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“Mobile/Immobile” Artistes et chercheurs explorent nos modes de vie
aux Archives nationales / Sites de Paris et de Pierrefitte-sur-Seine

du 16 janvier au 29 avril 2019



www.archives-nationales.culture.gouv.fr

forumviesmobiles.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 janvier 2019.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Ishan Tankha, Suivre la trace du rail indien, 2014/2016. Photographies en couleur, 35 x 50 cm / 100 x 140 cm,. © Ishan Tankha / Forum Vies Mobiles.
2/  Laura Henno, Série Calais, Untitled 062, 2012. Tirage couleur RC procédé RA4, contrecollage sur aluminium, 74 x 94 cm. © Laura Henno / Galerie Les Filles du Calvaire.
3/  Tim Franco, Série Métamorpolis, 2011-2015. Tirage numérique, 60 x 60 cm. © Tim Franco.

 


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Interview de Christophe Gay, co-directeur du Forum Vies Mobiles,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 janvier 2019, durée 13'19". © FranceFineArt.

 


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Interview de François Michaud,
conseiller artistique, conservateur en chef au Musée d’art moderne de la Ville de Paris,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 janvier 2019, durée 13'43". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Hélène Jagot, conseiller artistique, Directrice du Musée de La Roche-sur-Yon
François Michaud, conseiller artistique, Conservateur en chef au Musée d’art moderne de la Ville de Paris
Pierre Fournié, responsable du département de l’action culturelle et éducative aux archives nationales
Christophe Gay, co-directeur du Forum Vies Mobiles
Sylvie Landriève, co-directeur du Forum Vies Mobiles
Vincent Kaufmann, conseiller scientifique, directeur du laboratoire de Sociologie Urbaine de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (LaSUR-EPFL), directeur scientifique du Forum Vies Mobiles




Une exposition du Forum Vies Mobiles avec Ai Weiwei, Alain Bublex, Caroline Delmotte, Catherine Poncin, Claire Chevrier, Clive Lamming (Coll.), Elinor Whidden, Félix Pinquier, Ferjeux van der Stigghel, Gaël Peltier, Géraldine Lay, Gildas Etevenard, Groupe BP, Hans Haacke, Ishan Tankha, Jürgen Nefzger, Laura Henno, Laurent Proux, Le Corbusier, Marie Velardi, Marion Poussier, Olivier Culmann, Patrizia Di Fiore, Sylvie Bonnot, Swann Thommen, Thomas Sauvin (Coll.), Tim Franco, Vincent Jarousseau, Wang Gongxin.

Depuis le début du XIXe siècle, l’essor de la vitesse puis la démocratisation de nos déplacements motorisés (chemin de fer à vapeur, voiture, avion…) ont donné lieu à un véritable « tournant de la mobilité » : aujourd’hui, il est pratique courante de se déplacer et de voyager souvent, vite et loin. Ces nouvelles pratiques de mobilité ont transformé nos sociétés, nos territoires et nos modes de vie.

L’exposition présentée aux Archives nationales par le Forum Vies Mobiles, think tank sur la mobilité du futur, propose d’explorer les manifestations de cette mobilité devenue centrale dans nos modes de vie et d’en interroger le devenir. Associant les regards d’artistes contemporains, de chercheurs en sciences sociales et le fonds des Archives nationales, l’exposition Mobile/Immobile met en exergue l’ambivalence liée à nos déplacements, à la fois formidables sources de liberté (griserie de la vitesse, possibilité d’échapper à son milieu géographique ou de travailler en ville et de vivre à la campagne…) mais aussi d’aliénation (intensification du quotidien, injonction dans le monde professionnel...), de contrôles et d’interdictions (crise des migrants, accès au transports…) et de problèmes environnementaux (pollution, changement climatique…).

La mobilité des réfugiés par Ai Weiwei, le mystère de la fluidité des foules tokyoïtes par Sylvie Bonnot, le plan Voisin dessiné pour Paris par Le Corbusier revisité par Alain Bublex, l’éclatement de nos vies sociales par Laurent Proux, les paysages urbains pollués de Tim Franco, la vie des néonomades par Ferjeux van der Stigghel, le temps ralenti par Marie Velardi… les visions singulières des artistes sur nos vies mobiles et sur des futurs utopiques ou dystopiques invitent à réfléchir à des modes de vie différents, des modèles alternatifs, et des possibles presque réels.

Le parcours est imaginé par le Forum Vies Mobiles avec Hélène Jagot (directrice du Musée de la Roche-sur-Yon) et François Michaud (conservateur au Musée d’art moderne de la Ville de Paris). Il rassemble des propositions artistiques (photographies, objets, peintures, dessins, vidéos, installations,…) dont beaucoup sont issues des commandes lancées par le Forum Vies Mobiles. Elles dialoguent avec les fonds des Archives nationales portant sur la surveillance des mouvements humains et des publications scientifiques. Issue de sept années de recherches art-sciences menées par le Forum Vies Mobiles, l’exposition Mobile/Immobile explore de façon historique, sensible et scientifique le présent, le passé et le futur de notre mobilité.

La mobilité est au croisement des grands enjeux sociaux, politiques et écologiques de notre époque. Il fallait au moins une exposition pour les rendre sensibles, tenter de les éclairer, saisir les grands choix collectifs auxquels nous sommes confrontés et ouvrir des pistes vers des futurs plus désirables.






La mobilité, une question centrale pour le futur

« Toujours plus loin, toujours plus vite », telle a été la grande idée des XIXe et XXe siècles. Elle s’est traduite par la croissance continue et incontrôlée des déplacements. Cette boulimie, d’abord assise sur le chemin de fer à vapeur puis sur le moteur à explosion de la voiture et de l’avion, désormais combinée à l’essor des technologies de communication instantanée, a bouleversé et continue de transformer nos sociétés, nos façons de vivre et les territoires où nous habitons.

