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“Laura Bottereau & Marine Fiquet” j'ai léché l'entour de vos yeux
à la maison des arts, centre d’art contemporain de Malakoff

du 25 septembre au 25 novembre 2018



https://maisondesarts.malakoff.fr/

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Laura Bottereau & Marine Fiquet, le 25 septembre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Laura Bottereau & Marine Fiquet, Les vieux démons, détail, 2018. Installation, matériaux divers, dimensions variables. coproduction maison des arts, centre d’art contemporain de malakoff. © Adagp, Paris 2018.
2/  Laura Bottereau & Marine Fiquet, Elles avaient les mêmes yeux, détail 5, 2016. Série de 7 dessins, encre de chine et feutres. coproduction centre d’art contemporain de Pontmain. © Adagp, Paris 2018.
3/  Laura Bottereau & Marine Fiquet, Mouvement perpétuel, 2015. Installation, matériaux divers. coproduction Galerie 5 et la Paperie. crédit photo : Aurélia Le Goff. © Adagp, Paris 2018.

 


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Interview de Laura Bottereau & Marine Fiquet,
par Anne-Frédérique Fer, à Malakoff, le 25 septembre 2018, durée 15'56". © FranceFineArt.com.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Après avoir passé cinq mois en résidence* à la maison des arts, centre d’art contemporain de malakoff - résidence de recherche et de travail en lien avec le territoire** - le centre d’art consacre son exposition de rentrée au duo d’artistes Laura Bottereau & Marine Fiquet.

Cette exposition qui réunit dessins, installations, sculptures et vidéo est le fruit de leurs travaux préexistants et de nouvelles oeuvres réalisées lors de ce temps de résidence, produites par la maison des arts. Les créations présentées s’attachent ici à rendre compte de l’espace de l’enfance, de ses coins d’ombre et cruautés. En effet, le champ d’action de Laura Bottereau & Marine Fiquet, dessiné ou installé, n’est pas celui de la nostalgie ou de la quête de l’innocence comme paradis perdu. L’enfance leur apparaît, au contraire, comme un espace qu’il leur plaît d’ébranler, de subvertir et de réinventer.

Il s’agit pour elles de leur première exposition personnelle dans un centre d’art.

* Résidence créée depuis 2013 et rendue possible grâce au soutien de la DRAC Île-de-France.
** Pendant un mois les artistes ont observé certains cours de sport dispensés par L’USMM, (Union Sportive Municipale de Malakoff), bénéfi cié du soutien du Théâtre 71, Scène Nationale de Malakoff et du Club Photo de la ville.





Note des artistes

À la fois terrain de jeu et champ de bataille, cour de récréation et espace théâtral, l’exposition propose un parcours où dessins, installations, sculptures et vidéo dialoguent et cohabitent dans la même fiction. J’ai léché l’entour de vos yeux initie ce dialogue du je au vous, entre singularité et pluralité.

Passer sa langue pour absorber ce qui s’y trouve, effleurer légèrement quelqu’un ou quelque chose, les toucher à peine, les toucher déjà. Comme par un geste insidieux qui a déjà eu lieu, l‘enfance découvre le goût salé des larmes. J’ai léché l’entour de vos yeux invite la question du regard : que voulons-nous entrevoir de nos enfances ?

Apparitions polymorphes entre l’enfant et l’adulte, au genre flottant, les figures enfantines mises en scène se jouent de leur propre représentation. Miroir d’un monde sans concession, où le jeu devient un outil de pouvoir et de transgression, les paysages corporels déploient une image dysfonctionnelle de l’Enfant. Se dérobant derrière des yeux clos, des masques et des costumes, les figures enfantines donnent à voir, sans voir. Ces instants dessinés, sculptés ou installés viennent offrir sciemment un espace de projection où chacun·e, dans sa lecture et son appréhension, peut y réinjecter son histoire. Objets, corps et décors y génèrent un ensemble de contre-espaces : « C’est - le jeudi après-midi - le grand lit des parents. C’est sur ce grand lit qu’on découvre l’océan, puisqu’on peut y nager entre les couvertures ; et puis ce grand lit, c’est aussi le ciel, puisqu’on peut bondir sur les ressorts ; c’est la forêt, puisqu’on s’y cache ; c’est la nuit, puisqu’on y devient fantôme entre les draps ; c’est le plaisir, enfin, puisque, à la rentrée des parents, on va être puni. Ces contre-espaces, à vrai dire, ce n’est pas la seule invention des enfants ; je crois, tout simplement, parce que les enfants n’inventent jamais rien ; ce sont les hommes, au contraire, qui ont inventé les enfants, qui leur ont chuchoté leurs merveilleux secrets ; et ensuite, ces hommes, ces adultes s’étonnent, lorsque ces enfants, à leur tour, les leur cornent aux oreilles. » (1)

De ces Enfants inventés, construits par les merveilleux secrets de l’ordre social et des normes, il convient d’inventer des dissidences. Posant la question du simulacre, les présences d’apparence enfantine, se jouent de l’image d’innocence qui leur est assignée pour mieux l’assiéger. Redonnant le pouvoir à un corps enfantin « à qui on ne reconnaît pas le droit de gouverner » (2), l’exposition assume le trouble entre victime et bourreau, désir et dégoût, violence consentie, convoitée ou subie, corps contraint, contraignant ou désinhibé, fétichiste ou fétichisé. Jamais tout à fait l’un·e, jamais tout à fait l’autre, les figures enfantines jouent des rôles interchangeables et protéiformes. Comme une perpétuelle relecture et mutation des possibles, J’ai léché l’entour de vos yeux donne la part belle à l’inquiétante étrangeté. (3)

1) Foucault, Michel, Le corps utopique, les hétérotopies, 1966
(2) Preciado, Paul.B, Qui défend l’enfant queer ? 2013
(3) Sigmund Freud, L’inquiétante étrangeté (Das Unheimliche) 1919 traduit de l’allemand par Marie Bonaparte et E. Marty