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“Éva Garcia” Sommeils
à la Galerie Schumm-Braunstein, Paris

du 10 janvier au 23 février 2019



www.galerie-schummbraunstein.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Éva Garcia, le 10 janvier 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Éva Garcia, La bête, 2018. Peinture, 100 x 70 cm.
2/  Éva Garcia, M, ex. n°1, 2018. Encre noire, 100 x 70 cm.
3/  Éva Garcia, Dans le ciel, 2018. Peinture, 23 x 19 cm.

 


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Interview de Éva Garcia,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 janvier 2019, durée 15'00". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Née en 1980, Éva Garcia vit et travaille à Paris depuis 2011. De rencontres en préfigurations, elle découvre la gravure comme une évidence. Elle intègre en 2010 Paris Ateliers, sous l’oeil attentif de Mireille Baltar. En 2013, elle se voit attribuer le prix Graver Maintenant. Continuant ses recherches, elle rejoint en 2014 l’atelier Bo Halbirk.

Sucre, burin, pointe, berceau, autant de techniques pour créer une image qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre.

La Galerie Schumm-Braunstein est très heureuse de présenter, à l’occasion de sa première exposition personnelle, ses toutes dernières séries d’oeuvres sur papier. Éva Garcia nous propose là des visions à la fois éthérées et tangibles, impressions au caractère expérimental, aussi multiples que le sont les sommeils ; un parcours du plus visible vers le moins en moins visible : passionnant et éblouissant.

“Les sommeils sont multiples. Éléments nodaux ou points de tangence entre la nuit, le rêve et la sortie hors du temps, auxquels s'ajoute la relation implicite avec la mort. Annulation, là où l’image n’est plus : blanc. Les sommeils sont des expériences qui instillent dans l'image des morceaux de vécus particuliers. Il y a aussi, je trouve, un caractère liquide des sommeils.” Éva Garcia

Dans les séries Sommeils, Éva Garcia, puisant aux sources du rêve, laisse émerger, par les subtilités de la variation, corps, limbes et autres présences / absences. Elle y aborde la multiplicité de l’image. Ce qui l’intéresse, c’est l’image, qui en son sein même, dans son essence même, est multiple, qui évolue de son inscription à son immanquable dispersion. En fait, bien que commençant son travail pratiquement toujours par l’incision d’une matrice, cette artiste se joue du principe de l’estampe, parce que le multiple, par multiplication à l’identique, est une approche qui ne lui convient pas.

Ce qui l’intéresse en revanche, c’est le processus répétitif qui se déploie tel une litanie, produisant une kyrielle d’images, processus pouvant aller jusqu’à l’oubli du sens. De la procession jusqu’au retournement : une succession qui fait passer dans un autre langage. Il ne s’agit pas de variations en séries mais d’écritures répétées, transposées, multiples. Fond noir de jais de l’encre typographique, encre blanche, encre noire, lavis blanc, encre blanche, papier blanc, reste d’encre.

Voyons quel est son processus de création. Au départ, pas de dessin préparatoire mais un travail d’incision directe à la pointe sèche sur plaque de zinc, matériau apprécié par l’artiste pour sa souplesse et sa finesse à l’impression. Puis un premier état est imprimé sur papier. Là, sur ce tirage, elle redessine, gratte, enlève, efface s’il le faut. Éventuellement, elle recompose son dessin au fusain qui a le même noir profond que les encres typographiques qu’elle affectionne. Retour sur la plaque qu’elle transforme pour s’approcher de l’état second qu’elle vient d’obtenir. La confrontation avec la matière est à la fois rude, âpre mais tout aussi subtile. La phase suivante, c’est l’impression sur un papier préparé, d’abord avec une couche d’encre de Chine noire, ensuite avec un lavis de gouache blanche. La matière crayeuse de la gouache diluée permet des jeux traversants des pigments avec les encres. L’image alors obtenue donne à l’artiste l’envie de poursuivre plus loin – elle poussera du reste l’expérimentation à l’inverse : imprimer en blanc sur fond noir – jusqu’au bout, jusqu’à épuisement, jusqu’au moment où l’image nous remet son fantôme. Plusieurs tirages successifs peuvent advenir, jusqu’au presque rien. Découverte surprenante et décisive : Nous y voilà, là où plus rien ne peut être retranché et où tout demeure, écrit-elle.

Vladimir Jankélévitch : La lueur timide et fugitive, l’instant-éclair, le silence, les signes évasifs – c’est sous cette forme que choisissent de se faire connaître les choses les plus importantes de la vie. Il n’est pas facile de surprendre la lueur infiniment douteuse, ni d’en comprendre le sens. Cette lueur est la lumière clignotante de l’entrevision dans laquelle le méconnu soudainement se reconnaît. Plus impalpable que le dernier soupir de Mélisande, la lueur mystérieuse ressemble à un souffle léger...1

Par ces jeux traversants, ces expérimentations, ces interpénétrations multiples de gestes, techniques et matières, par les formats qui imposent un investissement physique du corps entier, par cette énergie qu’elle déploie sans relâche, Éva Garcia embrasse une démarche puissante, d’une impressionnante envergure.

1. Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, 1981, Éditions du Seuil.