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“Véronique Ellena” Rétrospective
au musée Réattu, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 30 juin au 30 décembre 2018



www.rencontres-arles.com

www.museereattu.arles.fr

 

© Anne-Frédérique Fer,visite de l'exposition avec Véronique Ellena et Guillaume Schneider,  le 1er juillet 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Véronique Ellena, Le cycliste, série Ceux qui ont la foi, 2003. Collection particulière. © Véronique Ellena, 2018.
2/  Véronique Ellena, Santi Luca e Martina, série Les invisibles, 2011. Collection Florence et Damien Bachelot. © Véronique Ellena, 2018.
3/  Véronique Ellena, Le fauteuil de Balthus, série Les Clairs-Obscurs, 2016. Collection de l'artiste. © Véronique Ellena, 2018.

 


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Interview de Véronique Ellena,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 1er juillet 2018, durée 21'09". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Andy Neyrotti, attaché de conservation au musée Réattu
Véronique Ellena, assistée de Guillaume Schneider




Témoin passionné de la vie quotidienne dont elle révèle la spiritualité et magnifie la dimension rituelle à travers ses séries, photographe des choses simples auxquelles elle confère beauté et noblesse dans ses portraits, paysages et natures mortes délicatement mis en scène, Véronique Ellena est une artiste singulière dont le musée Réattu propose de découvrir l’oeuvre dans toute son ampleur.

Cette première rétrospective institutionnelle invite à s'immerger au coeur de trente années de création, ponctuées de séries emblématiques développées à travers la commande publique (Les Grands moments de la vie, Le plus bel âge, Le Havre) et émaillées de résidences artistiques donnant naissance à des ensembles majeurs comme Les Classiques cyclistes ou Les Natures mortes de la Villa Médicis.

La douceur qui imprègne sa pratique photographique lui permet d'aborder des sujets sensibles comme Les Invisibles, ou plus autobiographiques, quand elle s'intéresse aux maisons qui ont marqué son histoire familiale, sondant la présence de ceux qu'elle a aimés au détour de paysages intimes et de scènes d'intérieur dont l'enjeu n'est autre que celui de la mémoire.

Revendiquant une approche plasticienne du médium, elle relève aussi le défi de l'architecture en s'associant au maître-verrier Pierre-Alain Parot pour répondre à la commande du Vitrail du Millénaire de la Cathédrale de Strasbourg. Ce projet trouve un écho dans la réalisation d'un nouveau vitrail, La Vigne du Clos, qui vient interroger, au coeur même du musée Réattu, le rapport entre lumière et matière, image photographique et verre. Quant aux Clairs-Obscurs, ils constituent l'axe majeur des recherches actuelles de l'artiste, qui trouve dans ces images spectrales et mystérieuses une manière nouvelle de penser sa pratique photographique.


L'exposition Véronique Ellena – Rétrospective fait partie du programme associé des Rencontres d'Arles. Catalogue en co-édition avec Silvana Editoriale.






L’exposition – le parcours

La vie quotidienne (1)

Depuis le début des années quatre-vingt-dix, Véronique Ellena consacre une partie de son oeuvre à l'élaboration de grandes fresques consacrées à la vie quotidienne : Les Dimanches, Les Recettes de cuisine, Les Supermarchés... Ancrées dans la société de son époque sans pour autant tenir du reportage, ces séries déclinent avec humour et tendresse les moments qui rythment la vie d'une classe moyenne que l'artiste met en scène avec justesse. Étonnant mélange de simplicité et de noblesse, ses images convoquent autant l'esthétique des séries photographiques d'Andreas Gursky sur la société de consommation que les scènes de genre des frères Le Nain au 17e siècle, en passant par la presse populaire contemporaine, de Femme actuelle à Nous deux. Faire son jogging, préparer un repas en famille, écrire son journal intime... Ses activités banales, a priori dénuées de tout intérêt artistique, s'inscrivent ainsi dans une quête permanente de beauté et de spiritualité au quotidien, qui trouve dans les portraits de Ceux qui ont la foi (2003) une incarnation plus parfaite encore.

La vie quotidienne (2)
Sublimant le quotidien de ses contemporains, l'oeuvre de Véronique Ellena a vite été repérée par les institutions publiques. En 1998, grâce à la bourse de la Villa Médicis hors-les-murs, elle produit Les Classiques cyclistes, série s'intéressant à l'engouement quasi-religieux du public pour ce sport vécu comme une épopée moderne et pour les cyclistes eux-mêmes, à la fois héros et martyrs d'une pratique vouée au culte de l'effort et de la performance. A la demande du Centre National des Arts Plastiques, elle livre Le Plus bel âge (1999-2000), suite de portraits d'adolescents reflétant une certaine image de la jeunesse française à laquelle fait écho la série Les Grands moments de la vie, menée à la même époque. En 2007, elle est choisie, aux côtés de cinq autres artistes, pour mener un projet sur le territoire de la ville du Havre reconstruit par Auguste Perret et classé par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’Humanité. Ses images, qui mettent en scène les habitants dans leur décor quotidien, magnifie la dimension théâtrale de ces architectures et scelle l'attachement de toute une communauté à ce patrimoine longtemps rejeté.

