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“Ossip Zadkine” L’instinct de la matière
au musée Zadkine, Paris

du 28 septembre 2018 au 10 février 2019



www.zadkine.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 27 septembre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Ossip Zadkine taillant le bois de "Rebecca" ou "La grande porteuse d'eau", dans son atelier de la rue d'Assas. Photographie anonyme, vers 1927. Paris, musée Zadkine.
2/  Ossip Zadkine (1890-1967), Odalisque ou Bayadère, 1932. Hêtre rouge polychromé. 70 x 180 x 50 cm. Arles, Musée Réattu.
3/  Ossip Zadkine (1890-1967), Do remember me. Plume et encre brune, craie sépia et graphite sur papier vélin, s.d.b.g. : J Zadkine 1913, dédicace : "Do remember me". Paris, musée Zadkine.

 


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Interview de Noëlle Chabert et Jérôme Godeau, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 27 septembre 2018, durée 9'45". © FranceFineArt.com.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Noëlle Chabert, directrice du musée Zadkine, conservateur général du patrimoine
Jérôme Godeau, commissaire d’exposition et historien de l’art
Assistante d’exposition : Adélaïde Lacotte, doctorante




À l’occasion du 130e anniversaire de l’artiste, le musée Zadkine lui rend hommage en mettant en lumière le lien particulier de l’artiste à la matière. Après Être Pierre en 2017, l’exposition Ossip Zadkine, l’instinct de la matière permet d’appréhender le dialogue organique de Zadkine avec différents matériaux qui deviennent pour lui des « puissances formelles ».

Le musée bénéficie à cette occasion de prêts exceptionnels comme Le Fauve du Musée de Grenoble ou une très belle série d’oeuvres graphiques prêtées par le musée d’Art moderne de la Ville de Paris.

Pour l’artiste russe (Vitebsk 1888 – Paris 1967), la matière est toujours « première ». Il sait, il sent qu’elle est porteuse d’une vocation formelle. L’exposition retrouve ce lien intime à la matière primordiale, aux formes en gestation : les veines et les nodosités du bois, la densité et les particules de la roche, la fluidité de l’encre ou de la gouache… « Inductives », les matières sont riches d’une dynamique, d’une poussée que le geste du tailleur ou la main du dessinateur doit capter en retour.

« Du dialogue avec la matière nait le geste de l’homme », confiait Zadkine à Pierre Cabane (Arts, 1960). L’authenticité de la création plastique passe par ce rapport de correspondance avec la matière que Zadkine n’aura de cesse d’éprouver.

Le visiteur redécouvre ainsi l’oeuvre de Zadkine dans un parcours enrichi, avec une scénographie originale. L’introduction d’oeuvres sur papier permet notamment de retrouver le mode de présentation adopté par l’artiste de son vivant et de dépasser l’image d’une oeuvre souvent réduite à la seule sculpture.

Inédite, l’approche proposée souligne la richesse plastique et la force intérieure d’une oeuvre attachée à préserver la nécessité vitale du lien de l’homme à la nature. Ce faisant, elle renouvelle notre regard sur l’artiste, sur la singularité de sa relation aux modernismes du XXe siècle.






Parcours de l’exposition :

Matière Source

La section initiale rassemble certaines tailles directes « nées de la plongée dans les eaux régénératrices de l’archaïsme » pour reprendre les termes mêmes de Zadkine. Ainsi sont présentées dans cette partie des oeuvres majeures des années 1910 à 1925 : des marbres – Maternité, 1919 ; Léda, 1919-1920 –, des pierres – Tête héroïque, 1910 ; Tête aux yeux de plomb, 1918 –, des bois – Le Prophète, 1914 ; Les Vendanges, 1918 ; Torse d’éphèbe, 1922 ; Porteuse d’eau, 1923… Mi-figures mi-arbres ou pierres, ces sculptures sont confrontées à une sélection de dessins à la plume des années 1913-14 et de gouaches des années 1920, peintes sur papier. Si l’oeuvre graphique de Zadkine revêt un caractère certain d’autonomie, elle participe néanmoins du même mouvement créateur que la sculpture. Une étroite et indéniable coïncidence unit ce qu’il peint à ce qu’il taille. Ces dessins retranscrivent le principe de « la forme dans la forme » et de l’emboîtement prégnants dans l’oeuvre de Zadkine.

Richesse Plastique
Montrant les capacités métamorphiques de la matière, la deuxième partie de l’exposition met l’accent sur la matière transformée, l’assemblage, l’incorporation et l’incrustation de matériaux. Cette section souligne également le lien étroit que la sculpture de Zadkine a pu entretenir avec les arts décoratifs, aussi bien par la relation très fructueuse que l’artiste noue dès 1920 avec André De Ridder (fondateur de la revue belge Sélection) que par sa collaboration avec les décorateurs André Groult ou Eileen Gray, à laquelle appartenait Tête de Femme, 1924 incrustée de marbre et rehaussée de couleurs. Sous l’inspiration d’un primitivisme aux multiples sources et après un bref passage par le cubisme, Zadkine renoue avec le caractère spirituel de la sculpture, la charge rituelle de l’ornementation et de la coloration dans la sculpture moderne. En ce sens, les bois dorés à la feuille du Fauve, 1920-1921 ou de la Tête d’homme, 1922 et le plâtre de L’Oiseau d’or, 1924 ne ressortissent ni de l‘enjolivement ni de l’accessoire mais de la richesse plastique. La parure de l’or est une seconde peau, un épiderme étincelant comme un simulacre de la chair lumineuse et imputrescible des dieux.

L’Atelier intérieur

Coque de la vie intime, l’atelier de Zadkine préside à la jonction de l’intériorité sensible, psychique, fantasmatique et de l’extériorité - le monde du dehors auquel sont destinées les oeuvres. Différentes thématiques qui traversent l’oeuvre de Zadkine sont ainsi évoquées, des femmes à l’oiseau aux figures mythologiques récurrentes : Orphée, 1930-61, Prométhée, 1955-1956 ou L’Odalisque, 1932, pièce majeure prêtée pour la première fois par le musée Réattu en Arles. Dans cet atelier intérieur, l’artiste se confronte aux différents matériaux et à leur dynamique intrinsèque. Il expérimente physiquement les pratiques et les savoir-faire du sculpteur, qui transparaissent dans la représentation de l’artiste par lui-même. Son image est ainsi évoquée à travers des oeuvres comme Le Sculpteur, 1922-1949, manifeste et magnifique autoportrait ou encore l’Auto-portrait testamentaire et inquiétant, 1960.