Et pourtant, comme l’a souligné le sociologue John Urry dès les années 1990, la mobilité est restée très longtemps un impensé des sciences sociales qui n’étudiaient pas la façon dont les relations entre les hommes avaient été transformées par ces possibilités de déplacement rapide puis de communication à distance.

Que savons-nous de la mobilité contemporaine ?

Elle repose sur la mise en place de systèmes complexes à l’échelle de la société (industrie pétrolière et automobile, infrastructures de transport et d’approvisionnement en énergie, services d’entretien, fiscalité etc.). C’est ce système qui permet aux gens d’organiser leur mode de vie dans l’espace et dans le temps. Par exemple en pratiquant des activités très éloignées les unes des autres (habiter ici et travailler là-bas quotidiennement) favorisant le développement des mégalopoles, des métropoles et plus généralement l’étalement urbain.

Cette facilité apparente de déplacement impose néanmoins l’acquisition de compétences inégalement partagées entre les individus : permis de conduire, possession d’une voiture, capacité à utiliser et combiner plusieurs modes de transport, internet, etc.

La mobilité s’est chargée d’une valeur positive (il est bon de se déplacer et de voyager). Mais être mobile devient dans le même temps une norme, une injonction et cela dans sa vie tant professionnelle que privée. Au quotidien, ceci se traduit par des rythmes de vie plus intenses qui entraînent épuisement, découragement, conflictualité dans les relations sociales et déstabilisation de la vie familiale. Cela concerne bien sûr en premier lieu les personnes qui se déplacent le plus, mais pas seulement : leurs proches sont affectés également. Car la mobilité des uns s’appuie sur l’immobilité ou la moindre mobilité des autres, ceux qui restent pour s’occuper des enfants et maintenir le fonctionnement de la maison par exemple.

De façon similaire, si voyager loin, rapidement et à bas coût exauce les rêves de liberté et de découverte touristique d’une partie toujours plus importante de la population mondiale, les déplacements de certains groupes sociaux sont au contraire dévalorisés, voire empêchés. Le phénomène n’est pas nouveau et les préoccupations sécuritaires actuelles liées aux migrants renvoient à celles apparues dès le début du XXe siècle quand vagabonds, nomades, réfugiés et travailleurs étrangers ont commencé à faire l’objet d’opérations de contrôle et d’identification d’une ampleur inédite.

Enfin, et ce n’est pas la moindre des questions qu’elle soulève, cette mobilité dépend à 95% du pétrole. Elle participe ainsi à des problèmes environnementaux majeurs comme la pollution locale et le réchauffement climatique.

Objet sous-estimé donc, la mobilité est pourtant une réalité ambiguë, porteuse de contradictions, au croisement des grands enjeux sociaux, politiques et écologiques de notre époque. Il fallait au moins une exposition pour les rendre sensibles, tenter de les éclairer et saisir les grands choix collectifs auxquels nous sommes confrontés.

Christophe Gay, Vincent Kaufmann, Sylvie Landriève, Forum Vies Mobiles






Forum Vies Mobiles

Think tank art-sciences créé en 2011, le Forum Vies Mobiles a pour ambition d’imaginer avec les individus, les entreprises et les acteurs publics des mobilités futures désirées et soutenables et de penser leur mise en oeuvre par étapes.

Le Forum Vies Mobiles est transdisciplinaire : il rassemble des intellectuels de différents horizons, des chercheurs de la mobilité, des artistes et des praticiens du transport. Il développe une approche fondée sur l’association des ressources de l’expérience, de la raison et de l’émotion pour faire émerger et partager de nouvelles connaissances.

Le Forum Vies Mobiles est transfrontalier : il explore les modes de vie mobiles sans limite culturelle ou géographique et s’appuie sur des équipes de recherche et des artistes internationaux.

Le Forum Vies Mobiles est transgressif : il privilégie le débat, la controverse et les points de vue pionniers.

Le croisement entre démarches scientifique et artistique donne lieu, depuis quelques années, à un nombre croissant de réflexions et de réalisations. Le Forum Vies Mobiles cherche à développer cette dynamique dans le champ des sciences humaines et sociales.

Pour soutenir et structurer cette démarche, le Forum Vies Mobiles a créé en 2015 son « Artistic Lab » qui fonctionne comme un incubateur et un label des projets art & sciences menés au coeur du Forum. Aujourd’hui, près de la moitié des projets lancés par le Forum sont concernés par ce croisement.

De la commande artistique laissant une large autonomie à l’artiste, à des commandes plus intégrées et innovantes, associant étroitement artistes et chercheurs, le programme artistique du Forum Vies Mobiles vise à expérimenter les déclinaisons les plus fructueuses de la collaboration entre art et sciences humaines et sociales.

Il mobilise l’art selon une double logique :
• l’art comme dispositif d’investigation, de recherche. Le Forum confie des recherches à des artistes ou à des équipes mixtes associant artistes et chercheurs. En effet, les artistes s’autorisent à aborder des thématiques larges, voire existentielles, ce qui est moins le cas des chercheurs ou des praticiens des transports et de l’urbanisme. Ils déploient d’autres méthodes de captation de la réalité que celles de la recherche scientifique, telle la photographie, la vidéo, la captation sonore et la littérature.
• l’art comme moyen de donner à voir des résultats scientifiques, d’en faire ressentir les enjeux. Les oeuvres d’art peuvent aider à formuler et à partager des résultats scientifiques, en tant que véhicules sensibles qui donnent à voir et donnent du sens. L’art permet l’appréhension des sujets de façon plus immédiate que le discours scientifique, souvent difficilement accessible à un public élargi au-delà du champ académique.