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“Dave Heath” Dialogues with solitudes
au Bal, Paris

du 14 septembre au 23 décembre 2018



www.le-bal.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 13 septembre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/ & 2/  Dave Heath, Washington Square, New York, 1960 © Dave Heath / Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York, et Stephen Bulger Gallery, Toronto.
3/  Dave Heath, New York, 1960 © Dave Heath / Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York, et Stephen Bulger Gallery, Toronto.

 


2498_Dave-Heath audio
Interview de Diane Dufour, directrice du BAL et commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 13 septembre 2018, durée 12'41". © FranceFineArt.com.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Diane Dufour, directrice du BAL



« Le fait de n’avoir jamais eu de famille, de lieu ou d’histoire qui me définissaient, a fait naître en moi le besoin de réintégrer la communauté des hommes. J’y suis parvenu en inventant une forme poétique et en reliant les membres de cette communauté, au moins symboliquement, par cette forme. » Dave Heath

Dave Heath occupe une place singulière dans l’histoire de la photographie américaine. Influencé par Eugene W. Smith et par les maîtres de l’école de Chicago dont Aaron Siskind et Harry Callahan, il ne peut être pourtant considéré ni comme un photographe documentaire ni comme un photographe expérimental. Sa photographie est avant tout une manière d’attester de sa présence au monde en reconnaissant en l’autre un alter ego absorbé dans ses tourments intérieurs. Il sera l’un des premiers, dès les années 1950, à exprimer aussi radicalement le sentiment d’aliénation et d’isolement inhérent à la société moderne.

Abandonné par ses parents à l’âge de 4 ans en 1935, Dave Heath connaît une enfance douloureuse à Philadelphie entre orphelinats et familles d’accueil. À 15 ans, un essai dans Life, « Bad Boy’s story » de Ralph Crane sur un jeune orphelin de Seattle, décide de son sort : « Je me suis immédiatement reconnu dans cette histoire et j’ai aussi reconnu la photographie comme mon moyen d’expression ».

En 1952, à 21 ans, Dave Heath est incorporé dans l’armée et envoyé en Corée comme mitrailleur. C’est là qu’il capte ses premiers paysages intérieurs (inner landscapes) en photographiant ses camarades soldats loin des combats, dans des moments intimes, absorbés dans leurs pensées, tentant de saisir « la vulnérabilité d’une conscience tournée vers elle-même ».

La rue américaine, à Philadelphie, Chicago ou New York où il s’installe en 1957, lui permet de préciser sa recherche : « Mes photos ne sont pas sur la ville mais nées de la ville. La ville moderne comme scène, les passants comme acteurs qui ne jouent pas une pièce mais sont eux-mêmes cette pièce. [...] Baudelaire parle du flâneur dont le but est de donner une âme à cette foule ».

Au-delà de l’enregistrement d’une scène ou d’un événement — presque toutes ses photographies sont dénuées d’indices de lieux, de dates ou d’actions — Dave Heath cherche à traduire avant tout une expérience du monde, quelque chose de vécu, d’éprouvé : la tension, dans l’espace public, entre la proximité contrainte des corps et l’isolement des individus, comme perdus en eux-mêmes. Alors il isole des figures dans la foule et emplit son cadre de leurs présences « absentes au monde ».

Conçu en 1961 et publié en 1965, A Dialogue With Solitude comptera parmi les livres les plus marquants de cette décennie, captant l’esprit du temps à la manière d’une protest song photographique. Le livre prend acte aussi de fractures dans la société d’abondance de l’Amérique après-guerre, un malaise d’âge, bien avant les mouvements pour les droits civiques et la guerre du Vietnam. À partir de 1970, Dave Heath cessera de photographier pour se consacrer à l’enseignement, notamment à la Ryerson University de Toronto au Canada dont il deviendra citoyen et où il s’éteindra en 2016.

Diane Dufour






Première présentation d’envergure de son oeuvre en Europe, l’exposition au BAL réunit 150 tirages d’époque réalisés par Dave Heath et la maquette originale de A Dialogue With Solitude.
Les oeuvres de Dave Heath sont présentées en dialogue avec trois chefs-d’oeuvre du cinéma indépendant américain de cette période, entre « cinéma direct » et pratiques alternatives : trois variations sur le thème de la solitude.
Portrait of Jason, Shirley Clarke, 1966
Salesman, Albert et David Maysles et Charlotte Mitchell Zwerin, 1968
The Savage Eye, Ben Maddow, Sidney Meyers et Joseph Strick, 1960

L'exposition est accompagnée d'un livre co-édité par LE BAL et Steidl et conçu par Pierre Hourquet. : Dialogues With Solitudes.






Dave Heath

Dave Heath (1931-2016) s’initie à la photographie dès la fin des années 1940, inspiré notamment par les essais photographiques publiés dans le magazine Life. Essentiellement autodidacte, c’est à son retour de la guerre de Corée, en 1954, où il fut envoyé en tant que simple soldat, qu’il étudie brièvement au Philadelphia Museum School of Art, ainsi qu’à l’Institute of Design de Chicago. En 1957, il part s’installer à New York et rejoint le Greenwich Village Camera Club où il côtoie, entre autres, Garry Winogrand, Lee Friedlander, Weegee. À partir de 1959, il suit des cours à la New School for Social Research avec Eugene W. Smith. Ce dernier a une influence considérable sur sa pratique mais aussi sur l’acquisition de techniques permettant de magnifier le rendu de ses tirages. Fréquentant Washington Square et Greenwich Village, il s’imprègne du contexte politique et culturel de l’époque au contact des auteurs de la Beat Generation.

C’est dans le courant des années 1960, grâce à sa participation à plusieurs expositions ainsi qu’à la publication de son livre majeur A Dialogue With Solitude (1965), qu’il obtient une première reconnaissance. Deux fois lauréat de la bourse Guggenheim (1963 et 1964), il voyage aux États-Unis jusqu’à la fin des années 1960. En 1970, il part enseigner la photographie à la Ryerson University de Toronto, et ce jusqu’en 1997 et devient citoyen canadien.

Son travail a principalement été exposé aux États-Unis et au Canada. Ses photographies sont présentes dans de nombreuses collections nord-américaines : National Gallery of Canada, Museum of Modern Art de New York, Art Institute of Chicago, International Center of Photography (New York), George Eastman House (Rochester, NY), Canadian Museum of Contemporary Photography (Ottawa).

Parmi ses principaux ouvrages, on compte A Dialogue With Solitude (A Community Press Publication, 1965 ; Lumiere Press, 2000), Korea Photographs: 1953-1954 (Lumiere Press, 2004), Multitude Solitude: The Photographs of Dave Heath (Yale University Press & The Nelson-Atkins Museum of Art, 2015) et Washington Square (Stanley Barker, 2016).