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“Roee Rosen” Histoires dans la pénombre
au Centre Pompidou, Paris

du 27 juin au 29 octobre 2018



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 26 juin 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Roee Rosen, The Blind Merchant, 1989-1991.
2/  Roee Rosen, extrait - The Dust Channel, 2016. Vidéo, 23 minutes.
3/  Roee Rosen, Vladimir’s Night Plate 6, 2011-2014.

 


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Interview de Catherine David,
directrice adjointe du musée national d’art moderne et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 26 juin 2018, durée 8'34". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire invitée : Hila Peleg
Commissaires : Catherine David directrice adjointe du musée national d’art moderne
avec la collaboration d’Inès Bouaillon, de Jonathan Pouthier et de Simon Fonchin, musée national d’art moderne
scénographe/architecte : Laurence Fontaine




Le Centre Pompidou présente dans la Galerie 0, espace prospectif du musée national d’art moderne, du 27 juin au 29 octobre 2018, « Histoires dans la pénombre », une exposition rétrospective consacrée à l’oeuvre plurielle de l’artiste, écrivain et réalisateur israélo américain, Roee Rosen.

Cette exposition met en évidence trois oeuvres majeures de l’artiste :
- The Blind Merchant, 1989-1991 - ensemble de 145 dessins et 151 pages de texte, récit alternatif au Marchand de Venise de Shakespeare donné par un usurier aveugle ;
- Vladimir’s Night, 2011- 2014 - série de 39 gouaches sur papier, traité politique sur les dangers de la fétichisation de l’objet ;
- The Dust Channel, 2016 - film de Rosen le plus récent et dernier chapitre de la série.

Une rétrospective cinématographique intitulée « Douce sueur » accompagne l’exposition et met l’accent sur l’ironie des travaux de Roee Rosen sur l’Histoire, transformant la fiction en un espace polémique des questionnements politiques actuels. Des performances et des conversations entre le cinéaste et des invités internationaux tels qu’Ekaterina Degot, Paul B. Preciado, Jean-Pierre Rhem et Ana Teixeira Pinto, complètent cette programmation.

Roee Rosen revisite les récits littéraires et politiques. Son oeuvre sur papier et sur pellicule redonne vie à toute une série de fictions. Les récits régulièrement évoqués et transformés par Rosen proviennent des médias populaires, de la propagande politique, des traditionnels contes pour enfants... Il met en lumière des histoires sombres.

Cette manifestation est présentée dans le cadre de la Saison France-Israël 2018.






Né en Israël (en 1963 à Rehovot), où il réside et travaille, Rosen transcende les différentes formes de narration, de figuration et de réalisme - dont son oeuvre est toutefois bien loin - pour commenter avec finesse la politique mondiale et les enjeux actuels, ainsi que l’héritage d’histoires européennes qui les ont façonnés. Il s’intéresse tout particulièrement aux représentations du pouvoir et du contrôle exercé par l’État. Cette position intransigeante a valu à Rosen de devenir un puissant porte-parole critique dans le milieu de l’art contemporain.

Cette parole n’est toutefois pas unique. Des personnages fictifs, de multiples visages, et divers alter ego apparaissent tout au long de l’interrogation artistique de Rosen. Et bien qu’une certaine autoréférence soit déployée, les différents portraits et biographies inventés de Rosen remettent en cause les attentes modernes relatives à l’oeuvre d’art et à la notion d’auteur. Son travail comporte un caractère spéculatif et une dimension narrative qui explore l’univers intérieur des fictions collectives pour remonter ensuite au monde.

Ses oeuvres sont aussi présentées sous forme de parodie : un certain personnage, genre ou texte référent est placé dans des situations et scénarios divers en vue de subvertir l’archive et de participer à la matérialité de l’histoire en tant que métatexte. Chaque nouvelle oeuvre est une provocation qui nous invite, en notre qualité de spectateurs, à douter de notre orientation et à modifier notre point de vue critique sur l’événement historique et sa fiction.

L’un des principaux protagonistes de l’oeuvre fictive de Rosen est Maxim Komar-Myshkin, pseudonyme du poète judéo-russe Efim Poplavsky (1978–2011) qui, au début des années 2000, émigre à Tel Aviv et créé le « Buried Alive Group », un collectif d’artistes ex-soviétiques qui prônaient le zombisme culturel.

L’oeuvre magistrale de Komar-Myshkin, se déploie à la manière d’une fable horrible, d’une allégroie politique ou encore d’un artefact paranoïaque.

Vladimir’s Night (2014), est cette ultime oeuvre chimérique de Komar-Myshkin. A la fois attaque politique, farce érotique, et livre pour enfants, elle révèle une pléthore de références cachées (littérature médiévale russe, assassinats politiques, premières publicités soviétiques, et les mécanismes financiers de la Russie post-soviétique).

The Blind Merchant (1989–1991), l’une des premières pièces de Rosen, est aussi l’une des plus captivantes. L’oeuvre est une superposition composée de trois éléments : le texte intégral du Marchand de Venise de Shakespeare ; un texte « parasite » écrit par Rosen, parallèle à la pièce, qui adopte le point de vue du principal antagoniste, l’usurier juif Shylock ; et 145 dessins qui proposent une autre approche de la mise en scène et de la distribution de la pièce. Shylock est dépeint ici comme un marchand aveugle : chaque fois qu’un dialogue lui est attribué dans la pièce, les dessins de Rosen qui s’y rattachent sont « aveugles » (c’est-à-dire que l’artiste les a réalisés les yeux bandés). Rosen y montre que les histoires classiques sont toujours pertinentes et ouvertes à la réinterprétation.

The Dust Channel (2016) est le film de Rosen le plus récent et le dernier chapitre de la série qui se glisse dans la vie artistique de Komar-Myshkin. Il s’agit d’une opérette dont le livret est en russe ; l’action se situe dans le cadre domestique d’une famille israélienne bourgeoise, dont la crainte de la saleté, de la poussière, ou de tout corps étranger dans sa maison prend la forme d’une dévotion perverse à l’égard des appareils de nettoyage ménagers et, concrètement, de la purification dans toutes ses implications.