs comme Nanni Balestrini, Theo Lutz, Emmett Williams…).

Conception digitale des formes en architecture et en design
Les outils computationnels ont également une incidence sur toutes les disciplines travaillant sur l’espace et les formes, et les ingénieurs comme Pierre Bézier et William Fetter initient une nouvelle approche de l’ingénierie et de la production industrielle. À partir des années 1980, de nouveaux programmes comme Form Z et Catia constituent le socle d’une compréhension des morphologies digitales initiée par des architectes tels Cedric Price, John Frazer, Peter Eisenman, Frank Gehry, Greg Lynn.

Musique et code
Dès les années 1950 la musique contemporaine, engagée avec les avant-gardes historiques dans une recherche sur la formalisation de la notation, trouve dans l’informatique un domaine de recherche fructueux représenté par des pionniers comme Iannis Xenakis, Pierre Barbaud, Milton Babbitt, John Chowning, Jean-Claude Risset...

Corps et code
De la même manière la danse contemporaine, fondée sur la problématique de la notation qui s’affirmait avec Rudolf von Laban, décèle dans le domaine numérique de nouvelles formes d’écriture liant expression du corps et normalisation spatiale du code. Des chorégraphes comme Merce Cunningham, William Forsythe, Alwin Nikolais jalonnent cette histoire du corps et du code.



L’exposition

Coder le monde met ainsi en exergue les créateurs d’aujourd’hui issus de l’ensemble de ces domaines disciplinaires. Conçu comme un espace immersif avec de nombreux écrans, le monde digital s’exprime au travers des créations plastiques de Driessens & Verstappen, Peter Campus, Casey Reas (le concepteur du programme Processing), Charles Sandison. De nouveaux processus de conception digitale apparaissent comme Mine the Scrap d’Andrew Witt et Tobias Nolte, Nine Elms Bridge de Roland Snooks où des algorithmes « multi-agent » ou « agent body » encodent la géométrie et la topologie à travers des fonctions complexes et variables créant des structures inédites.

L’exposition incarne avant tout un univers plastique lié à la formalisation digitale, un monde fait de pixels mais aussi de voxels (3D) que l’on retrouve aussi bien dans l’anticipation d’une oeuvre comme celle sur la répartition aléatoire de 40 000 carrés suivant les chiffres pairs et impairs d’un annuaire de téléphone de François Morellet, que dans les oeuvres plastiques récentes de Farah Atassi et Mishka Henner. Ces pixels et voxels sont aussi la source d’une réflexion critique celle d’un modernisme radical qui nourrit le travail de MVRDV, Troika, Olga Kisseleva…

Une immersion dans ce domaine physique des pixels, voxels et maxels est ainsi proposée, brouillant toutes les échelles cubes et carrées et réorganisant les formes de l’infiniment petit à l’infiniment grand. La formalisation des grilles numériques et la pixellisation que nous connaissons tous s’offrent en effet comme un vaste territoire de recherche et d’expression plastique.


Un catalogue Coder le monde, en co-édition HYX et Les Éditions du Centre Pompidou sous la direction de Frédéric Migayrou, accompagne l’exposition.