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“Meiji” Splendeurs du Japon impérial (1868-1912)
au Musée Guimet, Paris

du 17 octobre 2018 au 14 janvier 2019



www.guimet.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 16 octobre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Promenade à bord d’une barque, Illustration du chapitre Ukifune du Dit du Genji. Émaux cloisonnés. Japon, vers 1901. 69 x 69 cm. Londres, collection Khalili. © The Khalili Collections of Japanese Art.
2/  Vase à décor de fleurs et d'oiseaux, Hayashi Kodenji (1831–1915). Émaux cloisonnés, argent. Nagoya, Japon, vers 1890-1900. H : 45,8 cm. Paris, MNAAG, achat 2017. © RMN-GP (MNAAG, Paris) / Michel Urtado.
3/  Mutsuhito, l'empereur Meiji, Uchida Kuichi (1844-1875). Épreuve sur papier albuminé, colorée. Japon, 8 octobre 1873. 19,2 x 23,6 cm. Paris, MNAAG, achat (2007-2009). © RMN-GP (MNAAG, Paris) / image RMN-GP. Première photographie de l'Empereur prise en costume occidental.

 


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Interview de Michel Maucuer,
conservateur des collections japonaises du MNAAG et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 octobre 2018, durée 15'30". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Sophie Makariou, Présidente du MNAAG, commissaire générale
Michel Maucuer, Conservateur, section Japon du MNAAG




À l’occasion de la commémoration du 150e anniversaire de l’ère Meiji (1868-1912), cette exposition met en lumière l’inventivité sans borne et l’extraordinaire vivacité des arts japonais à une période charnière de l’histoire du pays. Pourtant soumis à des bouleversements sans précédent – ouverture à l’Occident, modernisation et industrialisation rapide du pays, militarisation, recomposition des zones de peuplement – le Japon se présente alors sous ses plus beaux atours.

Événement majeur de Japonismes 2018, l’exposition, constituée de plus de 350 pièces, est l’occasion de présenter à Paris la richesse des collections publiques françaises et britanniques (avec des prêts de la BnF, du musée d’Orsay, du Victoria & Albert Museum et du British Museum). Elle est rendue possible grâce à la participation exceptionnelle de la Khalili Collection of Japanese Art. Elle vise à illustrer, dans toute sa variété et sa splendeur, un chapitre encore trop méconnu de l’histoire des arts japonais.

En 1852, naissait dans une obscure cabane du vieux palais impérial de Kyoto un enfant mâle, Mutsuhito, seul survivant sur les six qu’eut l’empereur Komei, son père. Il allait entrer dans l’histoire mondiale sous le nom de Meiji (« politique de la lumière »). Succédant à un système à bout de souffle dont l’épilogue voit l’effondrement du bakufu (gouvernement militaire isolationniste exercé par le shogoun Tokugawa), l’empereur Meiji, dès son installation sur le trône, établit un modèle influencé par l’Occident. Le Japon s’ouvre alors à l’ensemble du monde et connaît en quelques décennies un basculement vers un système industriel et une économie à l’occidentale. Cette profonde mutation touchera tous les éléments de la société japonaise, bouleversant le système établi, jusqu’à encourager l’adoption du costume à l’occidentale.

L’exposition débute sur une présentation de l’établissement d’un empire et la création d’une imagerie impériale propagandiste. Des photographies illustrent l’industrialisation et la modernisation de l’espace urbain alors que des estampes montrent la montée vers la guerre. Dans un deuxième temps suit la construction positive de l’image artistique et industrielle du pays à l’extérieur, qui se présente au monde lors des expositions universelles et internationales. À travers ce foisonnement artistique éclectique (que ce soit des bronzes monumentaux réalisés pour les foires mais aussi de somptueux objets d’art réalisés pour la famille impériale), une nouvelle représentation du pays se fait jour, avec ses images emblématiques d’un Japon éternel : le mont Fuji, ou encore le pont aux glycines de Kameido. Pour les artistes japonais, pas de révolution toutefois mais un habile retour aux sources motivé par une adaptation au goût d’un marché tant intérieur, avide de nouveautés, qu’extérieur, en plein essor. Si l’ordre ancien est aboli, stuba, sabres et kimonos deviennent objets de collection et une histoire de l’art du Japon se fait jour au Japon. Une relecture des arts chinois et japonais anciens permet le renouveau des styles, quant aux techniques traditionnelles – laque, vannerie, céramique – elles deviennent les emblèmes d’un savoir-faire revivifié, comme l’illustrent les pièces réalisées par le céramiste Miyagawa Kozan ou le laqueur Shibata Zeshin. Enfin, des techniques nouvelles, tel le travail de l’émail cloisonné, sont poussées jusqu’à une perfection éblouissante ; le constant dépassement de la technique est à l’honneur. Cependant, des voix divergentes s’expriment. Si les artistes sont nombreux à embrasser la volonté impériale, certains, à l’instar de Kawanabe Kyosai, résisteront à la propagande officielle pour créer sans entraves. Fervent bouddhiste, caricaturiste féroce et drôle, dessinateur éblouissant, Kyosai est une des personnalités les plus brillantes de la période. La résistance du bouddhisme face au shintoïsme, le renouveau des représentations des yokaïs, fantômes et autres esprits issus du folklore japonais, sont autant de démonstrations des limites de cette modernisation à marche forcée et l’expression de la formation d’une forte conscience du peuple.

La troisième partie de l’exposition se joue de nous et montre que le Japonisme, fruit de la passion de l’Occident pour l’art japonais, influença à son tour les artistes japonais qui créèrent des oeuvres aussi « japonisantes » que celles qu’ils avaient inspirées, sans pour autant tomber dans la « japoniaiserie » ; le nihonga (« l’art de peindre à la japonaise sur un mode nouveau ») en sera une des manifestations les plus durables. Un japonisme international était né. L’ère Meiji avait fait passer le Japon à l’ouest sans pour autant le faire renoncer complètement à lui-même.