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“Gustave Moreau” Vers le songe et l’abstrait
au musée Gustave Moreau, Paris

du 17 octobre 2018 au 21 janvier 2019



www.musee-moreau.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition, le 19 octobre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Gustave Moreau (1826-1898), Alexandre le Grand. Huile sur toile, 35 x 35 cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 650. © RMN-Grand Palais / Franck Raux.
2/  Gustave Moreau (1826-1898), Essai de couleur. Aquarelle, gouache et mine de plomb sur papier vélin, 28,7 x 23 cm. Paris, musée Gustave Moreau, Inv. 16010-348. © RMN-Grand Palais / Tony Querrec.
3/  Gustave Moreau (1826-1898), Ébauche. Huile sur toile, 27 x 22 cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 1151. © RMN-Grand Palais / Christian Jean.

 


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Interview de Marie-Cécile Forest,
directrice des musées Jean-Jacques Henner et Gustave Moreau et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 octobre 2018, durée 14'15". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Marie-Cécile Forest, directrice des musées Jean-Jacques Henner et Gustave Moreau,
assistée d’Emmanuelle Macé, chargée d’études documentaires au musée Gustave Moreau




En léguant son fonds d’atelier et sa maison à l’État français pour en faire un musée, Gustave Moreau (1826-1898) a souhaité rendre compte du travail de toute une vie.

Au sein de cette collection riche de plus de 25 000 oeuvres, le musée Gustave Moreau s’interroge depuis des années sur le statut des nombreuses oeuvres non figuratives qui y sont conservées. Désignées à l’origine comme « ébauches », ces oeuvres furent au cours du vingtième siècle qualifiées d’« abstraites ». Malgré la difficulté évidente du propos, le musée prend le risque d’ouvrir le débat, ou plutôt de réouvrir un débat qui avait beaucoup agité la communauté scientifique à partir de 1955, époque à laquelle le musée Gustave Moreau sortait de sa torpeur.

L’équipe scientifique qui a travaillé sur l’exposition a examiné tant les peintures que les aquarelles et s’est posée un certain nombre de questions.

Ces oeuvres sont-elles préparatoires à des peintures figuratives ? Sontelles de pures abstractions ? Quel peut être leur rapport avec les écrits sur l’art de l’artiste ? Gustave Moreau est-il un pionnier de l’abstraction ? Ces oeuvres sont-elles délibérées ou l’exploitation du hasard ? Quelle est leur postérité ? Quel enseignement peut-on en tirer quant au processus créatif de l’artiste ?

Gustave Moreau, ce chantre d’une peinture introspective, souhaite avant tout, comme il l’écrit lui-même, nous entraîner « vers le songe et l’abstrait ». C’est ce que propose cette exposition dans laquelle il se révèle plus complexe que jamais.

Présentée dans la galerie du premier étage et dans les ateliers du deuxième et du troisième étages, l’exposition qui est construite selon un parcours en sept sections, réunit près d’une centaine de peintures et aquarelles dont certaines sont pour la première fois exposées.






Le parcours :

I Le Triomphe d’Alexandre. La fabrique de l’œuvre.
Les oeuvres montrent la dissociation que fait Gustave Moreau au moment de l’élaboration de son oeuvre : la construction de la composition par la couleur et la définition des motifs par le dessin. De la superposition des deux naît la composition définitive.

II La tache qui fait sens.
L’aquarelle est une technique utilisée de manière virtuose par Moreau. 430 « essais de couleur » ont été conservés par l’artiste. Ces feuilles lui servaient à tester ses couleurs et à décharger ses pinceaux. Leurs inscriptions ou les dessins qui y figurent permettent parfois de les mettre en relation avec des oeuvres achevées.

III Le bleu comme support.
Du fonds d’atelier de l’artiste conservé au musée, est exposé pour la première fois un ensemble cohérent de peintures dont le fond bleu a été laissé en réserve.

IV En deçà de la figuration
Dès l’ouverture du musée en 1903, certains critiques perçoivent que les oeuvres non figuratives de Moreau sont, en fait, les prémices d’une œuvre aboutie. Moreau commence par établir de surprenantes compositions simplifiées, dans une gamme colorée restreinte.

V Le paysage : science des valeurs
Ce qui caractérise les rapides mises en place de ses ébauches est le choix préalable d’une dynamique qui semble obéir au principe qu’énonça Moreau : « réduire toutes les harmonies des tableaux à des camaïeux ».

VI La peinture comme champ coloré
Dans ces oeuvres les détails sont éliminés, seuls demeurent les champs chromatiques essentiels qui auront leur postérité chez Matisse, Rothko ou Barnett Newman.

VII « Les merveilleux effets de la pure plastique »
Issu de la génération romantique, Moreau est habité par cet amour de la couleur qu’il transmet à ses élèves, fondateurs du fauvisme. C’est, comme il le dit lui-même, le pur « chant plastique » qui l’intéresse.






Avant-Propos – par Marie-Cécile Forest, Directrice de l’établissement public du musée national Jean-Jacques Henner et du musée national Gustave Moreau

(…) « Une oeuvre d’art a une signification différente selon l’époque à laquelle on l’examine » . Cette remarque d’Henri Matisse, qui fut élève de Gustave Moreau à l’école des Beaux-Arts, explicite de manière tout à fait remarquable l’approche d’une oeuvre d’art au fil du temps. Elle pourrait même s’appliquer tout particulièrement à l’appréhension des très nombreuses oeuvres non figuratives qui se trouvent accrochées sur les cimaises du musée Gustave Moreau. En effet, au fil du temps, le regard du spectateur sur ces oeuvres énigmatiques a évolué.

Dans un article daté de 1961, le peintre américain Paul Jenkins s’interroge : Gustave Moreau est-il le grand-père controversé de l’abstraction ? C’est ce débat subjectif sur le statut de ces oeuvres qui est proposé dans cette exposition. Nous nous interrogerons sur la façon dont les oeuvres non figuratives de Moreau, exposées dès l’ouverture du musée, en 1903, ont été perçues par les contemporains. Nous nous interrogerons également sur l’exposition ou non, à l’origine du musée, de ce que l’on a dénommé le « placard aux abstraits » et qui contient, au rez-de-chaussée, vingt-deux peintures totalement ou partiellement abstraites. La question se pose en effet de savoir si ce placard existait à l’origine du musée ou s’il est une création des années 1950.

Nous examinerons ensuite la perception de ces peintures à partir de ces mêmes années, et comment elles ont pu être, ou non, rapprochées de la peinture abstraite contemporaine. Enfin, nous rendrons compte à la fois, à travers la lecture des écrits de Gustave Moreau et l’examen minutieux de ces oeuvres, quelle est notre appréciation actuelle de cette partie de son oeuvre. Nous verrons notamment comment elles nous renseignent sur le processus créatif de l’artiste et renvoient à ce que Moreau a précisé dans son testament : « rendre compte du travail de toute une vie ». (…)

Marie-Cécile Forest, Directrice de l’établissement public du musée national Jean-Jacques Henner et du musée national Gustave Moreau