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“Renoir père et fils” Peinture et cinéma
au Musée d'Orsay, Paris

du 6 novembre 2018 au 27 janvier 2019



www.musee-orsay.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 5 novembre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), La Balançoire, 1876. Huile sur toile, 92 x 73 cm. Paris, musée d’Orsay. Photo © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
2/  Eli Lotar (1905-1969), tournage du film de Jean Renoir, Une partie de campagne, 1936. Négatif monochrome souple au gélatino-bromure d’argent, 9 x 12 cm. Paris, Centre Pompidou, musée national d’art moderne. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / image Centre Pompidou, MNAM-CCI. © Eli Lotar.
3/  Pierre Bonnard (1867-1947), Auguste et Jean Renoir, vers 1916. Epreuve sur papier albuminé à partir d’un négatif sur film souple au gélatino-bromure d’argent. Paris, musée d’Orsay. Photo © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.

 


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Interview de Sylvie Patry,
directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 5 novembre 2018, durée 14'08". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Sylvie Patry, directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay
Matthieu Orléan, collaborateur artistique auprès de la Direction générale de La Cinémathèque française, pour la sélection des films.
Paul Perrin, conservateur peinture au musée d’Orsay
Isabelle Gaëtan, chargée d’études documentaires au musée d’Orsay




En 1979, Orson Welles saluait Jean Renoir qui venait de disparaître comme le plus grand réalisateur. Avec d’autres, tels Stroheim ou Chaplin, pour s’en tenir à une génération née à la fin du XXe siècle au moment de l’invention du cinéma, Jean Renoir a contribué à faire de ce nouveau mode d’expression un art majeur, revendiquant pour le réalisateur un rôle d’auteur.

Comme il aimait à le rappeler, Jean Renoir (1894-1979) était aussi le « fils de ». Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), est un des principaux artistes de l'impressionnisme et il est célébré au début du XX e siècle comme un maître de l’art français. Jean a 25 ans quand celui-ci disparaît. Il hérite de centaines de tableaux et devient ainsi un acteur du marché de l’art impressionniste au début des années 1920, à l’heure où l’oeuvre de son père est recherchée. De la fin des années 1910 jusque 1922, Jean Renoir pratique la céramique, confectionnant et commercialisant des pièces aux couleurs fauves dont la simplicité et le caractère artisanal perpétuent l’enseignement de son père, peintre sur porcelaine à ses débuts et ardent défenseur des arts décoratifs. C’est en 1924 que Jean tourne son premier film, Catherine, et découvre sa voie, suscitée selon ses dires par le désir de faire de son épouse, Catherine Hessling, une star de cinéma. Catherine n’est autre qu’un des derniers modèles du peintre auquel elle a inspiré de nombreux nus sensuels et lyriques. Malgré des échecs, Jean poursuit une carrière qui est véritablement lancée dans les années 1930, avec La Chienne et Boudu.

Avec La Grande Illusion en 1937, il accède à une renommée internationale. Trois ans plus tard, il se réfugie à Los Angeles, où il s’installe définitivement, réalisant quelques films avec des studios hollywoodiens et des oeuvres en Europe tels French Cancan (1954), Elena et les Hommes (1955) - évocations du Montmartre de son enfance, ou encore Le Déjeuner sur l’herbe (1959), tourné dans la maison de ses parents, à Cagnes, dans le Sud de la France. La sortie en 1946 d’un de ses films aujourd’hui les plus vénérés, Partie de campagne, fera de Jean une figure tutélaire de la Nouvelle Vague dans les années 1960. Le film, par sa liberté d’exécution, en plein air, son sujet, une nouvelle de Maupassant contemporaine du Déjeuner des canotiers de Renoir, est souvent lu comme une oeuvre impressionniste et le point d’orgue d’échanges constants. Jean ne confiait-il pas en 1974 « avoir passé sa vie à déterminer l’influence de [s]on père sur [lui] » ? Il ne cessera en effet de mettre en scène et en récit cette filiation.

L’exposition veut explorer ce dialogue fécond et souvent paradoxal entre un père et un fils, entre deux artistes, entre peinture et cinéma, où l’écriture occupe aussi une place déterminante. Les points de contact, cette « commune sensibilité », pour citer le grand critique André Bazin, entre l’oeuvre du peintre et du cinéaste vont au-delà d’un jeu d’influence et de transposition.

Tout se passe comme si c’est en interrogeant, entre proximité et distance, la peinture de Renoir et de ses contemporains et, plus généralement, le XIXe siècle finissant, que Jean forge sa personnalité artistique et établit son autonomie de cinéaste. L’exposition reviendra de façon neuve sur son rôle dans la diffusion de l’oeuvre de son père, ses relations avec le milieu artistique et sa pratique de céramiste qu’il mettait en parallèle avec celle du cinéma, car potiers et cinéastes composent avec le hasard.

Les relations entre Pierre-Auguste et Jean Renoir sont jalonnées de portraits croisés, entre un fils qui a posé pour son père mais ne l’a jamais filmé et préparera pendant près de vingt ans sa biographie. Parue en 1962, elle est encore très lue aujourd’hui. À travers des tableaux, des extraits de films, des photographies, des costumes, des affiches, des dessins et des documents, pour certains inédits, cette exposition pluridisciplinaire explorera des thèmes (le rôle du modèle féminin par exemple) et des géographies (la Seine, Montmartre, le Midi) communs à deux oeuvres que réunissent peut-être plus sûrement encore un goût de la liberté et une profonde humanité.