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“L’internement des nomades” une histoire française (1940-1946)
au Mémorial de la Shoah, Paris

du 14 novembre 2018 au 17 mars 2019



www.memorialdelashoah.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 14 novembre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Tsiganes opprimés, Regards, no 17. 15 septembre 1945. Coll. FNASAT/Médiathèque Matéo Maximoff, Paris.
2/  Photographie prise lors de la visite du Dr J. de Morsier, délégué du Comité International de la Croix Rouge (CICR) au camp de Jargeau. Loiret, 1er juillet 1941. Coll. CICR, V-P-HIST-00698-09
3/  Entrée du camp de Mérignac (Gironde) qui servit de camp d’internement de nomades en novembre et décembre 1940. Photographie prise lors de l'inspection par André Jean-Faure, inspecteur général des camps et centres d’internement du territoire, le 18 décembre 1941. Archives nationales, F/7/15099 / pôle images.

 


2575_nomades audio
Interview de Sophie Nagiscarde,
responsable du service des activités culturelles du Mémorial de la Shoah et coordinatrice de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 novembre 2018, durée 16'55". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

coordination scientifique : Théophile Leroy, doctorant en histoire à l’EHESS,

coordination/ recherches iconographiques :
Sophie Nagiscarde, Marine Lesage, Mémorial de la Shoah,
Bruna Lo Biundo et Sandra Nagel, Past/Not Past.

comité scientifique :
Ilsen About, chargé de recherche au CNRS, Centre Georg Simmel, EHESS
Jérome Bonin, président du Mémorial des Nomades de France
Alexandre Doulut, historien, doctorant à l’Université Paris 1
Emmanuel Filhol, enseignant chercheur à l’Université de Bordeaux 1
Théophile Leroy, doctorant en Histoire à l’EHESS,
Monique Heddebaut, historienne et présidente de la société historique de Flines-les-Raches
Marie-Christine Hubert, historienne et archiviste




« On a souvent établi des parallèles entre la communauté juive et les communautés Sinti et Roma. Ne serait-ce que par le destin de stigmatisation, de mise au ban de la société, depuis des millénaires, jusqu’à l’idéologie nazie distinguant la race aryenne de toutes les autres races dites « inférieures » dont faisaient partie les Juifs et les Tsiganes. » Simone Veil, Discours prononcé à l’occasion de la remise du prix européen des droits civiques Sinti et Roma*, Berlin, Allemagne, 2010.

D’octobre 1940 à mai 1946, plus de 6 500 personnes, en majorité françaises dont un grand nombre d’enfants, ont été internées dans plus d’une trentaine de camps pour nomades situés sur l’ensemble du territoire métropolitain. En octobre 2016, le président François Hollande, dans un discours sur le site du camp de Montreuil-Bellay, admet la responsabilité de la République dans ces moments sombres de son histoire.

Avec cette exposition événement, le Mémorial de la Shoah propose pour la première fois, un éclairage complet sur la politique menée par la France entre 1939 et 1946 envers ceux que la loi française désignait sous le terme de Nomades. Si elle fut différente de la politique allemande menée dans le reste de l’Europe envers les « Zigeuner » (Tsiganes), cette politique constitue un épisode parmi les plus dramatiques de la Seconde Guerre mondiale sur notre territoire, une page terrible dont la mémoire fut longtemps occultée.

Au-delà de l’Occupation et de la présence allemande, la persécution des nomades est une histoire française qui s’amorce au tournant du XXe siècle. Dès 1895, l’Etat opère un recensement général et un fichage de tous les « nomades, bohémiens et vagabonds ». À partir de 1912, les autorités françaises identifient les familles nomades et surveillent leurs déplacements avec la mise en place du carnet anthropométrique, du carnet collectif et du carnet forain.

Assignés à résidence, enfermés dans des camps, les Nomades, hommes, femmes et enfants sont spoliés, internés dans des conditions indignes, empêchés de travailler librement, sous-alimentés et contraints aux travaux forcés. Nombre d’entre eux décèdent dans ces camps. A partir de 1943, certains internés sont déportés vers l’Allemagne dans le cadre du travail forcé. D’autres, libérés des camps français, sont raflés dans le nord de la France et déportés vers Auschwitz en 1944 avec le convoi Z dans le cadre d’une déportation raciale. L’internement des nomades se poursuit après la fin de la guerre et le dernier camp français ferme en mai 1946.

Cette histoire tragique est évoquée dans l’exposition par le biais de témoignages et photographies inédits, de documents d’archives personnels ou administratifs, qui attestent de la souffrance morale et du dénuement matériel des internés. Demandes de libération, pétitions collectives, tentatives d’évasions, actes de rébellion sont autant de manifestations de résistances et de solidarités déployées par les familles internées dans les camps.

Après les expositions Le premier génocide du XXe siècle – Herero et Nama dans le sud-ouest africain allemand (1904-1908), Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman : stigmatiser, détruire, exclure et Rwanda 1994 : le génocide des Tutsi, le Mémorial de la Shoah perpétue avec L’internement des nomades, une histoire française (1940-1946) sa mission primordiale pour l’étude et la mémoire de tous les génocides.


* Les Sinti désignent à l’heure actuelle les membres de la minorité vivant en Europe occidentale et centrale et les Roms ceux d’origine orientale et sud-européenne. Roma est utilisé comme un nom pour la minorité complète en dehors des régions germanophones.