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“Tadao Ando” Le défi
au Centre Pompidou, Paris

du 10 octobre au 31 décembre 2018



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 9 octobre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Tadao Ando, Shanghai Poly Grand Theater, 2014. © Photo : Shigeo Ogawa.
2/  Tadao Ando, Liangzhu Village Cultural Art Center, 2015. © Photo : Vanke.
3/  Tadao Ando, Ando Museum, Naoshima, 2013. Photo © Shigeo Ogawa.

 


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Interview de Frédéric Migayrou,
directeur-adjoint du musée national d’art moderne - centre de création industrielle,
en charge de l’architecture, du design et de la prospective industrielle et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 octobre 2018, durée 15'10". © FranceFineArt.com.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Frédéric Migayrou, directeur-adjoint du musée national d’art moderne - centre de création industrielle, en charge de l’architecture, du design et de la prospective industrielle

Commissaire associée : Yuki Yoshikawa




Le Centre Pompidou consacre une importante exposition rétrospective à l’architecte japonais Tadao Ando, grande figure de l’architecture contemporaine. L’exposition interroge les principes de la création de Tadao Ando comme son usage du béton lisse, la prééminence donnée aux volumes géométriques simples, l’intégration des éléments naturels, tels que la lumière ou l’eau, dans ses dispositifs spatiaux, ou encore l’importance qu’il accorde à l’intensité de l’expérience corporelle générée par son architecture.

Passionné d’architecture, Tadao Ando (né en 1941 à Osaka, Japon) abandonne une carrière de boxeur professionnel et commence un tour de monde initiatique en 1965 pour se former à l’architecture. Il crée sa propre agence en 1969 à Osaka, où il produit une architecture sobre et épurée, en dehors de la tendance des années 1970 qui favorise une architecture technologique.

A l’origine de ses créations, Tadao Ando s’interroge sur les différents aspects caractéristiques de son travail et notamment sur le pourquoi de l’existence de l’architecture : « Vu que ce sont les hommes qui s’en servent, elle entretient des liens profonds avec le corps... Il faut que l’architecture accueille la joie de vivre des hommes. Sinon, notre corps n’est pas attiré vers elle.

Il pose également la question du « comment faire de l’architecture » : À force d’y réfléchir, j’aboutis au lien entre dimension, hauteur, surface et volumes tridimensionnels », et celle de l’intégration de la lumière dans ses créations : « Ce que j’ai senti en observant des églises romanes... c’est que seule la lumière était l’espoir. J’ai créé l’Église de la lumière en me demandant si le symbole de la communauté, ce n’était pas la lumière. L’architecture consiste aussi à créer des lieux pour la communauté. Je réalise mes architectures en me demandant comment je pourrais concevoir des choses qui restent gravées dans l’âme des hommes pour l’éternité.

Tadao Ando a reçu de nombreux prix et distinctions internationales parmi lesquels le prestigieux Prix Pritzker d’architecture en 1995, aux Etats-Unis. Plus de 300 projets sont répertoriés dans le monde entier au cours de ses cinquante années de carrière.

Cette rétrospective retrace les différeoentes périodes de sa carrière d’architecte et met en lumière ses réalisations déterminantes : La maison Azuma à Sumiyoshi (1976), Naoshima (de 1988 jusqu’aujourd’hui), l’Église de la Lumière (1989) ou encore La Bourse de Commerce à Paris (automne 2019), qui font partie des grands projets présentés au sein de la scénographie conçue par Tadao Ando et réalisée en collaboration avec son agence.

L’exposition présentera environ 50 projets majeurs avec 180 dessins, 70 maquettes originales ainsi que de nombreux diaporamas. Elle sera articulée autour de quatre grands thèmes : la forme primitive de l’espace, le défi de l’urbain, la genèse du paysage et le dialogue avec l’histoire. Dans la partie centrale de l’exposition, une grande installation : « Naoshima », oeuvre représentative du dialogue de l’architecte avec les paysages naturels de Naoshima. Enfin, des dessins en mine de plomb, des carnets de voyage, des photographies prises par Tadao Ando lui-même, qui n’ont jamais été dévoilés au public en Europe, complètent la richesse de sa propre pratique.

Pour accompagner l’exposition, un catalogue de 256 pages présente l’oeuvre de l’architecte à travers 70 de ses plus beaux projets. Cette monographie est enrichie par 3 portfolios présentant les photographies noir et blanc de l’architecte, ses dessins au crayon et, ses carnets de voyage, source d’inspiration de ses premières créations, montrés dans l’exposition et reproduits pour la première fois. Cet ouvrage collectif est publié sous la direction de Frédéric Migayrou, commissaire de l’exposition. Coédition Flammarion-Editions du Centre Pompidou-Bourse de Commerce / Collection Pinault - Paris.



