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“Mircea Cantor” Vânătorul de imagini - chasseur d’images
au musée de la Chasse et de la Nature, Paris

du 15 janvier au 31 mars 2019



www.chassenature.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse par Claude d'Anthenaise et Mircea Cantor, le 14 janvier 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Masque populaire roumain. © Musée du Paysan roumain.
2/  Mircea Cantor, Aquila non capit muscas, 2018. HD movie - 3’ 40’'. Courtesy the artist and VNH Gallery, Paris.
3/  Mircea Cantor, Ursar [visuel pour la fête de l'ours], 2018. Encre sur papier. © 2018 Mircea Cantor.

 


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Interview de Claude d'Anthenaise, conservateur en chef du patrimoine,
directeur du musée de la Chasse et de la Nature, et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 janvier 2019, durée 14'28". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Claude d'Anthenaise, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée de la Chasse et de la Nature



Dans le cadre de la Saison France-Roumanie 2019 qui vient célébrer le centenaire de la création de la Roumanie moderne et coïncide avec la Présidence roumaine du Conseil de l’Union européenne, le musée de la Chasse et de la Nature offre une carte blanche à l’artiste Mircea Cantor.

Mircea Cantor (né en 1977) artiste de renommée internationale et figure majeure de l’art contemporain roumain, étudie à l’Université d’Art et d’Esthétique de Cluj-Napoca puis à l’École Supérieure des Beaux-arts de Nantes Métropole. Il remporte le Prix de la Fondation d’entreprise Ricard en 2004 puis le prestigieux Prix Marcel Duchamp en 2011. Son enfance, passée dans un pays de régime communiste, et ses souvenirs personnels constituent le point de départ de la plupart de ses oeuvres. Face au processus de globalisation du monde, Cantor se pose en observateur de réalités et de cultures différentes. Ses productions s’attachent à souligner les différences sociales et les frontières subsistant entre les pays. La recherche formelle et esthétique de ses vidéos et de ses installations, se combine avec un engagement poétique se traduisant par des gestes simples, mais d’une valeur universelle.

Pour sa « carte blanche » au musée de la Chasse et de la Nature, Mircea Cantor s’intéresse à la notion de « territoire ». Ce thème est au coeur de la rencontre du prédateur et sa proie qui inspire son récent film (“Aquila non capot muscas” 2018) où l’on voit un aigle en train de chasser un drone. Dans un autre film (“Deeparture” 2005) on assiste à la tension montante entre un loup et une biche se côtoyant dans l’espace artificiel d’un « white cube ». Mircea Cantor est également sensible à la relation très particulière que la tradition vernaculaire de son pays natal a développé avec les animaux sauvages. La faune abondante et diversifiée (ours, loups, oiseaux migrateurs…) qui habite les vastes étendues de la Roumanie, depuis les forêts des Carpates jusqu’aux terres marécageuses du delta du Danube, inspire certaines fêtes traditionnelles et la production d’objets qui leur sont destinés. Au cours des siècles, la culture chrétienne a intégré les anciens rites païens qui ressurgissent notamment à l’occasion des colinde ou fêtes de fin d’année. Dans ces sortes de carnavals, les figures de la chèvre ou de l’ours sont invoquées pour célébrer l’an qui meurt. Particulièrement développés dans la province de Moldavie ou dans la région de Maramaureș, ces rituels se retrouvent également en Valachie ou en Transylvanie. À cette occasion, la population des villages envahit les rues, costumée en animaux ou en hommes sauvages.

Ces rites vont servir de fil conducteur à Mircea Cantor pour l’exposition qu’il organise à travers les salles du musée, comme si celui-ci devenait le territoire d’une étrange parade. En « chasseur d’images » ou « vânătorul de imagini » il collecte des objets et des oeuvres et les dispose d’une manière qui leur donne un sens nouveau. Empruntant des objets d’art populaire au Musée du Paysan roumain de Bucarest, commandant à ses amis artistes de Roumanie des oeuvres sur le thème de la chasse, il mélange ces « ready-made » d’un genre particulier à ses propres oeuvres dans une scénographie qui vient jouer avec les collections permanentes du musée. Cette « carte blanche » culminera avec la « Fête de l’ours » orchestrée par Mircea Cantor le 21 février.






