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“Michael Jackson” On the Wall
au Grand Palais, Paris

du 23 novembre 2018 au 14 février 2019



www.grandpalais.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 21 novembre 2018.

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Légendes de gauche à droite :
1/  David LaChapelle, American Jesus: Hold Me, Carry Me Boldly, 2009. Tirage couleur chromogène, 248,9 x 188 cm (encadré). Avec l’aimable autorisation de l’artiste. © David LaChapelle.
2/  Yan Pei-Ming, In Memory of Michael Jackson 1958–2009 [En mémoire de Michael Jackson, 1958-2009], 2017. Huile sur toile, 200 x 200 cm. Yan Pei-Ming, avec l’aimable autorisation de la Galleria Massimo De Carlo et de la Galerie Thaddaeus Ropac. © Yan Pei-Ming/Photo : André Morin.
3/  Kehinde Wiley, Equestrian Portrait of King Philip II (Michael Jackson) [Portrait équestre du roi Philippe II (Michael Jackson)], 2010. Huile sur toile, 325,1 x 284,5 cm. Collection Olbricht. © Kehinde Wiley/avec l’aimable autorisation de la Galerie Stephen Friedman, Londres et de la Galerie Sean Kelly, New York.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Michael Jackson en armure d'or chevauche un cheval blanc, deux chérubins lui posant une couronne de lauriers au dessus de la tête comme une auréole de saint. Ce portrait équestre démesuré de Kehinde Wiley commandé par le chanteur peu avant son décès ouvre l'exposition par une mégalomanie kitsch. Le règne du 'King of Pop' est désormais un chapitre de livre d'histoire, une légende monumentale. Chez David LaChapelle, Michael est un dieu hindou accompagnant la vierge Marie, une victime sacrificielle agonisant dans les bras de Jésus, un ange terrassant le diable. Son statut d'icône religieuse troublante laisserait douter de son incarnation passée. Les mocassins suspendus par des ballons d'Appau Junior Boakye-Yiadom sont dressés sur leurs pointes, effleurant le sol. Ils tiennent lieu de saintes reliques. L'apesanteur, la légèreté et la grâce de la danse évoquées ici nous rappellent la vie et la joie. Ces chaussures s'arrachant à la pesanteur terrestre du commun des mortels s'élèvent vers les sommets de la gloire, et rejoignent le domaine de la divinité.

Les pochettes de disques graffittées de Graham Dolphin, assemblées en grands formats géométriques transforment la figure de l'artiste en un motif qui se répète, une image démultipliée. Le portrait se confond avec le personnage, il est produit en série comme les disques, rejoignant les boites de soupe prêtes à consommer de Warhol dans nos organes digestifs. Entre le grand portrait pop de Keith Haring et celui en noir et blanc posthume de Yan Pei-Ming il y a le passage de la vie à la mort, de la fête aux funérailles. Entre temps Mark Flood a montré Michael devenant un monstre, dévoré par la célébrité, préfigurant les modifications futures de son visage. Une ménagerie fantastique aux rois oiseau et chien traverse un parc d'attraction inquiétant. La pochette de l'album Dangerous, tableau de Mark Ryden, nous montre la route du magicien d'Oz serpentant vers une ville steampunk sombre et dangereuse.

Cela sera donc cette pochette de disque qui présentera la face cachée de l'artiste, son humanité rarement évoquée ici, son monde intérieur sombre, douloureux, fragile. Sa relation avec le public est le ciment de son succès planétaire. Dan Mihaltianu met face à face les masques distribués au public lors de la tournée Dangerous et des photos de citoyens roumains, visages découpés dans la presse. Le peuple anonyme est invité dans le parc d'attraction de la star et comme Dorothy du Magicien d'Oz, va aider Michael à vaincre son démon intérieur. La vidéo Moonwalk de Jérôme Bel et son défilé de drôles tentatives d'amateurs de reproduire le pas de danse iconique ou l'installation King de Candice Breitz qui présente seize fans chantant l'album Thriller a capella humanisent enfin cette exposition. A travers le public, simples hommes et femmes faillibles, se reflète l'artiste non comme une image à engloutir et digérer mais comme constitué de la même chair, des mêmes sentiments.