Parcours de l’exposition

L’exposition est articulée autour de 5 sections qui offrent une lecture complète de l’œuvre de Tadao Ando. Une sélection de documents originaux - 180 dessins et 70 maquettes et de nombreux diaporamas - permet de suivre l’évolution du langage architectural et artistique de l’architecte japonais.

Formes primitives de l’espace
Pour Tadao Ando, les surfaces ne sont pas des espaces : elles doivent disparaître pour laisser place à l’expérience spatiale. Les murs de béton lissé, réduits à leur extrême simplicité, s’animent avec la lumière et produisent un sentiment de vide chez le visiteur. L’espace disponible conduit à une expérience physique et sensible de l’architecture, qui s’appréhende par le corps et l’esprit (shintai). Des premières maisons (Maison Azuma à Sumiyoshi, 1976) jusqu’aux projets des années 1990, l’affirmation de formes géométriques, la présence permanente des éléments, la lumière, l’eau comme matières indispensables de l’architecture, semblent répondre à la notion du « ma » – qui signifie tout à la fois l’intervalle, la durée, et la frontière –, et soulignent la condition essentielle de l’homme.

L’urbain au défi
Face à l’industrialisation de la construction et à l’accroissement exponentiel des villes, Tadao Ando souhaite redonner à l’architecture son caractère public, au sens où elle doit offrir à chacun le sentiment d’occuper l’espace-temps. Le concept de guérilla (Maisons pour une guérilla urbaine, 1973), qui se concrétise avec la Maison Azuma à Sumiyoshi, affirme par la clôture de l’espace privé une résistance face à l’urbanité. Parallèlement à la réalisation de nombreuses maisons particulières, des projets plus importants se multiplient dans les années 1990, élaborant un nouveau rapport de continuité avec la ville par la création de passages, extensions de la rue tout en préservant l’autonomie des bâtiments. Pour Tadao Ando, la ville est un défi que l’architecture doit relever en redonnant du sens aux lieux, aux sites, en redéfinissant les notions d’espace public et d’espaces pour le public.

Naoshima
Sur l’île de Naoshima dans la préfecture d’Okayama au sud du Japon, Tadao Ando a développé depuis 1987 une série de projets qui ont profondément remodelé la topographie du site, créant un nouvel environnement où apparaît un paysage renaturalisé. La réalisation d’un musée d’art contemporain, partiellement enfoui entre une colline au sud de l’île, et un promontoire rocheux qui offre un panorama unique sur l’ensemble du site, a constitué la base d’interventions qui se sont succédé sans schéma directeur dans un dialogue entre art, architecture et territoire, fruit d’échanges et de la prise en compte de la culture traditionnelle du site. L’inscription des projets de Tadao Ando ordonne une géométrie en relation directe avec la topographie de l’île et ses contours, une architecture souvent souterraine qui définit un parcours spirituel, un cheminement qui exalte un sentiment d’incorporation de l’art dans la nature. Naoshima, petite île jusqu’alors méconnue, accueille aujourd’hui des visiteurs du monde entier tandis que deux nouveaux musées conçus par l’architecte sont en cours de réalisation.

Genèses du paysage
Avec l’expansion des domaines urbains, la question des territoires et de la reconstruction des paysages s’est imposée dans de nombreux projets de Tadao Ando. Elle prend la forme d’une prise en compte inédite du sol, pénétré d’espaces et de circulations souterrains en étagements, multipliant les vues afin de renforcer le sentiment du contexte et de la spécificité de chaque site. Loin de toute architecture paysagère, Tadao Ando étudie avec attention l’ensemble des qualités naturelles, historiques et sociales des lieux afin de valoriser la mémoire des communautés qui les ont façonnés et de mettre à jour leur identité en les enrichissant de nouvelles dimensions. L’exemple le plus frappant de la genèse de ces nouveaux paysages reste la série de projets élaborés sur une période de trente années, comme Awaji-Yumebutai (1999) et Museum SAN (2012) pour remodeler avec rigueur des territoires de grande échelle.

Dialogues avec l’histoire
L’attachement permanent de Tadao Ando aux contextes l’a fréquemment amené à intervenir sur des sites et bâtiments historiques, et à construire dans le « déjà construit ». Fasciné par de nombreux monuments marquants de l’histoire de l’architecture, il a su élaborer une approche inédite de la rénovation de constructions anciennes, marquée par le respect pour la mémoire et l’esprit des lieux. Tout en préservant et en valorisant la force évocatrice de ces architectures, ses interventions ont la capacité d’établir des espaces contemporains totalement nouveaux. De ce dialogue avec les moments d’une sédimentation de l’histoire, son architecture tire une force tissant de nouveaux liens entre passé, présent et futur. Cette approche se concrétise dans plusieurs réalisations, dont celle de la Bourse de Commerce actuellement en cours d’achèvement à Paris.