contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Laure Prouvost” Ring, Sing and Drink for Trespassing
au Palais de Tokyo, Paris

du 22 juin au 9 septembre 2018



www.palaisdetokyo.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 21 juin 2018.

2455_Laure-Prouvost2455_Laure-Prouvost2455_Laure-Prouvost
Légendes de gauche à droite :
1/  Laure Prouvost, vue de l’exposition « A Way to Leak, Lick, Leek », Fahrenheit by FLAX, Los Angeles, 2016 Au premier plan : A Way to Leak, Lick, Leek, 2016, carreaux de vinyle, résine, électronique, feuilles de papier, iPads, iPhone, écrans de tablettes, feuillage, métal, plastique, câbles, sièges en polyester. Au second plan : Lick in the Past, 2016, vidéo, 8’23’’. Photo Jeff McLane. Courtesy de l’artiste et Nathalie Obadia (Paris / Bruxelles), carlier | gebauer (Berlin), Lisson Gallery (Londres / New York).
2/  Laure Prouvost, The Smoking Image, 2015.
Tapisserie, 290 x 424 cm. Courtesy de l’artiste et Nathalie Obadia (Paris / Bruxelles), carlier | gebauer (Berlin), Lisson Gallery (Londres / New York).
3/  Laure Prouvost, vue de l’exposition « And She Will Say: Hi Her, Ailleurs, To Higher Grounds… », Kunstmuseum Luzern, 2016. Behind the lobby doors, the pepper is in the right eye, tapisserie, 2016, 290 × 545 cm. Photo Marc Latzel. Courtesy de l’artiste et Nathalie Obadia (Paris / Bruxelles), carlier | gebauer (Berlin), Lisson Gallery (Londres / New York).

 


2455_Laure-Prouvost audio
Interview de Daria de Beauvais, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 juin 2018, durée 7'36". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Daria de Beauvais
Scénographe : Diogo Passarinho




« En tant qu’artiste j’aime souvent perdre le contrôle, faire simplement allusion à certaines choses, afin que chacun puisse se faire sa propre interprétation. Le spectateur doit lui-même trouver du sens à son environnement et utiliser son imagination. Je joue avec l’idée d’être emporté dans des lieux dont on ne pourra peut-être pas revenir. »
Laure Prouvost

À l’occasion de sa première exposition personnelle dans une institution parisienne, Laure Prouvost propose une échappée, tant géographique que mentale. Transformant les lieux avec une scénographie originale imaginée en collaboration avec Diogo Passarinho, dont le dessin global évoque tant un oeil grand ouvert qu’un sein, elle conçoit dans le même temps divers recoins, testant la curiosité du visiteur et l’invitant à s’y aventurer. Multipliant les points de vue avec générosité et humour, « Ring, Sing and Drink for Trespassing »1 est une ode aux chemins de traverse et au dépassement des limites, à la joie de se faufiler à travers un grillage pour découvrir un terrain vague, ou un jardin merveilleux aujourd’hui abandonné, au fond duquel l’artiste aurait installé son atelier.

Faisant fi de l’accès habituel, un couloir incurvé invite à pénétrer dans l’espace. D’abord recouvert de tapisseries, ce couloir se transforme en treillis métallique entrelacé de branchages et d’éléments hétéroclites : on passe ainsi d’objets manufacturés à des traces de forêts – premier signe que la nature reprend ses droits, mais aussi que le monde extérieur vient se nicher dans les interstices du lieu. L’artiste sort aussi de sa zone dédiée pour disséminer ses étranges messages ailleurs dans le bâtiment du Palais de Tokyo : « Ideally plant would grow boobs and produce milk » [Idéalement cette plante aurait des seins et produirait du lait], « Ideally here the floor would open to some wild dry grass » [Idéalement ici le sol se fissurerait pour laisser pousser des herbes folles]…

Au coeur de l’exposition, une fontaine – symbole de féminité et d’énergie vitale tout en évoquant formellement le sein nourricier – crée une zone de fraîcheur et de légèreté. L’architecture forme une assemblée circulaire, lieu de rencontre pour les visiteurs qui pourront y faire une pause après avoir découvert les panoramas atypiques imaginés par l’artiste. Inspirée par le réchauffement climatique et les aberrations de la nature qui en résultent, Laure Prouvost propose sa version d’un « jardin d’Éden à Tchernobyl « Ring, Sing and Drink for Trespassing » nous invite à explorer et célébrer l’ambiguïté, mettant en scène des oeuvres (inédites pour la plupart) pleines d’éléments disruptifs, nous obligeant sans cesse à reconsidérer notre point de vue et notre compréhension des choses. Comme une mise en abyme, l’artiste présente une nouvelle vidéo, utilisant pour son tournage des éléments également présentés dans l’exposition.

Familière de la prosopopée et conteuse horspair, Laure Prouvost nous invite à participer, à dialoguer avec ses créations et à voir le monde autrement, mettant en avant l’hybridation des formes et des espèces ainsi que la propagation de ses oeuvres dans l’espace. Dans la lignée des mots-valises chers à Lewis Carroll, Laure Prouvost joue avec le langage en l’utilisant comme outil pour l’imagination. Elle crée ainsi des objets-valises : personnages métalliques anthropomorphes à tête-écran plat, branchages à excroissances mammaires ou implants fessiers, fruits et légumes dopés aux OGM (ou tout simplement à l’imagination de l’artiste), entre autres. C’est ainsi que pénétrer dans son exposition, en poussant une porte entrebâillée ou en traversant un couloir, nous fait passer de l’autre côté du miroir.


1 Les titres des expositions de Laure Prouvost sont souvent polysémiques et difficilement traduisibles. Une tentative ici pourrait être Sonner, chanter et lamper pour empiéter.