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“Taysir Batniji” Gaza to America, home away from home
à la Chapelle Saint-Martin-du-Méjan, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 2 juillet au 23 septembre 2018



www.rencontres-arles.com

www.taysirbatniji.com/fr/

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 6 juillet 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Taysir Batniji, Série Home Away from Home, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
2/  Taysir Batniji, Série Pères, 2006. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

 


texte de Julie-Marie Duro, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Durant tout l’été, la Chapelle Saint-Martin du Méjan abrite Gaza to America, Home away from home, la première grande monographie en France du photographe palestinien basé à Paris Tayjir Batniji. Née de la volonté d’éclairer le dernier travail de l’artiste par des travaux plus anciens, l’exposition rassemble plusieurs séries réalisées sur plus de quinze années aux États-Unis et en Palestine. Il s’agit là, non seulement d’un portrait en creux de l’artiste au travers de sa famille et de leurs espaces de vie domestique, mais aussi et surtout d’un regard affecté sur une migration – parfois – forcée.

Nul ne peut nier l’importance que la maison familiale prend dans la mémoire collective et plus particulièrement dans celle des familles immigrées. C’est le lieu même de la construction identitaire, l’endroit d’une affirmation ou d’un déni culturel assumé avec plus ou moins de force. La maison loin de la maison n’est ni tout à fait celle d’origine, ni tout fait conforme aux dictats des terres d’exil. On est chez soi et en même temps ça sent l’ailleurs. Le travail de Tayjir Batniji propose, au travers des méandres de son arbre généalogique, différentes réflexions sur l’adaptation et le respect des traditions dans la distance. C’est la rencontre, par le biais de relations interpersonnelles fortes, de cultures a priori divergentes qui finissent par s’apprivoiser.

Malgré la dureté du sujet présenté ici, c’est un regard tendre et des images dotées d’une grande douceur – et d’un brin de nostalgie – qui nous sont proposées par le photographe. Tayjir Batniji alterne les discours et les registres d’images avec justesse et précision faisant parfois appel à la mémoire, à l’imaginaire et nous heurtant pourtant à chaque fois de plein fouet avec la réalité rencontrée par ceux privés de leur foyer et d’une terre qu’ils ne peuvent plus fouler.

Julie-Marie Duro

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : Sam Stourdzé.



Dans le travail de Taysir Batniji, artiste palestinien né à Gaza peu avant la guerre de 1967 et l'occupation israélienne, l'impermanence et l'itinérance, contraintes ou choisies, vécues seul ou à plusieurs, sont un prérequis à la liberté. Au confort et à l'immuabilité du home (sweet home), Taysir Batniji, s'attachant à élaborer une oeuvre en perpétuel devenir, oppose le mobil-home. Ainsi le projet central de l'exposition proposée à Arles, Home Away From Home, a été réalisé en 2017 dans le cadre de Immersion, une commande photographique franco-américaine, programme de soutien à la photographie contemporaine créé par la Fondation d'entreprise Hermès en alliance avec l'Aperture Foundation. L'artiste a choisi de vivre au plus près de ses cousins palestiniens immigrés aux États-Unis afin de saisir la discontinuité temporelle et spatiale, les points de rupture mais aussi de fusion entre une identité acquise, dont on se dépossède tout en s'y attachant, et une identité recomposée. Ce projet américain sera présenté parallèlement à une rétrospective sélective d'oeuvres photographiques et de vidéos produites entre 1999 et 2010.
Sophie Jaulmes


Publication : Home Away from Home, Aperture et Fondation d'entreprise Hermès, 2018.