Il n'y a finalement pas grand chose pour les fans de Michael Jackson, ceux qui ont été touchés par sa grâce et son talent ou même qui s'interrogent sur sa troublante personnalité. Bien des œuvres présentées ici, trop éloignées du domaine du commun des mortels, ont la stérilité du champ opératoire remodelant son visage. Que reste-t-il de Michael ? Pas d'outrance pop, pas grand chose non plus des milles références qu'il intégrait dans ses œuvres, ni de la lente spirale de solitude autodestructrice de la star obstinée à vaincre les démons de l'enfance. Rosebud continue de se consumer dans la cheminée.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire général : Nicholas Cullinan, directeur de la National Portrait Gallery, Londres
commissaire associée pour l’exposition au Grand Palais : Vanessa Desclaux
scénographie : Agence Clémence Farrell




Cette exposition explore l’impact culturel de la personnalité et de l’oeuvre de Michael Jackson dans le champ de l’art contemporain des années 1980 à aujourd’hui.

Michael Jackson est l’une des personnalités culturelles les plus influentes du XXe siècle, et son héritage se poursuit au XXIe siècle. S’il a toujours été considéré comme une référence dans l’univers de la musique, des clips vidéo, de la danse et de la mode, son impact sur l’art contemporain n’a jamais été abordé et n’a jamais fait l’objet d’une exposition internationale comme celle-ci.

Près de dix ans après sa mort, l’héritage de Michael Jackson est plus vivant que jamais : ses ventes de disques, qui dépassent désormais le milliard d’exemplaires, continuent à augmenter, ses vidéos sont toujours aussi visionnées, et ses nombreux fans lui restent fidèles. Son influence et sa célébrité ne faiblissent pas, et les questions qu’il a soulevées en tant que phénomène social, en particulier du point de vue de l’identité, de la question raciale et de la célébrité, sont toujours d’actualité.

En plus d’avoir battu tous les records de vente de disques, remporté de nombreux prix, participé à une multitude d’actions philanthropiques et fait tomber de nombreuses barrières culturelles.

Michael Jackson est également une des personnalités les plus représentées dans les arts visuels. Depuis qu’Andy Warhol a utilisé son image en 1982, une large palette d’artistes contemporains, de différentes générations et travaillant dans différents pays, ont fait de même. Pour la toute première fois, l’exposition Michael Jackson : On the Wall* réunit les oeuvres de plus de 40 de ces artistes, des oeuvres issues de collections publiques et privées du monde entier, et inclut également de nouvelles oeuvres créées spécialement pour l’occasion.

Parmi les artistes présentés figurent Rita Ackerman, Dara Birnbaum, Candice Breitz, Marvin Gaye Chetwynd, Mark Flood, Isa Genzken, Maggi Hambling, David Hammons, Lyle Ashton Harris, Jonathan Horowitz, Gary Hume, Rashid Johnson, Isaac Julien, David LaChapelle, Louise Lawler, Klara Liden, Glenn Ligon, Paul McCarthy, Rodney McMillian, Dawn Mellor, Lorraine O’Grady, Catherine Opie, Yan Pei Ming, Grayson Perry, Paul Pfeiffer, Faith Ringgold, Donald Urquhart, Kehinde Wiley, Hank Willis Thomas, Andy Warhol, Jordan Wolfson.

Les oeuvres présentées dans l’exposition ont été réalisées dans des médiums très variés tels que la peinture, le dessin, la sculpture, la photographie, la vidéo ou la performance. Ces oeuvres sont intégrées dans le contexte de la vie et de l’oeuvre de Michael Jackson avec le souci de faire émerger les enjeux culturels, sociaux et politiques qui ont marqué la trajectoire singulière de cet artiste afroaméricain hors norme en écho aux événements de son époque. Ainsi, l’exposition est organisée de façon chronologique pour permettre au public de suivre sa transformation, d’un jeune garçon surdoué à une légende mondiale. Elle est néanmoins ponctuée de salles proposant des thématiques transversales, prenant en charge les aspects esthétique, social ou politique auxquels les artistes se sont intéressés dans l’oeuvre de Michael Jackson. L’exposition tente de questionner l’ampleur et les raisons de l’impact de son oeuvre dans la culture actuelle, pourquoi et comment l’artiste continue d’avoir une influence sur de nouvelles générations d’artistes et de fans dans différents lieux du monde.


* Sur le mur