Les oeuvres exposées

Près de 100 masques populaires empruntés au Musée du Paysan roumain. Ces objets ethnographiques recueillis depuis les années 1950 sont représentatifs des travestissements que portent les villageois de Moldavie ou de Transylvanie pour les fêtes de fin d’année et témoignent de la vigueur d’un art populaire qui perdure encore. Les 100 masques seront présentés de manière spectaculaire, au fil des salles, comme s’il s’agissait d’un des cortèges caractéristiques des colinde.

Les oeuvres contemporaines des artistes issus de l’École de Cluj. La Transylvanie est plus connue du grand public pour être la terre natale du comte Dracula. Mais elle est également un foyer artistique actif avec la présence de l’Université d’Art et d’esthétique de Cluj-Napoca. Celle-ci a maintenu, sous le règne de Ceausescu et au-delà, une tradition académique, un apprentissage du « métier » que certains artistes qui en sont issus (comme Mircea Cantor) ont su mettre à profit pour une création originale. Si la peinture semble être l’un des médiums les plus prisés de ces artistes, leurs travaux ne peuvent se résumer par un vocable unique. Il semble toutefois que leurs sujets privilégient l’histoire, la mémoire et la relecture des avant-gardes. Dans son exposition, dans l’espace « Camera de oaspeți » (Chambre d’amis) situé au dernier étage, Mircea Cantor a demandé à ses collègues qui forme cette scène effervescente de Cluj, de produire des oeuvres en lien avec les thèmes du musée de la Chasse et de la Nature. Il a ainsi invité de différents générations tel que Marius Bercea, le maître Corneliu Brudașcu, Dan Beudan, Mi Kafkin, Alin Bozbiciu, Sorin Câmpan, Gheorghe Ilea, Ciprian Mureșan, Radu Oreian, Eugen Roșca, Șerban Savu, Gabriela Vanga, à rejoindre la parade. Disséminées dans les salles du musée, leurs oeuvres viendront s’insérer parmi les peintures de Chardin, Desportes, Oudry et celles des grands artistes français qui ont illustré la chasse.

Mircea Cantor présente également ses propres oeuvres, dont un certain nombre sont spécialement produites pour l’occasion.
Aquila non capit muscas, vidéo, 2018. (La vidéo présente un aigle capturant des drones, réponse de la nature au désir de puissance de l’homme contemporain)
Deeparture, vidéo, 2005. (Mircea Cantor cite Beuys et sa vidéo I like America en la faisant rejouer par des animaux sauvages)
Breath separator, installation, 2017. (Écrans de verre marqués d’empreintes digitales traçant une clôture en fils de fers barbelés)
— Dessins inspirés par les colinde traditionnels et par les masques populaires roumains. Ces dessins viennent recouvrir les murs à la manière d’un papier peint ou d’un wall-drawing.






La Fête de l’ours. 21 février 2019
Cette manifestation est devenue un rendez-vous important dans la vie du musée de la Chasse et de la Nature. Cette troisième édition est confiée à Mircea Cantor qui en fait le point culminant de son exposition Vânătorul de imagini. Réitérant l’expérience consistant à introduire des éléments de la culture populaire vivante dans le contexte de l’art contemporain, Mircea Cantor invite une troupe de performeurs de Comanesti, ville de Moldavie, qui, chaque année, renouvellent le rite consistant à chasser les mauvais esprits en défilant vêtus de vraies peau d’ours. Cette parade des ours à laquelle le public parisien est invité à participer en se costumant en ours, partira du palais de la Conciergerie pour rejoindre le musée. Elle se poursuivra dans les salles et les cours du musée où, parmi les différentes propositions artistiques importées pour l’occasion de Roumanie, Mircea Cantor pratiquera sa propre performance en dessinant avec le feu.