Suites italiennes (1)
C'est à l'Académie de France à Rome, à partir de 2007, que Véronique Ellena poursuit un travail entrepris quelques temps auparavant sur le thème de la nature morte, auquel les prestigieux décors de la Villa Médicis – des jardins aux anciens appartements du peintre Balthus – vont servir de toile de fond. Ces natures mortes simples et frontales, à la fois monumentales et intimes, qui donnent aux couleurs et aux textures des objets une présence incroyablement tactile, s'inscrivent à merveille dans la tradition des memento mori héritée de la peinture. Elles se font aussi le miroir de la vie quotidienne de l'artiste à la Villa et des liens privilégiés qu'elle a noués avec les jardiniers, les cuisiniers, les agents d'entretien – auxquels elle rend hommage dans la série Les Petites mains de la Villa – mais aussi avec les autres pensionnaires, qui lui en ont ouvert toutes les coulisses.

Suites italiennes (2)
En marge de sa vie de pensionnaire, c'est au cours d’échappées nocturnes que Véronique Ellena découvre la vraie Rome, celle qui se vit en dehors des monuments et des oeuvres d'art qui en constituent le saisissant décor. C'est à l'aube, lorsque la ville est silencieuse et débarrassée de ses touristes, que la présence des sans-abri qui la peuple en silence se fait la plus forte, et c'est avec toute la bienveillance de son regard qu'elle va immortaliser ces personnages semblant faire corps avec le paysage, devenus invisibles parce qu'on ne les regarde plus, écrasés sous le poids des architectures somptuaires qui monopolisent le regard. Poursuivie à Gênes et à Turin, cette ode sublime et sculpturale aux sans-abri reste fidèle à la dialectique première de l’oeuvre de l'artiste : établir des passerelles entre le Beau officiel, que la ville éternelle porte à son plus haut degré d'expression, et le monde tel qu'il est, sans voyeurisme ni violence.

La nature
Véronique Ellena se lance dans l'aventure du paysage à partir de 2004. Ses images prises dans la nature constituent une part personnelle de son oeuvre à travers laquelle elle poursuit, en toute liberté, sa quête de beauté et de spiritualité. L'artiste trouve refuge sur ses terres d'enfance, dans la région Rhône-Alpes et la Drôme, dans les Alpes ou au bord de la Méditerranée. Au cours de ses promenades, elle choisit des lieux qui la touchent, des paysages « modestes » qu'elle s'approprie et ennoblit par un travail minutieux de composition et une attention particulière aux variations de la lumière. Presque toujours pris en automne ou en hiver, ils dégagent une même impression de calme et de mélancolie et le caractère immuable de la Nature s'y exprime en dehors de toute présence humaine, ce qui leur confère une part indéniable de mystère. Ce rapport à la nature, Véronique Ellena l'interroge aussi dans L'Herbier des Treilles, réalisé lors d'une résidence au Domaine des Treilles, dans le Var. A travers la collecte et la photographie de ces plantes qui reflètent la beauté rustique de la flore méditerranéenne, l'artiste poursuit sa réflexion sur l'évocation du temps, de la vie et de la mort, entamée quelques années avant avec Les Natures mortes de la Villa Médicis.

Les clairs-obscurs
L'artiste procède en 2016 à la numérisation en négatif d'un plan-film argentique. C'est là qu'intervient la révélation esthétique des Clairs-Obscurs : ce plan-film négatif sera agrandi et tiré tel quel. Aussi simple que fulgurant, ce procédé bouleverse l'univers photographique de Véronique Ellena en créant des images à la beauté étrange, presque métaphysique, des contes visuels teintés de mélancolie qui rappellent les images primitives des pionniers de la photographie. Trivial en apparence, transitoire de caractère, le plan-film devient un objet symbolique, le vrai réceptacle du miracle de la photographie : l'inscription d'un instant fugace dans l'éternité. Les Clairs-Obscurs constituent aujourd'hui un outil d'analyse du réel à part entière qui permet à la photographe d'extraire l'essence de ses sujets et de sonder la profondeur mémorielle des lieux, des objets ou des oeuvres d'art qui la fascinent. C'est dans ce corpus que s'inscrivent La mort d'Alcibiade ou La toilette de Vénus, oeuvres nouvelles produites pour l'exposition et directement inspirées des peintures mythologiques de Jacques Réattu.

Les vitraux
Suite au succès du Vitrail du Millénaire de la Cathédrale de Strasbourg, (commande publique du Ministère de la Culture) inauguré en 2015, Véronique Ellena et le maître-verrier Pierre-Alain Parot ont reçu le Prix pour l'Intelligence de la main de la Fondation Bettencourt, qui récompense le savoir-faire, la créativité et l'innovation dans le domaine des métiers d’art. Grâce à cette récompense prestigieuse, ils ont pu poursuivre leur collaboration à travers la réalisation d'un nouveau vitrail pensé pour l'exposition du musée Réattu : La Vigne du Clos. Cette oeuvre, adaptée aux volumes architecturaux du Grand Prieuré d'Arles, puise son esthétique dans les Clairs-Obscurs et associe aux techniques traditionnelles du vitrail des procédés innovants d'impression photographique sur verre, qui permettent à l'artiste de prolonger ses recherches sur l'image transparente.

La mémoire
Lorsque l'on aborde des sujets plus personnels pour l'artiste, liés à des lieux symboliques ou chargés d'une valeur sentimentale particulière, la question du beau et du sacré se double d'une réflexion sur la mémoire. Les maisons ayant marqué l'histoire familiale, comme celles de ses grands-parents et de ses parents à Bourg-en-Bresse – séries 14, rue Montesquieu (1988) et Les choses même (2012) – ou celle de sa tante dans le Piémont italien – série Zia Maggiore (2017) – se sont ainsi toutes transformées en sujets photographiques à des moments précis de sa vie. L'enjeu de ces série est de réactiver, à travers des natures mortes et des scènes d'intérieur chargées de souvenirs et d'émotions, la mémoire des gens qui ont habité les lieux et demeurent à travers leur empreinte immatérielle.