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“Japon - Japonismes” Objets inspirés 1867-2018
au MAD, musée des Arts Décoratifs, Paris

du 15 novembre 2018 au 3 mars 2019



madparis.fr/

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 14 novembre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Chiyogami, Papier décoré Japon, XIXe siècle. Musée des Arts Décoratifs. © MAD Paris / photo Jean Tholance.
2/  Oki Sato, Cabbage, Siège éditions Nendo, Japon, 2008. Musée des Arts Décoratifs. © MAD Paris / photo Jean Tholance.
3/  Ando Hiroshigé, Le temple de Kinryuzan à Asakusa, Série des Cent vues célèbres d’Edo, Estampe, Japon, 1856. Musée des Arts Décoratifs. © MAD Paris / photo Jean Tholance.

 


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Interview de Béatrice Quette,
conservatrice des collections des arts asiatiques du musée des Arts Décoratifs
et commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 novembre 2018, durée 25'16". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire général : Olivier Gabet, Directeur du Musée des Arts Décoratifs
Commissaire : Béatrice Quette, Conservatrice, Département des arts asiatiques

Commissaires invités :
Noriko Kawakami, journaliste et directrice associée du 21_21 DESIGN SIGHT
Masanori Moroyama, historien spécialisé dans l’artisanat d’art, ancien conservateur en chef honoraire au Musée national d’art moderne de Tokyo




Dans le cadre de la saison « Japonismes 2018 : les âmes en résonance », le Musée des Arts Décoratifs souhaite rendre hommage au Japon et à son art et révèle à cette occasion toute la richesse de ses collections qui illustrent depuis la fin du XIXe siècle les relations artistiques entre ces deux grandes nations.

« Japon - Japonismes. 1867-2018 » met en lumière ce fonds exceptionnel d’art japonais ancien, l’un des plus importants en France, mis en regard avec les créations occidentales japonistes. L’exposition, enrichie de prêts d’institutions, de créateurs et de collections particulières venues tout spécialement du Japon, dit combien cette fascination réciproque a eu d’expressions pendant plus d’un siècle et demi, et qui donne, encore aujourd’hui, toute sa vigueur à l’imagination des artistes.

Cet événement permet d’admirer près de 1 500 oeuvres d’art couvrant une grande variété de médiums artistiques parmi lesquels : objets d’art et de design, créations de mode, arts graphiques, photographies. Il fait également découvrir l’éclectisme des styles, des goûts et des créations qui ont donné tout leur éclat contemporain à ce patrimoine. Dans une scénographie confiée à Sou Fujimoto, de la nouvelle génération d’architectes minimalistes japonais, ce projet, déployé sur 2 200 m2 sur trois niveaux de l’aile de Rohan, s’articule autour de cinq thématiques : les acteurs de la découverte, la nature, le temps, le mouvement et l’innovation.

Depuis sa fondation, en 1864, le Musée des Arts Décoratifs a été pionnier dans l’initiative de conserver et présenter l’art japonais en France. Il organise, en 1869, la première grande exposition d’art oriental et notamment japonais. Les missions du musée ont été, dès lors, d’acquérir, préserver et exposer les exemplaires les plus remarquables des arts décoratifs d’Orient et d’Occident, en vue d’inspirer les créateurs contemporains. Cet attrait de l’Occident pour la composition des estampes, la préciosité des porcelaines, l’usage des techniques du grès et du métal et la délicatesse des laques, a permis de raviver la production artistique en Europe dont l’art qui résulte de cette influence est connu sous le nom de Japonisme. Inversement, lorsque le Japon s’ouvre à l’Occident au début de l’ère Meiji, en 1868, il subit son influence : c’est sur cette période charnière que le visiteur débute son parcours.

L’exposition s’ouvre sur « les acteurs de la découverte » de l’art japonais et le rôle des Expositions universelles dans la transmission de cette culture à partir de 1867, date à laquelle le Japon y participe pour une première fois. Les récits et les collections rapportées par des voyageurs et marchands, à l’instar d’Henri Cernuschi, Émile Guimet, Hugues Krafft, Siegfried Bing, Florine Langweil ou Hayashi Tadamasa, ont également participé à la diffusion d’une grande variété d’objets à travers toute l’Europe : laques, céramiques, estampes, bronzes, paniers, peignes, textiles, papiers peints mais aussi katagami, kimono et tsuba.

La « nature », source d’inspiration chère aux artistes japonais et occidentaux, plonge le visiteur dans l’univers végétal, floral et animal, dont les motifs inspirés par la faune et la flore ont ouvert tout un champ lexical ornemental et symbolique qui a participé au fondement du Japonisme.

Le « temps » et les liens que les japonais entretiennent avec leur propre histoire est illustré à travers le rythme des saisons et la vie traditionnelle à l’époque d’Edō (1603-1868). Les sujets relatifs au quotidien et aux usages, tels que les cérémonies du thé, de l’encens et de la calligraphie ou liés à la spiritualité, convient le visiteur à un moment de contemplation.

En abordant le thème du « mouvement », l’exposition met en exergue la capacité de l’art japonais à saisir l’instant présent et dont les artistes européens se sont emparés. Représenté dans les spectacles de théâtre et de sumo, à travers les costumes, les masques et les estampes, le mouvement s’exprime également par les lignes de certains objets anciens et contemporains. Il se manifeste aussi à travers les échanges commerciaux et artistiques entre la France et le Japon du XVIIe siècle à nos jours. Les productions du mouvement Mingei, à l’exemple du tabouret Butterfly de Sori Yanagi et de la chaise longue en bambou de Charlotte Perriand, en offrent une parfaite illustration.

Enfin, le parcours s’achève avec « les innovations » qui s’illustrent depuis la fin du XIXe siècle avec les procédés techniques japonais traditionnels comme le grès, les laques et le métal et couvrent les domaines du graphisme, des objets et de la mode évoquant ainsi les influences artistiques qui se mêlent aux procédés les plus novateurs. Cette dernière partie convoque les grands noms de la mode des XXe et XXIe siècles ; de Madeleine Vionnet à Junya Watanabe en passant par Paul Poiret, Issey Miyake, Junko Koshino, Rei Kawakubo (Comme des garçons) et John Galliano.

L’exposition fait voyager le visiteur d’Est en Ouest sur 150 ans d’échanges à travers une présentation inédite de par la grande variété des objets qu’elle rassemble et les oeuvres d’artistes majeurs japonais et français qu’elle réunit : Hokusai, Emile Gallé, René Lalique, Shiro Kuramata, Charlotte Perriand, Ikkō Tanaka. Elle offre également l’opportunité de pouvoir découvrir les oeuvres de sept artisans d’art français qui ont participé à l’exposition « WONDER LAB », présentée au Musée National de Tokyo en 2017 : Jean Girel, Michel Heurtault, Sylvain Le Guen, Laurent Nogues, François-Xavier Richard, Pietro Seminelli et Nelly Saunier.

Le Musée des Arts Décoratifs, en retraçant les moments forts de cette histoire d’échanges, au coeur de ses collections d’une diversité et d’une qualité remarquable, rappelle l’évidence des regards croisés entre les manifestations esthétiques entre la France et le Japon par-delà les siècles.